Pour sa première sélection officielle au Festival de Cannes, Jonathan Glazer vient traiter le sujet de la Shoah, de nombreuses fois abordé sur grand écran mais jamais de cette manière.

Dans The Zone of Interest on suit une famille allemande dans le début des années 40. Une famille oui mais pas n’importe laquelle : celle de Rudolf Höss, commandant du camp d’Auschwitz-Birkenau. Le film s’ouvre sur une innocente scène de pique-nique au bord de l’eau puis on découvre leur maison familiale, juxtaposée au camp que le père dirige… Jonathan Glazer décide de traiter le sujet de la Shoah sans rien montrer de l’horreur qui se déroule au sein du camp. Le long-métrage nous raconte simplement le quotidien de cette famille, cependant tout est suggéré, en hors-champ, pour nous décrire l’horreur se déroulant au-delà de ce mur.

Comment décrire une horreur aussi inimaginable que la Shoah ?

De nombreux films ont essayé de traiter le sujet délicat qu’est la Shoah, de La Vie est belle en 1997 (Roberto Benigni) au Fils de Saul en 2015 (László Nemes) beaucoup de réalisateurs ont tenté de mettre en scène cette période tragique à leur manière. Cependant sans y avoir été confronté il est impossible d’imaginer ce qu’était l’horreur au sein des camps comme celui d’Auschwitz-Birkenau, et Jonathan Glazer l’a bien compris. En effet, The Zone of Interest fait le choix de se positionner dans l’autre camp en racontant l’histoire du point de vue du commandant du camp et en ne montrant rien à l’écran de ce qu’il pouvait se passer à l’intérieur du camp d’Auschwitz.

Le travail du hors-champ est brillant durant l’entièreté du film. Tout est suggéré par des simples éléments dans le décor, des sons, des non-dits et ensuite c’est le spectateur lui-même qui prend le relais pour se faire sa propre image de l’inimaginable. Les plans sont travaillés au millimètre près pour juste laisser échapper certains détails en second plan. Des toits des bâtiments du camp aux cheminées crachant cette fumée noire, on ne voit que des bribes mais on sait ce qu’il s’y passe. Le plus glaçant étant peut-être l’ambiance sonore du film. Les compositions de Mica Levi (Under the Skin, Jackie), accompagnées par un travail du son magistral, rendent l’horreur sonore omniprésente. Les murs du camp laissant s’échapper certains cris et coups de fusil, nous sommes constamment rattrapés par ce qu’il se passe en marge du quotidien de cette famille allemande que l’on suit.

Le film a-t-il séduit le jury ? Va t-il remporter la si convoitée Palme d’or ? Nous aurons notre réponse ce soir à partir de 20h30 durant la cérémonie de clôture de ce 76e Festival de Cannes.

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