Visiblement tout n’avait pas encore été raconté dans le cinéma de genre, et il est toujours agréable de constater que le cinéma de genre a des ressources et c’est le studio A24 qui va au-delà de nos attentes avec X. Longtemps attendu en salles, sa sortie s’est fait attendre et qu’en dire. Le dixième film de l’indépendant mais très bon Ti West qui a une patte bien à lui vaut vraiment le détour, un détour bien souvent fatal pour nos protagonistes dans ce cas précis. Une ribambelle de futur(e)s stars assoiffées de sexe.

MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE BIS (OU PRESQUE)

La base de l’histoire est assez emballante pour commencer. Nous sommes dans les années 70 une équipe de tournage pose ses quartiers dans une grange d’une propriété reculée du Texas, habitée par un couple de personnages âgées peu accueillant, pour tourner un film porno dans l’espoir de se faire une place à Hollywood. Bien évidemment on suppose que tout cela va tourner au massacre.

Une énième troupe prête à une chasse à l'homme

Ça vous dit quelque chose ? Évidemment on est forcés de penser aux prémices des plus grands classiques des années 80, comme Massacre à la Tronçonneuse, Tobe Hopper est majoritairement cité si ce n’est la référence majeure. X se présente dès le premier plan comme un hommage aux films fédérateurs de l’époque culminante du cinéma d’horreur et du genre « slasher« , avec ce silence qui plombe le désert texan et cette maison qui paraît abandonnée au second plan, et bien entendu la pellicule reprend l’image de l’époque. Quand au Texas il fût le théâtre d’innombrables histoires sordides au cinéma.

LE SEXE PLUS QU’UNE PRATIQUE ?

TI West surprend par son audace de réutiliser ce terrain si souvent exploité pour mettre en scène une jeunesse effervescente dans une industrie malsaine mais rentable, parce que oui l’argent et une potentielle gloire enlève toute morale, même si le film répond justement à ça. Est-ce saint ? C’est le personnage de Lorraine (Jenna Organa) qui permet de poser un débat là dessus, elle qui joue la prude de la bande interroge sur l’excès de rapports sexuels aux yeux du public, et c’est là que West est pertinent. X parle de la jeunesse, et de ses abus. Le film est pornographique sans vraiment l’être, West nous en montre assez pour nourrir le propos de son film et en quoi le plaisir peut être simulé pour combler les spectateurs, et être peu sincère hors caméras. Au contraire de ses personnages West n’est pas là pour faire de son public des voyeurs, mais justement pour critiquer ce système.

Jenna Organa dans une terrible chasse à l'homme dans "X"

C’est aussi de ça que X parle. Et c’est ce qui va faire basculer l’intrigue dans le côté « slasher », le voyeurisme. En effet notre petit groupe se fait surprendre par l’étrange femme du propriétaire des lieux (Pearl), et à partir de là le film prend un chemin assez osé et original en parlant de la frustration sexuelle de cette dernière qui va se retrouver en Maxine. Ce qui est très intéressant c’est que les deux femmes sont jouées par la magnifique Mia Goth qui reprend son rôle dans le prequel Pearl déjà sortie en Septembre dernier au États-Unis, et en attente d’une date chez nous.

L'épatante Mia Goth

SANGLANT MAIS MORALE

Toute la partie « Massacre » est à la fois malsaine mais d’un autre côté frôle la parodie, tant West use de l’hémoglobine et va même faire dévorer une des sex symbol par un alligator. Une façon ironique de nuire à la beauté fatale, à la sexualité épanouissante, le film faisant un parallèle intelligent entre Pearl vieillissante et dans un besoin abondant d’être désirée par un mari affaibli, et Bobby-Lynne assez blonde pour être confondue avec Marilyn Monroe et assez aguicheuse pour mettre les hommes dans son lit. Quelques scènes plus tôt un parallèle miroir entre Jackson et Howard pouvait être constaté.

Voilà en quoi X est malin, derrière le porno, et l’hommage slasher (qu’on avait déjà eu avec Scream en début d’année avec Jenna Organa justement), une morale bien plus profonde et des faces cachées inattendues derrière des visages plus vulnérables qu’effrayants. Un film qui exploite son sujet aussi sulfureux soit-il pour en faire plus qu’un simple film d’horreur classique. Une production indépendante qui revisite les codes et surprend au delà de nos attentes.

Le film est disponible en salles depuis le 2 novembre.

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