Ce samedi 27 avril, le Grand Rex déroulait le tapis à la 14ème édition du Nikon Film Festival, qui récompense de très courts-métrages. Cette année, la cérémonie s’est déroulée sous le signe du feu. 

18h30. Jeunes cinéastes, professionnels du cinéma et amateurs se bousculent devant l’entrée du Grand Rex, dont l’imposante façade arbore les couleurs du Nikon Film Festival. Dans le hall fastueux du plus grand cinéma du monde, les participants s’échangent mots de soutien et tapes sur l’épaule avant le coup d’envoi de la cérémonie. « Bonne chance pour ton film » entend-t-on aux portes de la salle. Il faut dire que ce célèbre festival représente un tremplin majeur pour ces jeunes épris de cinéma. Les minutes passent et l’audience, majoritairement composée des équipes des films finalistes, retient son souffle. Sous les ovations d’un public enflammé, les membres du jury, présidé par Quentin Dupieux, défilent dans les allées. Entre les acteurs Raphaël Quenard et Zita Hanrot, la directrice de la photographie Élodie Tartane ou la productrice Pascale Faure, cette brochette d’artistes à l’expérience inestimable s’apprête à dévoiler son palmarès.

favoriser la liberté de création

Cette année, pas moins de 50 films ont été sélectionnés en compétition, parmi 2772 participants. Un énième record pour ce festival qui encourage la création vidéo et favorise l’émergence de nouveaux talents, à travers la diffusion de courts-métrages gratuitement. Seule exigence : réaliser un film de 2 minutes 20, format idéal pour réduire les contraintes techniques, sur un thème imposé. Ainsi, cette 14ème édition était caractérisée par un sujet embrasant les esprits : le feu. Cigarette, foyer, flamme amoureuse, coup de feu…chaque proposition en offrait une interprétation authentique et frappante. En plus de favoriser la liberté de création, le Nikon promeut également la diffusion de ces œuvres pas si candides, entre projections publiques dans le réseau de cinéma CGR et cérémonie des Prix au Grand Rex. Au passage, ce festival est de ces rares manifestations cinématographiques à partager l’intégralité de sa programmation sur son site, ouvert au public. 

C’est pourquoi le palmarès réserve une place spéciale au Prix du Public, ainsi décerné à Ya Hanouni. En relatant l’histoire d’une famille qui périt sous les bombes, les réalisateurs Lyna Tadount et Sofian Chouaib ont inauguré la soirée avec un hommage vibrant à la cause palestinienne.

le grand rex
Chaque année, la cérémonie de remise des prix se déroule au Grand Rex, pour plus de visibilité. © Anna Hersin

un palmarès flamboyant

Tour à tour, les membres du jury ont ensuite attribué leurs récompenses, en partageant leur lien personnel avec les films en compétition. Ce faisant, Raphaël Quenard et Zita Hanrot ont salué les performances de Hélène Martinielli dans 5èmeB et Samir Decazza dans L’Échauffement, respectivement lauréats des prix d’interprétation féminine et masculine. Si la chute de ces deux films est plutôt raffinée, celle de Libre Max, vainqueur du meilleur scénario, nous a laissés dubitatifs. Dans la salle, un murmure d’étonnement se mêle d’une joie manifeste à la vue du visage de Milo Machado-Graner, star de Anatomie d’une chute, dans Autoportrait. Réalisé par Marie Poupinet, ce film reçoit le Prix Alice-Guy. La première réalisatrice de l’histoire prête son nom à cette récompense, en vigueur depuis 2018, qui prime chaque année un film à financement majoritairement français et réalisé par une femme.

De notre côté, on a été happés par Second of November, Prix de la mise en scène. L’occasion pour sa réalisatrice, Julie Sanchez, d’honorer le charme du cinéma indien : « Quand vous rentrez dans une salle de cinéma en Inde, il y a de l’amour, de la passion, de l’énergie. Le cinéma vit en Inde, et je suis fière de le représenter ce soir », s’est-elle réjouie. Enfin, on a été interpellés par l’incarnation d’un élève marginalisé par le petit Noé Chabbat dans Mal Barré, qui a reçu le prix du meilleur montage.

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Avec "Le Plein", Charlie Moreno remonte le fil dramatique de la vie d'un homme en fin de course.

"on adore ce film"

Avant de remettre le tant convoité Grand Prix, Quentin Dupieux confie à l’audience son expérience en tant que président du jury du Nikon Film Festival. « Je me retrouve en ces jeunes qui essayent de faire des films, s’émeut le réalisateur de Yannick, Aujourd’hui ces canaux de diffusion comme le Nikon représentent un véritable avantage pour eux ». Après avoir vanté les mérites du court-métrage bienheureux, il déchire l’enveloppe puis la jette en prononçant « Le Plein ». Réalisée par Charlie Moreno, cette œuvre réussit l’exploit, en 2min20, à transmettre le parcours dramatique d’un homme en fin de course, au moyen d’un montage et d’un son (dont le prix lui a été décerné) qui auraient d’emblée rapproché le jury. « On adore ce film mais je voudrais dire qu’on ne récompense pas ici l’efficacité, dont vous avez tous fait preuve » rassure Quentin Dupieux. La cérémonie prend donc fin sur une tonalité constructive, et tous se dirigent à l’étage pour se livrer déceptions et congratulations autour d’une coupe de champagne ou d’un cocktail.

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