Si pendant longtemps les adaptations de jeux vidéo ont eu la réputation d’être « maudites », plusieurs exemples récents ont prouvé que cette théorie était bancale. Déjà parce qu’il suffit de confier les adaptations à des gens compétents et qui ne détestent pas les jeux vidéo, mais aussi parce que le média a atteint une respectabilité suffisante pour que les investisseurs remarquent enfin qu’il peut s’agir d’une machine à billets s’il est utilisé correctement. Dans un contexte enfin favorable à ce genre de projets, un nouveau film sur Mario semblait comme une évidence étant donné le désastre de 1993. Mais être mieux que le premier opus ne suffira pas : il faudra être très bon. Autant dire que le pari était de taille.

Mario et Toad
© Universal Pictures

LA CLAQUE VISUELLE

Le choix d’Illumination pour donner vie aux plombiers sur grand écran semble comme une évidence, d’autant plus lorsque Nintendo applique son habituelle rigueur pour être sûr que tout est conforme à leurs exigences. La direction artistique habituelle du studio français, avec ses couleurs éclatantes et ses personnages rondouillards, sublime l’univers de Mario. Le Royaume Champignon n’a jamais semblé aussi luxuriant et vivant auparavant.

Le niveau de détail est bluffant et les textures réalistes apportent un véritable grain supplémentaire, qui permet au film de sortir de son cadre de simple adaptation. Il en va de même pour le travail visuel sur les personnages qui diffère tout de même un peu des jeux mais qui s’insère parfaitement dans le film. Evidemment, Illumination a également pu appliquer tout son savoir faire à l’animation des personnages, avec des expressions faciales très réussies.

Mario devant un champignon
© Universal Pictures

« T’AS LA REF ? »

Evidemment, l’univers de Mario a été également parfaitement retranscrit vis-à-vis de son matériau de base, Nintendo ne voulant probablement pas réitérer les erreurs du passé. Ainsi, le film s’adresse autant aux néophytes ne s’intéressant pas particulièrement à la mascotte nippone qu’aux fans absolus qui pourront s’amuser à essayer de repérer toutes les références aux jeux. Que ce soit les thèmes musicaux revisités, les clins d’œil à d’autres jeux de Nintendo ou des personnages oubliés de la série.

Mario Kart
© Universal Pictures

Malgré cela, le film ne semble jamais vouloir en faire trop. Les personnages principaux ne se limitent qu’au strict nécessaire, et les quelques apparitions d’autres figures emblématiques se limitent bien souvent au caméo d’arrière-plan. De même, si le décor fourmille de références en tout genre, ces dernières se montrent inoffensives tant elles s’insèrent naturellement dans cet univers. Nintendo a compris les erreurs du film de 1993 et n’essaye pas d’expliquer ce monde : il se contente de le faire découvrir à Mario sans essayer de le rationnaliser. Notons d’ailleurs l’audace de Nintendo d’avoir justement fait référence à ce naufrage cinématographique en faisant à nouveau démarrer le film à Brooklyn, il fallait oser. Seule l’utilisation de chansons connues (Thunderstruck, Take on Me, Holding Out for a Hero …) nous font sortir du film par moment.

SAUVER LA PRINCESSE, ENCORE ?

En termes de scénario, cette nouvelle itération a visé au plus simple… Et c’est tant mieux. Rappelons tout de même que les jeux Mario consistent avant tout à sauver la princesse Peach capturée par Bowser. Ici, l’histoire est la même, à l’exception du fait que Peach n’est pas dans les griffes du roi Koopa pendant quasiment tout le film. Essayer de faire plus aurait été du suicide, car Mario n’a pas vocation à être The Witcher ou Dark Souls.

Bowser
© Universal Pictures

L’ambition était donc de faire un film divertissant et tout est réussi de ce point de vue. Le film est généreux, ne proposant quasiment jamais de temps mort pour laisser la part belle à l’action et à la découverte de ce monde. Malheureusement, cela peut occasionner des résolutions un peu rapides ou un manque de contexte par moment, mais l’intérêt n’était pas de faire de Mario un film complexe.

De la même manière, les personnages conservent leurs traits de personnalité connus, à l’exception de Peach qui est tout de même un peu moins lisse que dans les jeux, et de Donkey Kong qui peut se révéler parfois assez insupportable. Bowser est quant à lui la véritable star du film, en réussissant à être véritablement menaçant tout en étant drôle quand il faut. Le doublage y est également pour beaucoup, avec une VF aux petits oignons pour lui comme tout le reste du casting. Malgré tout, on regrettera un Luigi peu présent, qui aurait pu avoir un rôle plus important au lieu d’être lui aussi une princesse en détresse.

Donkey Kong
© Universal Pictures

FAUT-IL ALLER VOIR MARIO AU CINÉMA ?

Cette nouvelle version de Mario est une réussite en tous points. Evidemment, le film n’a jamais l’ambition de devenir plus complexe que le jeu dont il est issu, et c’est tant mieux : à vouloir rationnaliser l’univers du plombier, on se retrouve avec le film de 1993. À la place, on a droit à une bonne adaptation, un film d’aventure plaisant qui respecte son matériau de base et qui satisfait tous les publics. Le film respire l’amour du jeu vidéo, et ça, c’est déjà plus que ce que l’on pouvait attendre.

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