Judith Godrèche, montée des marches de Kinds of Kindness et Oh Canada, Nicolas Cage en excellente forme…PelliCulte revient sur une quatrième journée très chargée au Festival de Cannes.

À travers les volets, la lumière vient caresser notre visage pour mieux nous faire émerger. Sur la Croisette, le soleil s’est enfin décidé à pointer le bout de son nez. On enfile lunettes de soleil, short et accréditation pour entamer une nouvelle journée marquée par le cinéma. S’ajoute au temps clément un programme d’exception, quoique chargé. Celui-ci s’ouvre à 8h45 avec une projection très matinale à la Quinzaine des réalisateurs. À son issue, l’équipe de Desert of Namibia est venue discuter avec le public de ce voyage dans le chaos de l’adolescence. Un film de 2h17 très juste et esthétiquement formidable, qui s’éternise toutefois. Et comme on était impatients de découvrir Michael Cera dans un film de Noël en plein mois de mai, on a enchaîné avec la présentation de Christmas Eve in Miller’s Point. Si l’on déplore l’absence de notre coqueluche, Sawyer Spielberg, fils du réalisateur de légende, a lui répondu présent pour son premier Cannes. En ce qui concerne le film, on vous recommande plutôt de le voir en famille autour d’un champagne et de biscuits apéritifs du prochain réveillon de Noël. 

l'espoir de Judith Godrèche

Notre journée a pris un tournant plus sérieux et impactant lorsque l’on s’est rendus à l’un des « Women In Motion talks » en présence de Judith Godrèche. Créé par Kering, ce programme met en avant la contribution des femmes à l’art et la culture en partenariat avec le Festival de Cannes. Cette année, Yseult, Julianne Moore ou encore Dame  Donna Langley y prennent part. 

Depuis qu’elle a déposé plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, Judith Godrèche est devenue l’un des visages de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au cinéma. Lors de ce talk, l’actrice désormais réalisatrice est notamment revenue sur son film Moi Aussi, qu’elle présente comme une tentative de donner une voix collective aux victimes de ces violences. Il a été présenté en ouverture de la sélection Un Certain Regard et programmé au Cinéma de la Plage, en libre accès. « J’ai reçu en quinze jours à peu près 5 000 emails qui disaient : moi aussi« .

« Dans le cinéma, le mot d’ordre c’est la passion. À tel point qu’on en oublie d’appliquer la loi du travail » se désole-t-elle. « Mais j’ai beaucoup d’espoir dans les générations qui sont pas la mienne« . Après l’obtention d’une commission d’enquête parlementaire sur les abus sexuels sur les tournages, Judith Godrèche table sur un changement pérenne dans une industrie gangrénée par les abus de pouvoir.

Judith Godrèche
Judith Godrèche s'est exprimée pour Women In Motion © Jeanne De Félice

montée des marches de kinds of kindness

Après ce moment très enrichissant et inspirant, on a profité d’un bain de soleil sur la terrasse des journalistes, avant de s’engouffrer à nouveau dans les salles obscures. Dans l’après-midi, le Palais des Festivals a déroulé le tapis à l’un des films les plus attendus en compétition : Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos. Il faut dire qu’en plus de venir avec un casting cinq étoiles, le réalisateur grec est un habitué de la Croisette. En 2009, il obtient le prix Un Certain regard pour Canine, un huis-clos dérangeant sur une famille-société grecque. En 2015, son premier film en langue anglaise, The Lobster, lui vaut le Prix du Jury. Enfin, il est couronné du Prix du Scénario en 2017 avec Mise à mort du Cerf Sacré, qui convoque Barry Keoghan et Colin Farrell.

Après Poor Things et La Favorite, multi-oscarisés, Kinds of Kindness marque sa troisième collaboration avec Emma Stone, d’humeur dansante sur le tapis rouge. Entourée de ceux qui sont devenus ses amis, l’actrice a provoqué les émeutes de photographes en se trémoussant sur « Brand New B*itch » de Cobrah. Willem Dafoe, avec son sourire communicatif, semblait réceptif. Pourtant, la projection du film n’aura pas eu le même effet sur les festivaliers, très fragmentés à son sujet. Rendez-vous bientôt sur nos réseaux sociaux et notre site pour notre critique du film !

kinds of kindness
L'équipe de "Kinds of Kindness" en conférence de presse © Jeanne De Félice

où est jacob elordi ?

Si la montée des marches de Kinds of Kindness aura interpellé la Croisette, celle de Oh Canada nous a laissés sur le carreau. Star de Saltburn et Euphoria, Jacob Elordi a séché son tapis rouge, retenu par un tournage. On s’est alors contentés de la venue de la formidable Uma Thurman ainsi que Paul Schrader. Malgré tout, notre visionnage du film n’est pas parvenu à enterrer notre déception, au contraire. Si Oh Canada attire d’abord par sa proposition d’adaptation, son obsession maladive pour la mise en scène finit par créer un fort désintérêt pour l’œuvre, dont le propos est laissé pour compte. Décidément, on n’est pas convaincus par la sélection de cette 77e édition. Mais notre amour pour le septième art l’emporte, alors on y retourne.

Il faut véritablement en être éperdument amoureux pour monter les marches à minuit. De plus, le Festival détenait aujourd’hui un argument de taille. En effet, le réalisateur irlandais Lorcan Finnegan est venu présenter The Surfer, un thriller psychologique qui met Nicolas Cage en vedette. En dépit de l’enthousiasme de l’intéressé et d’un postulat de départ intriguant, The Surfer tombe dans le prosaïsme, égarant trop vite l’attention du spectateur. Finalement, on aurait peut-être pas dû sacrifier notre nuit.

On reste toutefois animés par l’espoir de tomber sur une potentielle Palme d’or, ou ne serait-ce qu’avoir un faible pour un film. En apparence, le dernier film de Jacques Audiard, Emilia Perez, semble être un bon prétendant. On vous en touche un mot sur nos réseaux-sociaux !

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