En salles ce mercredi 2 août, le nouveau long-métrage de Quentin Dupieux n’était pourtant pas inscrit dans l’agenda de ce mois-ci. En effet, ce film surprise a été entièrement tourné dans un théâtre, en secret. Avec Yannick, le réalisateur loufoque propose un huis-clos original à mi-chemin entre la comédie et le thriller.

Qui n’a pas un jour rêvé de mettre sur pause un film ? Une série ? Une pièce de théâtre ? Mettre une œuvre sur pause pour lui donner une toute nouvelle direction, lui insuffler un renouveau autant sur la forme que sur le fond. C’est le nouveau pari osé, mais réussi, de Quentin Dupieux alias Mr. Oizo, et sa nouvelle bande d’acteurs : Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne.

Quentin et l'art du timing

Comme souvent avec Quentin Dupieux, il (res)sort lorsqu’il n’est pas attendu. Annoncé sur les réseaux sociaux en juin, pour une sortie le 2 août, Yannick a été secrètement tourné, en financement propre, en six jours, au Théâtre Déjazet, dans le Xe arrondissement parisien. D’une durée (1h07) normale pour un film de Dupieux, Yannick est un film inattendu et réjouissant. Le protagoniste victime d’une pièce aussi mal écrite que (volontairement, par une troupe de très bons acteurs) mal jouée, fait part de son mécontentement. Il décide alors de changer le cours de l’histoire telle qu’elle aurait dû se dérouler.

Yannick
Le protagoniste est victime d’une pièce aussi mal écrite que volontairement mal jouée. © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS

Dupieux et l'art du dialogue

Dans Yannick, le réalisateur joue avec ses acteurs. La mauvaise pièce peu drôle est remplacée par une nouvelle mauvaise pièce plutôt drôle par sa nullité assumée. Quentin Dupieux joue avec des blagues potaches, un humour décalé, des personnages stéréotypés et des scènes grotesques. Raphaël Quenard, qui excelle encore dans un nouveau registre, participe grandement à tout cet univers absurde qui lui colle si bien à la peau. Blanche Gardin, Pio Marmaï et Sébastien Chassagne, les comédiens des deux pièces de théâtre, permettent également d’alimenter la situation qui est à la fois improbable, drôle et touchante. Dupieux se questionne avec subtilité et humour sur l’art, sur la réception d’une œuvre par un public aux spectateurs dissemblables. Sans mépris mais avec beaucoup de second degré, Dupieux construit ce huis-clos avec suspens. Une légère tension émerge par ailleurs, accentuée avec un bruit d’attente hilarant et angoissant lors de l’écriture de la nouvelle pièce.

© ATELIER DE PRODUCTION/CHI-FOU-MI PRODUCTIONS/QUENTIN DUPIEUX 2023
Raphaël Quenard excelle encore dans un autre registre © CHI-FOU-MI PRODUCTIONS

Mr. Oizo, l'art de l'absurde

Dans une production artistique au rythme effréné : deux films en 2022 (Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser), deux annoncés, en 2023 (Yannick et Daaaaaali !), Quentin Dupieux étoffe une filmographie haute en couleurs. Finalement, plus terre à terre que d’habitude, Yannick est un film accessible avec plusieurs grilles de lecture. Absurde, le film se présente également comme sincère. Le second degré se mêle au premier degré et Sébastien Chassagne annonce, mais explique surtout la raison de son interruption. Le spectateur s’attache sans mélodramatisme à ce personnage auquel il peut s’identifier. Une histoire propre qui, par certains traits, devient universelle. Yannick est un film absurde, drôle mais surtout touchant.

Yannick, le thriller comique et déraisonnable de Quentin Dupieux, en salles le mercredi 2 août. À noter que l’entrée pour les séances de ce film sera gratuite pour toutes les personnes en capacité de présenter une carte d’identité au nom de Yannick. Pour y avoir droit, les Yannick doivent remplir ce formulaire d’ici le 1 août, à 23h59.

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