Ce mercredi 20 septembre, L’Arbre aux papillons d’or, film primé Caméra d’Or au Festival de Cannes 2023, sortira en salles. Ce premier long-métrage de Pham Thien An raconte l’histoire d’un voyage dans la campagne vietnamienne, teinté de spiritualité et de nostalgie.

Thien vit à Saigon, la capitale du Vietnam. Après un accident où sa belle-soeur perd la vie, il doit retourner dans son village natal pour ramener sa dépouille. Accompagné par son jeune neveu Dao, il se lance à la recherche de son frère disparu. Il part également pour une quête spirituelle où il tentera de répondre à la question : “Qu’est-ce que la foi ?”

Un film qui parle à l'âme

L’Arbre aux papillons d’or explore des thématiques transcendantes comme le rapport au divin ou la fragilité de l’existence. Pham Thien An signe son premier long-métrage, primé Caméra d’Or au Festival de Cannes 2023. Grâce à une mise en scène subtile et une réalisation millimétrée, le jeune réalisateur offre un objet bouleversant.

D’une durée de 3h02, le long-métrage prend son temps et invite le spectateur à la méditation. Le silence a beaucoup d’importance dans L’Arbre aux papillons d’or : les scènes contemplatives sont nombreuses. Il y a des choses qu’on ne peut pas dire avec des mots. En retournant dans sa ville natale, Thien déterre les souvenirs de sa jeunesse. Pour retrouver son frère, il voyage à travers la région et fait des rencontres qui le marqueront et alimenteront sa réflexion. Peut-on encore croire en Dieu ? Entre dialogues profonds et scènes oniriques où se mêlent conscient et inconscient, Thien mène une quête spirituelle.

Pour illustrer cette retraite méditative, le réalisateur distille de nombreuses références au mystique et multiplie les plans allégoriques. L’esthétique sacrée est omniprésente et les scènes symboliques s’enchaînent. Le jeune réalisateur donne ainsi au film l’aspect d’un doux nuage voluptueux où rêves et réalité se confondent.

l'arbre aux papillons d'or
De retour dans son village natal, Thien mène une quête spirituelle © JK Film

Une prouesse technique

Pour son premier film, le réalisateur de L’Arbre aux papillons d’or accomplit un véritable tour de force. À la fois expérimentateur et magicien, Pham Thien An parvient à exploiter son talent de technicien avec brio. Il l’avoue lui-même : ce film était un défi pour lui.

Les angles de prise de vue sont soigneusement choisis et la précision des mouvements de caméra est d’une efficacité redoutable. En plus de cela, la netteté de l’image et la qualité de la composition font de L’Arbre aux papillons d’or un film somptueux.

Le travail sur le son est également remarquable : les bruits de la vie sont tantôt oppressants, tantôt apaisants. Pour donner à chaque environnement son identité propre, Pham Thien An a réparti des micros tout autour de l’endroit où une scène était tournée. Chaque décor a ainsi son ambiance sonore, ce qui permet une immersion totale dans chacun des lieux du film. 

Cependant, le point d’orgue de ce film reste ses plans-séquences. La scène de Monsieur Luu est probablement le passage le plus marquant du film. Profondément marqué par la guerre du Vietnam, Monsieur Luu déroule le récit de son existence et explique comment il est parvenu à lui donner du sens. En plus d’être un spectacle mémorable aussi époustouflant qu’émouvant, ce plan-séquence de 25 minutes est une véritable prouesse technique.

L'arbre aux papillons d'or, Dao et Thien dans une voiture. © JK Film, Potocol, Deuxième Ligne Films
Thien et Dao plongés dans le trafic tumultueux de Saigon © JK Film

Des allures de film documentaire

Ces plans-séquences sont d’autant plus impressionnants que la majorité des personnages sont interprétés par des acteurs non professionnels. Pham Thien An étale aussi bien l’existence sobre des habitants d’un village rural, que la vie clinquante des citadins de la capitale. Les longues scènes dépourvues de dialogue qui illustrent les moments banals de la vie confèrent au film une ambiance de documentaire.

D’une part, Saigon est dépeint comme un univers agité où la vie fourmillante donne l’impression que tout est possible. La densité des habitations et des hommes, la luminosité permanente et le bruit du trafic incessant plongent le spectateur dans le tumulte de la ville. Dans un éventail de lieux, les scènes de vie se succèdent et fascinent le spectateur par leur réalisme.

D’autre part, la campagne vietnamienne semble plus paisible, mais bien moins commode. Les sons de la nature enveloppent les personnages dans différents paysages tantôt luxuriant, tantôt hostiles. De plus, les scènes animalières sont fascinantes et immergent le spectateur dans un décor où le temps est suspendu. Avec subtilité, le réalisateur montre à la fois la précarité dans laquelle vivent les habitants, mais également leur grande sagesse et leur bonté.

Enfin, L’Arbre aux papillons d’or donne un aperçu de la culture vietnamienne catholique à travers ses scènes de mariage ou d’enterrement. Ces célébrations traditionnelles sont l’incarnation du pilier fondateur du film : sa dimension spirituelle.

l'arbre aux papillons d'or, Thien et son beau-frère. © JK Film, Potocol, Deuxième Ligne Films
Thien et son beau-frère capturent des coqs pour le dîner © JK Film

Avec ses papillons d’or et ses paysages splendides où règne un calme hypnotisant, Pham Thien An incite le spectateur à la pensée profonde. Le réalisateur prodige parvient à captiver grâce à un film millimétré aux allures de documentaire, mais également à émouvoir grâce à des personnages remplis de sagesse et de tendresse.

L’Arbre aux papillons d’or, un film à voir de toute urgence. La sortie en salles est prévue le 20 septembre 2023. En attendant, découvrez la bande-annonce :

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