Il est une chose que l’on peut aisément reconnaître à Romain Quirot, c’est une force d’esprit acharnée. Celle-ci lui permit de réaliser pour son premier film Le Dernier Voyage, un road-movie futuriste et parisien. Pour son second film, il ne ménage pas son ambition et ressuscite un genre, celui du film de gangster, à travers lequel il nous raconte une histoire de vengeance dans le Paris du 19ème siècle.

Également produit et réalisé en français, Apaches est tout aussi généreux que son précédent long-métrage.

Le récit, structuré en chapitres, dévoile toute la malice de son scénario avec un rythme tenu jusqu’à la fin. Les dialogues sont chargés de vieux mots d’argot parigot, mais ne rechignent jamais à inclure un néologisme. L’image nous offre des décors, des costumes et des accessoires d’époques crédibles que la mise en scène met en valeur avec beaucoup d’inventivité. Combien de films français peuvent se venter d’avoir une production design aussi prononcée ? Dans chaque séquence Romain Quirot diffuse des références aux arts populaires qui l’ont marqué. On sent l’influence de la Bande Dessinée, du cinéma américain et français, des feuilletons télévisés et des clips musicaux dans chaque pan de l’univers. Il s’autorise et assume complètement les anachronismes pourvu que cela icônise la scène. Bref, une démonstration de style complètement débridée.

Apaches 1

Donc, Romain Quirot rend hommage à un genre éteint du cinéma, grâce à des références populaires et cinéphiles, avec un découpage en chapitre et un goût prononcé pour la violence. Romain Quirot, serait-il le nouveau Quentin Tarantino ? Non, faut pas déconner. Apaches, c’est pas Pulp Fiction. Malgré toutes ses performances, son dernier film n’est pas exempt de quelques fausses notes. Mais les défauts du film sont les conséquences directes de ses ambitions.

La mise en scène peine à se libérer de ses références et reste trop mimétique. Romain Quirot privilégie le style au détriment d’un réel élan créatif. La direction d’acteur laisse parfois à désirer. Les acteurs sont souvent plus proches de la récitation que de l’interprétation. C’est certainement dû à l’écriture hybride des dialogues qui mêle des punchlines de série B américaines avec le phrasé d’Arletty. Il ne fait aucun doute que Romain Quirot est un talent qui ne manque pas d’idées, mais qui a besoin de s’exercer pour se perfectionner. Pour qu’il puisse continuer de faire ses films, il faut que le public suive. Apaches à le potentiel de réussir là où Astérix : l’Empire du Milieu a échoué le mois dernier, conquérir le public et envoyé un message fort aux producteurs. Les artistes français ont le talent pour mener à bien ce genre d’entreprises coûteuses mais ambitieuses, et le public français est désireux de ce genre d’œuvres. Voilà pourquoi, il faut aller voir Apaches.

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