LaRoy est le portrait d’un super loser. À la fois triste et rocambolesque, le long-métrage se transforme en mélodrame comique sans jamais tomber dans les clichés du genre.

Ray découvre que sa femme le trompe. Dévasté, il prend la décision de mettre fin à ses jours sur le parking d’un motel. Un homme apparaît alors, le prenant pour son tueur à gages. Il arrive à accepter la mission par besoin d’argent et de respect de son entourage.

Ray, métaphore de la crise de la quarantaine

Contrairement à son frère Junior (Matthew Del Negro), Ray (John Magaro) ne sera probablement jamais riche. À la différence de son ami Skip (Steve Zahn), il n’aura probablement jamais d’assurance en lui. À l’opposé de sa femme Stacy-Linn (Megan Stevenson), Ray est fidèle et trop attaché à leur amour passé, et ne pourra très certainement jamais la tromper (ni la quitter). Jusqu’au jour où Ray décide de changer de vie. En acceptant cette mission a priori rocambolesque, Ray prend la décision de vivre. Avec peur et maladresse d’abord car il est loin de ses rayons de bricolage. Puis graduellement, avec une assurance désinvolte, il s’apparente à Harry (Dylan Baker), le tueur à gages originellement engagé. Cette histoire va bouleverser la vie de Ray, lui faire ouvrir les yeux, le rendre plus fort et maître de ses décisions.

Ray (John Magaro) dans LaRoy © Laroy Productions LLC

Du Coen dans le texte, du western dans la mise en scène

LaRoy rappelle les frères Coen dans le texte et le côté burlesque, volontairement développé. Burn After Reading ou encore Fargo infusent le long-métrage dans la façon de conter l’histoire. Les briques qui construisent l’histoire sont toutes dépendantes les unes des autres. Tous les détails disséminés permettent d’enrichir des trames au cours du film. Les codes du western sont également invoqués. Dans les costumes, l’environnement certes mais également dans l’histoire et certaines séquences. L’une des scènes finales fait d’ailleurs un clin d’œil à la fois grossier mais bien amené aux grands films de western. Le personnage d’Harry fait par ailleurs grandement penser au personnage de Anton Chigurh (joué par Javier Bardem) dans No country for old men.

Stacy-Linn (Megan Stevenson) et Ray (John Magaro) © Laroy Productions LLC
Stacy-Linn (Megan Stevenson) et Ray (John Magaro) © Laroy Productions LLC

Shane Atkinson, naissance d’un cinéaste

Grand prix, Prix de la critique et Prix du public du Festival du cinéma américain de Deauville 2023, LaRoy s’impose comme un film abouti. Shane Atkinson compose un film qui arrive à émouvoir de par la construction de son personnage principal et de son histoire. Ray est quelque peu la représentation future du personnage auquel personne ne veut ressembler. Attachant et en même temps agaçant, il devient progressivement un personnage plein d’assurance. 

Entre Burn After Reading et No country for old men, Shane Atkinson réalise un savant mélange d’un western à la fois mélodramatique et comique. John Magaro, bien entouré par Galadriel Staneman, Steve Zahn et Dylan Baker notamment, brille à l’écran dans un personnage de loser qui prend sa vie en main. LaRoy, en salles depuis le 17 avril.

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