Ce mardi 14 mai, la Croisette accueillait le Festival de Cannes pour sa 77e édition. Une cérémonie d’ouverture riche en émotion, qui mettait les femmes à l’honneur.

L’horizon infini comme écran de projection. Lorsque l’on s’approche de la Croisette, on distingue les coins d’une grande affiche dont le bleu azur se confond avec le ciel. Puis, les contours de ce que l’on a coutume d’appeler le temple de cinéma apparaissent, envahissant nos âmes de cinéphiles de gratitude. Il faut dire qu’il n’est aucun autre endroit aussi magique que le Palais des Festivals, là où tous les amoureux du septième art du monde se réunissent pour célébrer les visages de leur passion. Michael Douglas, Jane Fonda, Harrison Ford, Natalie Portman, Robert De Niro ou encore Leonardo Di Caprio…la précédente édition nous avait déjà laissés sans voix. Pourtant, ce 77e Festival de Cannes promet à nouveau une belle pluie de stars, à commencer par le jury des longs-métrages. 

Quelles sont les attentes du jury ?

Une fois l’accréditation sécurisée, il est temps de se diriger vers la salle de conférence de presse, où les équipes de film se succéderont pour défendre leurs oeuvres. Présidé par Greta Gerwig, le jury venu confier ses attentes réunit Omar Sy, Hirokazu Kore-eda, Eva Green ou encore Lily Gladstone. Il a d’abord été question de #MeToo, qui a le vent en poupe dans le cinéma en ce moment. « J’ai constaté des changement substantiels dans la communauté cinématographique américaine. Il est important que nous continuions à élargir cette conversation » explique Greta Gerwig, très engagée dans la cause des femmes. D’ailleurs, le jury est composé d’actrices charismatiques. Pourtant, Lily Gladstone assure ne pas avoir vaincu son syndrome de l’imposteur, à son paroxysme l’année dernière, lors de la présentation de Killers of The Flower Moon. De son côté, Eva Green évoque la difficulté d’un consensus entre plusieurs membre d’un même jury : « c’est un vrai challenge car l’art est subjectif. Notre décision peut changer la vie d’un cinéaste ». En effet, la compétition s’annonce ardue cette année puisque le jury devra départager quelques grands noms du cinéma.

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Juliette Binoche remet la Palme d'honneur à Meryl Streep après un discours poignant © Jeanne De Félice

l'émotion de Meryl streep

Pour l’heure, nœuds papillons et escarpins sont de sortie pour solenniser l’ouverture de la course à la Palme d’or, qui garantit toujours une avalanche de stars. Ce soir, une étoile s’est élevée plus que les autres : il s’agit de nulle autre que Meryl Streep. L’actrice américaine de 74 ans a reçu la Palme d’honneur des mains de Juliette Binoche, dont le discours saisissant a su atteindre l’audience. « Ton visage et ta voix font partie de notre vie » exprime-t-elle à l’une des figures féminines les plus iconiques du septième art, pas venue à Cannes depuis 35 ans. Sur la scène du Grand Théâtre Lumière, Juliette Binoche a laissé l’émotion prendre le dessus en évoquant l’impact de chefs-d’oeuvre comme Kramer contre Kramer ou La Route de Madison. « Tu as changé notre regard sur les femmes » s’est-elle émue. Celle qui a provoqué une longue ovation a remercié les cinéastes qui ont jalonné sa filmographie, à commencer par Greta Gerwig. En 2019, cette dernière avait dirigé Meryl Streep dans Les Quatre Filles du Docteur March.

Ainsi, la présidente du jury a également eu droit à son heure de gloire, grâce à un hommage vibrant de Zaho de Sagazan. En interprétant Modern Love de David Bowie, la chanteuse a fait un clin d’œil au film Frances Ha, dans lequel Greta Gerwig interprète une jeune femme en métamorphose. Guidée par Camille Cottin, maîtresse de cérémonie, cette soirée d’ouverture a magnifié plusieurs générations de femmes dans un contexte de libération de la parole au sujet des violences sexistes et sexuelles.

Léa Seydoux et Raphaël Quenard dans "Le Deuxième acte", projeté en ouverture. © SHI-FOU-MI

DUPIEUX en ouverture

Finalement, la soirée s’est achevée sur une note plus burlesque avec la projection hors compétition de Le Deuxième acte de Quentin Dupieux. Vincent Lindon, Léa Seydoux, Raphaël Quenard et Louis Garrel, le cinéaste a réunit quatre vedettes du cinéma français dans une comédie qui caricature le star-system. Entre plans séquences interminables et thématiques ancrées dans l’actualité, Le Deuxième acte brouille la frontière entre la fiction et la réalité jusqu’à égarer son spectateur. D’autant que le parti de traiter avec autodérision de réels combats, en plus d’être redondant, risque de discréditer ces derniers. On ne vous en dit pas plus, profitez du film en salles dès ce mercredi !

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