Le Croque-Mitaine, adaptation de la nouvelle éponyme de Stephen King, avait fait parler de lui des mois avant sa sortie. En effet, plusieurs sources ont révélé que le film avait dû être remonté suite aux premières projections tests, car sa créature, jugée « trop effrayante », empêchait le public de se concentrer sur le film et les dialogues. De ce fait, ce film a tout de suite captivé l’attention des fans d’horreur, et dressait quelques attentes quant à ce dernier. Néanmoins, la bande-annonce laissait présager un énième film d’horreur qui base tout son capital effrayant sur des jumpscares à outrance, donc difficile de savoir sur quel pied danser.

Réalisée par Rob Savage, cette adaptation met en scène Sadie et Sawyer, deux jeunes filles qui viennent de perdre leur mère et qui peinent à s’en remettre. Leur père, thérapeute, souffre également de cette perte et parvient difficilement à donner à ses filles l’attention dont elles ont tant besoin pour surmonter cette épreuve. Après la visite inopinée d’un patient dans le cabinet du père de famille, suivie d’un drame, une entité commence à s’attaquer à la famille fragilisée, en se cachant dans les recoins les plus sombres de leur maison, et de leur esprit.

Croque-mitaine
Croque-mitaine © 20th Century Studios

La question que le public se pose en premier devant chaque nouveau film à caractère effrayant est: « est-ce que ça fait peur? », et pour le coup, la réponse est oui. Le film joue avec nos peurs les plus profondes, surtout celle du noir, et sa première partie en particulier laisse constamment le spectateur dans l’anticipation de ce qui pourrait arriver dans les recoins sombres de l’écran, ne lui laissant que peu de répit. La scène d’ouverture, en particulier, est mémorable et glace le sang, mettant le public directement dans l’ambiance du film.

Dans sa première partie, Le Croque-Mitaine joue intelligemment la carte de la non-prise de position, en laissant constamment le spectateur dans le doute. Est-ce que cette créature existe réellement, ou est-ce juste une manifestation des traumatisme liés au deuil d’un être cher? Comme la petite Sawyer, convaincue de voir un monstre dans son placard, le spectateur est terrifié de ce qui se cache dans le noir. Cette constante balance entre le délire psychotique ou la réelle créature paranormale force l’empathie et parvient à faire glisser le public dans la peau du personnage de Sawyer, ce qui est redoutablement efficace.

Croque-mitaine
Croque-mitaine © 20th Century Studios

Néanmoins, cet effet d’incertitude disparaît lors de la deuxième partie du film, quand le réalisateur décide de montrer frontalement la créature, brisant la très fine ligne entre le réel et l’imaginaire. L’horreur en est fortement réduite, car les doutes s’évaporent et le film bascule donc dans une autre dimension, purement horrifique et beaucoup plus éloignée de tout aspect psychologiques.

L’horreur perd donc de son efficacité à partir de la première révélation frontale avec la créature, certes, mais la première vision de celle-ci est extrêmement impactante pour le spectateur. Cela fait depuis de nombreuses années que des créatures en tout genre défilent sur nos écrans, mais celle du Croque-Mitaine est particulièrement effrayante. De plus, beaucoup de scène avec cette dernière jouent sur des effets d’alternance entre ombres et lumière, rendant chacune des apparitions de la créature mémorable.

Croque-mitaine
Croque-mitaine © 20th Century Studios

En parallèle de son aspect purement horrifique, le film traite du thème du deuil, et des failles qu’il crée chez les individus. C’est justement ces failles qui permettent au « monstre » de s’insinuer dans la vie des personnages, et ce dernier peut donc être vu comme une métaphore de la douleur et des traumatismes qui peuvent survenir suite à la perte d’un être cher. Des traumas dont il est très dur de se débarrasser, tout comme la créature dans le film. De plus, il est dit que la créature « prend vos enfants quant vous n’êtes pas attentifs », faisant clairement référence à l’absence d’attention du père de famille dans l’histoire, qui peine à réellement écouter la douleur de ses filles suite à la perte de leur mère. Ce manque d’écoute et de présence, pourtant nécessaires à la reconstruction après un deuil, les laisse dans un état de fragilité et de vulnérabilité, et donc à la merci du « monstre », qui se nourrit de leurs failles et faiblesses.

Malgré quelques clichés que l’on retrouve dans tous les films d’horreur, et une fin cousue de fil blanc qui frise le ridicule, Le Croque-Mitaine est un film d’horreur efficace, en particulier lors de sa première partie, qui mêle habilement traumatismes et paranormal. Bien que sa deuxième partie fasse perdre un peu de sa superbe au film, on n’en reste pas moins effrayé, et l’horreur fonctionne (presque) jusqu’au bout, agrémentée de jumpscares toujours très bien amenés, qui ne manqueront pas de faire sursauter le public.

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