Largement applaudi à la Mostra de Venise, le dernier Woody Allen était attendu. Cinquantième long-métrage du réalisateur, Coup de chance met en avant un casting franco-français autant inattendu que cinq étoiles. 

Fanny (Lou de Laâge) et Jean (Melvil Poupaud) forment un couple parfait sur le papier : une vie sociale épanouie, une vie professionnelle réussie et semblent vivre le grand amour. Fanny et Jean sont heureux, du moins en apparence. L’arrivée de Paul (Niels Schneider)  brouille l’esprit de Fanny.

"je suis enfin un réalisateur européen"

Avec Coup de chance, Woody Allen revient dans la capitale française. Entre clichés bourgeois et stéréotypes parisiens, le réalisateur américain tente mais ne réussit pas à tous les coups, particulièrement dans les premières minutes du film. La première partie pose l’histoire et la vie du couple. Peu rythmée et relativement lisse, elle permet de mettre en avant le magnifique 200 mètres carré Loi Carrez du couple dans le 7e arrondissement et leurs habitudes mondaines. Coup de chance rend nostalgique des balades de Gil Pender (Owen Wilson) dans Midnight in Paris. Ces pérégrinations dans la capitale relevaient elles aussi du cliché mais avaient la force d’être authentiques. Ici, Woody Allen filme certes Paris, mais le sublime-t-il ? La question se pose. 

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Valérie Lemercier incarne la mère du personnage de Lou de Laâge © Metropolitan FilmExport

Un coup de chance ?

Pour le spectateur, le véritable coup de chance est lorsque cette histoire qui baignait dans un chloroforme anesthésiant se transforme en thriller rocambolesque. Véritable mise en image des livres lus par la mère de Fanny (Valérie Lemercier), la seconde partie du film vient ravir les yeux de l’audience. Entre scènes presque burlesques et dialogues aussi loufoques que drôles, le long-métrage cesse d’être sérieux et plat. C’est alors ce qui le rend un peu plus attrayant et intriguant. Dans une histoire à la Match Point avec une touche d’humour volontairement exacerbée, Coup de chance étonne alors mais ne détonne pas.

« A Hollywood, tout le monde est si sérieux, si ambitieux, si idiot. » Woody Allen

Et si tout cela était voulu ? Woody Allen n’aurait-il pas volontairement créé une première partie aseptisée, trop sérieuse mettant en avant un couple ambitieux et un Jean parfois idiot ? Une critique de l’industrie personnifiée par un couple bourgeois parisien ?

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Fanny (Lou de Laâge) est au coeur d'un triangle amoureux © Metropolitan FilmExport

DU woody allen

Avec Coup de chance, Woody Allen fait du Woody Allen mais, dans l’ensemble, tout n’est malheureusement pas parfaitement calibré pour en faire un grand film. Le dernier long-métrage du réalisateur américain fait rire par moments grâce à des détails de mise en scène, de dialogues et de sa scène de fin. Avec un scénario alambiqué mais un film relativement simple, Woody Allen fait ce qu’il sait faire. Savamment tourné en dérision par son réalisateur, le couple apparaît comme parfait en apparence mais ennuyeux en profondeur. Sentiment largement mis en image par le personnage de Lou de Laâge et délicatement dissimulé par son entourage, Woody Allen se moque des conventions, et de la vie bourgeoise avec un Jean qui apparaît comme insupportable et parfois ridicule (mais parfait aux yeux de sa belle-mère).

Coup de chance est drôle avec parcimonie mais manque cruellement d’authenticité et de saveur. 

Coup de chance, en salles dès le 27 septembre.

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