Dans la continuité esthétique et scénaristique de La Nuée, Just Philippot revient avec un nouveau film fantastique décoiffant. Entre pamphlet écologique, road movie apocalyptique et véritable drame familial, Acide traite du détail pour parler du général.

Selma (Patience Munchenbach), 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal (Guillaume Canet) et Élise (Laetitia Dosch). Un jour, des nuages de pluies acides et meurtières s’abattent sur l’hexagone. Dans un monde qui sombre, cette famille fracturée doit s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.

la famille et la nature

L’apocalypse, colonne vertébrale du film de Philippot, est d’abord présente au cœur de la famille. Une famille déchirée par des comportements, des pensées divergentes et des sentiments débordants. Cette catastrophe naturelle, métaphore de l’explosion familiale, permet alors de les réunir. Ces relations familiales complexes font avancer l’histoire. Les protagonistes se battent certes contre cette pluie d’acide mais aussi contre leurs propres choix. Entre émotion et pragmatisme, le scénario ne laisse le temps de choisir aux trois personnages. L’obstination de Michal – et la photographie -, rappelle parfois le Take Shelter de Jeff Nichols qui décide plutôt que de réfléchir dans un environnement à la fois effrayant et terriblement esthétique.

Acide
L'apocalypse est d'abord présente au sein de cette famille. © Bonne Pioche

lutte sociale et guerre des mondes

Avec Acide, Just Philippot étend l’ambiance apocalyptique de La Nuée à une échelle mondiale. La mort est alors omniprésente. Elle rôde à l’écran tel le requin de Spielberg dans Les Dents de la mer. Le spectateur ne sait quand elle va apparaître. Elle peut surgir brusquement avec une averse comme arriver graduellement par un orage. Cette pluie rythme l’histoire et la vie des trois personnages principaux. Ils fuient ce qu’il paraît impossible à fuir. Ainsi, le film est découpé en plusieurs tableaux d’une quête vraisemblablement sans fin.

La gronde sociale du début du film est une belle mise en abîme du propos qui suit. Michal utilise cette colère tout au long de l’histoire. La fracture sociale est rappelée tout le long du film par la présence du frère d’Elise et sa confrontation passée, qui est aujourd’hui à distance, avec Michal. Par ailleurs, ce road movie fait écho à La Guerre des mondes de Spielberg avec un Guillaume Canet (Michal), semblable à Tom Cruise (Ray), qui avance à l’aveugle dans un monde qui se décompose. Père esseulé, ils doivent tous deux prendre des décisions qui vont à l’encontre de leur morale et de la pensée de leurs proches pour les sauver. Deux films qui n’ouvrent aucune perspective de rédemption aux personnages principaux. Acide, un road movie à la sauce « spielgberienne » ?

D’abord réalisé sous la forme d’un court-métrage en 2018, le réalisateur étend son histoire dans un long-métrage réussi, mais peut-être plus attendu que La Nuée.

Acide de Just Philippot, en salles mercredi 20 septembre.

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