Nous les Leroy, réalisé par Florent Bernard, est un joli premier film très imparfait.

Sandrine Leroy annonce à son mari Christophe qu’elle veut divorcer. Leurs enfants ont bientôt l’âge de quitter la maison. Dans une opération de la dernière chance aussi audacieuse qu’invraisemblable, Christophe organise un week-end pour sauver son mariage : un voyage passant par les endroits clés de l’histoire de leur famille. Un voyage qui ne va pas être de tout repos…

une comédie sans mise en scène...

Nous, Les Leroy est un bon film avec plein de mauvaises choses dedans. Paradoxal ? Oui. Alors, précisons la focale. C’est un bon film de scénariste, un mauvais film de cinéaste.  

Il s’agit du premier coup d’essai de Florent Bernard qui, après avoir roulé sa bosse d’écriture sur internet puis dans des séries Canal + ( Bloqués, La Flamme/Le Flambeau ), se lance dans l’aventure derrière la caméra. Pour l’occasion, il voit petit : petit sujet (la séparation entre Charlotte Gainsbourg et José Garcia après vingt ans d’union), petit budget (4 millions, loin du faste du Palmashow pour leur premier long « La Folle Histoire de Max et Léon ») et petite grammaire cinématographique. « Flober«  la joue très scolaire et même pas une bonne copie. Il illustre plus qu’il ne réalise, mouline pour dynamiser son récit, peine à agencer un véritable tempo comique des situations.

La drôlerie du film, assez contenue, s’édifie surtout sur la rouerie de ses comédiens, par le talent de quelques copains- guest inspirés. Citons B. Tranié et, avant tout, Adrien Ménielle, excellent en serveur ringard dans la meilleure scène du film. Mais, les idées de mise en scène se comptent sur les doigts d’une main et sa lumière se confond avec celle d’un luxueux téléfilm TF1. Les décors sont une autre forme de déception. Proclamant en interview son envie de mettre en lumière la vérité d’une France péri-urbaine, le spectateur repart frustré tant cet espace est sous-exploité, se résumant à filmer quelques enseignes de Fast Food et d’hôtels miteux. Le réel de la classe moyenne restera à la porte, une nouvelle fois. 

José Garvia avec Adrien Ménielle
José Garvia avec Adrien Ménielle © Nolita Cinema

...rattrapée par son écriture

Reste que Florent Bernard demeure un bon scénariste. Il y a chez lui un goût pour le mariage des genres (ici, drame et comédie se trament à part égales) et une sensibilité réelle pour le trivial. Les traits dont il use pour dépeindre ses personnages sont précis, se dérobent aux stéréotypes. On lui sait gré notamment de ne pas rejouer la comédie des ados en crise, de simplement montrer une famille normale qui se débat avec ses problématiques quotidiennes. Ses dialogues, ciselés, ont l’accent du vécu, la touche autobiographique suffisamment légère pour toucher le cœur de tous. Surtout, bonne surprise, Nous les Leroy est avant tout un film sur le désenchantement. Le road trip qu’agence le père sur la route du passé pour rafistoler son couple par la braise de la nostalgie se révèlera une suite de fiasco. Chaque nouvelle étape (premier appartement ensemble, première demande en mariage) entérine la fracture plutôt qu’elle ne la comble. 

Mais, c’est un désenchantement à bas bruits, qui se fait sans éclat. Pourquoi Sandrine Leroy veut-elle partir ? Pour pas grand chose de plus que “je crois que je ne t’aime plus ». Pas d’amants à débusquer, de révélations familiales à déterrer. Juste la marche du temps qui émousse les sentiments, sépare les êtres. Le film s’arrime à cette vérité minuscule et cruelle et a le bon goût de s’y accrocher jusqu’au bout, épargnant la guimauve amère du happy end.  

Allez, pour un premier film, ce n’est pas si mal. On ira voir le second.  

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