Du 1er au 10 septembre 2023 s’est tenu la 49ème édition du festival de cinéma de Deauville signant la rentrée du cinéma. Et comme tous les ans, ce festival nous offre une sélection de 14 films indépendants américains.
Comme le disait Philippe Rouyer, « c’est à Deauville que l’on peut prendre le pouls du cinéma américain ». Depuis le Covid-19 et l’annulation du festival de Cannes en 2020 (pour la troisième fois de son histoire), Bruno Barde – directeur du festival de Deauville – accueille une sélection des films présentés sur la Croisette. Une manière d’enrichir la programmation de films autour desquels se construit la semaine de festival. On y découvre aussi une multitude d’avant-premières nationales, européennes et mondiales, ainsi qu’une sélection de films français encore jamais diffusés. Depuis maintenant trois ans, PelliCulte se rend sur place pour vous faire vivre l’évènement en direct. Rencontres, conversations, articles, tapis rouges, photocall et trente films en moyenne. Nous y sommes retournés pour demander des nouvelles du cinéma américain, et nous pouvons vous affirmer avec grand plaisir que le cinéma américain va BIEN.
retour sur la compétition
Le premier jour, ma compétition s’est ouverte en force avec le très attendu Past lives, sorti aux États-Unis le 23 juin dernier, et une arrivée dans les salles française le 13 décembre prochain. Un conte d’amitiés, non d’amours, un premier film étonnement apprécié, et certainement plus qualitatif que le deuxième film de la compétition, I.S.S de Gabriela Cowperthwaite, n’ayant pour l’instant pas trouvé distributeur, et c’est peut-être mieux comme ça.
Dès le deuxième jour, on trouve à Deauville notre chéri, notre coup de cœur qui, même une semaine après l’arrêt du festival, continue de nous hanter : The Sweet East de Sean Price Williams. Lauréat du prix de la révélation attribué par Mélanie Thierry et du prix du Jury attribué par Guillaume Canet, présenté à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, actuellement en compétition à l’Étrange Festival, ce film vit sa vie de grand film marquant. Talia Ryder y est magnétique, vous pourrez en témoigner dès le début de l’année prochaine. La date de sortie de ce film distribué par Potemkine reste encore inconnue. Tellement puissant que Blood for Dust, le troisième film en compétition nous est passé sous le nez. Pas de distributeur pour l’instant, on ne pense pas que vous ratiez grand-chose.
Le rythme du festival s’est installé dès le troisième jour. Une journée de compétition plutôt classique, qui s’ouvre avec le très applaudi Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers, que l’on imaginait déjà gagner le prix du public à la fin de la projection. Que nenni. Pas de distribution française pour le moment. Est venu ensuite un ovni, entre Akerman, Trier et Lanthimos, La Vie Selon Ann. Celui qui dure le moins longtemps sur le papier, celui qui dure le plus longtemps dans nos têtes. Interminable. Pas de distribution.
Viennent alors les quatrième et cinquième jours, mêlant déception (Cold copy – pas de distribution) et ennui (Wayward – pas de distribution) à la surprise humble et raisonnable de The Graduates (pas de distribution) et à l’explosion d’enthousiasme du film clé de cette 49ème festival, LaRoy de Shane Atkinson, lauréat du Grand Prix, du Prix de la Critique et du Prix du Public. Il arrivera en salles en avril 2024, soyez attentifs.
À ce stade, on a déjà été embarqué dans cette grande valse que représente le cinéma indépendant américain. Loin de considérer ce genre de films comme des films de « niches », il est quand même vrai qu’en dehors d’un festival comme celui-ci, il est difficile de visionner la plupart de ces œuvres. D’ailleurs, nous n’oublions jamais la chance que nous avons de pouvoir visionner ces films que seule une poignée de spectateurs auront la chance de découvrir. En parlant de ça…
Sixième journée de compétition, et un film qu’on aurait aimé donner au monde : Runner. N’ayant rien gagné, il ne trouvera probablement jamais le chemin des cinéma français. Seule la Grèce bénéficiera d’une distribution. Puis Fremont, comédie singulièrement froide, lauréat du Prix du Jury remis par Guillaume Canet, et distribué en France dès le 6 décembre 2023. On espère qu’il arrivera à crier assez fort pour trouver sa place dans le paysage.
Septième jour de compétition (et dernier). On pourrait le rayer, l’oublier, ne plus jamais y penser, rien ne changerait de notre vision de cette 49ème édition. Manodrome, abominablement gênant – pas de distribution – et Summer Solstice, mignon… peut-être trop – pareil, pas de distribution.
tapis rouges et séances étoiles
La compétition s’est terminée là. C’était sans compter les chocs des séances du soir et des tapis rouges, nous permettant de découvrir les extraordinaires films La Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer, chef d’œuvre glaçant au cinéma le 31 janvier 2024, May December de Todd Haynes, thriller comique vicieux et vénéneux au cinéma le 24 janvier 2024, Joika de James Napier Robertson avec la formidable Talia Ryder (une fois de plus), pour l’instant sans sortie française, Les Feuilles Mortes d’Aki Kaurismäki, une comédie froidement efficace qui sortira dès la semaine prochaine (mercredi 20 septembre, foncez-y), Le Règne Animal de Thomas Cailley nous montrant encore une fois la domination absolue du cinéma français, au cinéma le 4 octobre 2023 ou encore L’enlèvement de Marco Bellocchio, ce film qui avait tant marqué à Cannes et offert au monde le 1er novembre de cette année.
Cette édition nous a présenté de loin la plus belle compétition qu’il nous ait été donné de voir à ce festival, et malgré l’absence du corpus principal de stars dû à la grève, l’électricité n’a jamais été aussi palpable. Nos coups de cœur ont été de vrais claques, et nous emportons pour très longtemps les émotions qu’ils nous ont fait ressentir. La pluralité et la diversité des films en compétition nous donnent la possibilité de nous souvenir de l’intégralité des œuvres présentées, même les plus anodines et classiques. C’est une gigantesque toile de cinéma qui a été tissée sous nos yeux, un peu de tout, mixé dans tous les sens sans aucun semblant de cohérence, et pourtant, tout tient. Le cinéma indépendant américain va bien, nous avons été là pour en témoigner.
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