Au cours de la dernière décennie, A24 a réussi le pari de s’imposer comme un studio de production majeur dans le paysage cinématographique. En produisant des films à petits budgets, aux histoires qui sortent des sentiers battus hollywoodiens, A24 arrive à concurrencer les blockbusters américains autant dans l’accueil presse que public. La récente razzia aux Oscars de Everything, Everywhere, All at Once et The Whale illustre parfaitement la place prise par les studios A24 dans cet écosystème habituellement assez hermétique. Le poinçon A24 s’est présenté comme gage de qualité. The Eternal Daughter, sorti le 22 mars, arrive dans ce climat plus que favorable à la société de production.

The Eternal Daughter raconte l’histoire d’une réalisatrice, en manque d’inspiration, qui décide de s’exiler dans un hôtel en compagnie de sa mère. Lieu précédemment fréquenté par Rosalind, la mère de Julie, il devient l’exercice d’une réflexion sur leurs passés. La bâtisse presque hostile à la présence de Julie va pousser l’artiste dans ses retranchements.

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Une actrice, deux rôles

Tilda Swinton joue avec brio le rôle de la mère, Rosalind, et celui de la fille, Julie. Elle réussit, là où beaucoup d’autres ont échoué, de jouer deux rôles distincts mais pourtant si proches. Elle n’interprète pas une vulgaire déclinaison de la protagoniste mais bien deux personnages avec des sensibilités bien différentes et surtout des présences qui le sont tout autant. Dès le début, Julie est dessinée comme celle qui mène l’action dû à l’âge avancé de sa mère. Pour construire sa personnalité, par le biais de détails, Julie démontre une certaine force de caractère. Sa mère est plus effacée, surtout aux yeux extérieurs. Elle plane sur l’histoire, voire hante les lieux. Sa présence est là sans l’être. Tilda Swinton démontre donc tout son talent dans le dernier film de Joanna Hogg en jouant deux rôles opposés.

The Eternal Daughter 2

Mais est-ce que cette prestation est suffisante ?

Le grand problème du film est qu’il repose entièrement sur son twist final. Durant celui-ci, les premiers doutes apparaissent jusqu’au dénouement qui confirme les questions posées. Ce twist final attendu rend le film terriblement lent. D’une durée raisonnablement courte, 1h34, le ressenti en fait penser au double. Les scènes sont plates, le scénario n’est pas étoffé et les péripéties ne sont que peu convaincantes : disparition du chien, grincement d’un volet… Certes, ces péripéties participent à cette ambiance générale de maison d’épouvante et permettent de comprendre que Julie n’est pas si seule dans cette demeure mais il est compliqué de captiver le spectateur avec si peu…

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Une fin… attendue…

Comme évoqué, le twist final est malheureusement attendu mais ne serait-ce pas toute l’idée émise par Joanna Hogg ? Le film se construit avec des détails qui amènent à le penser, ou du moins à entrevoir sa silhouette. Néanmoins, le propos du film ne tourne pas autour de cette fin : la relation mère-fille, la mémoire, le souvenir plus globalement sont tant de thématiques qui rythment ce long-métrage. Tiré, peut-être trop étiré, le scénario ne peut correctement occuper les 1h34 de film et aurait mérité de plus amples et intrigantes péripéties pour le rendre plus palpitant et surtout plus captivant. 

The Eternal Daughter, en salles depuis le 22 mars.

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