Avec Second Tour, Albert Dupontel tisse une histoire en lien avec ses idéaux et les grandes thématiques de son temps. Délicatement amenée, l’intrigue fait replonger le spectateur dans l’univers Dupontélien. Le casting, la patte scénaristique et tout l’esthétisme du réalisateur permettent aux spectateurs de plonger dans le tourbillon de cette histoire aussi abracadabrantesque que touchante.

Cécile de France et Nicolas Marié : une paire très bien pensée

Le duo Cécile de France/Nicolas Marié fonctionne à merveille à l’écran. Grâce aux dialogues finement travaillés et à une direction d’acteurs plus que réussie, le réalisateur/acteur et ses deux acteurs sont époustouflants à l’écran. Les deux acteurs français se renvoient la balle dans des échanges très drôles. Ces Laurel et Hardy 2.0 se retrouvent dans des situations burlesques qui créent et alimentent les nombreuses péripéties.

Un duo de choc. © Pathé
Un duo de choc. © Pathé

Terry gilliam : l'ombre planante du maître

Albert Dupontel l’affirme à chaque long métrage et le confirme par son apparition dans Adieu les cons : Terry Gilliam est une grande inspiration. L’humour, le traitement de la thématique de la politique, la multitude des détails et la complexité de l’histoire (dans ses grandes lignes) rappellent les ficelles du génie de l’absurde américain. Malgré tout, Dupontel ne fait pas du Gilliam. Il fait du Dupontel. Il perpétue tout ce qui fait son univers, en s’améliorant de film en film, et ce depuis son premier long-métrage.

Dupontel et son oeuvre

Second tour est un aboutissement. L’aboutissement d’un univers démarré avec Bernie jusqu’à Adieu les cons. Ce dernier long-métrage est un savant mélange de toutes les expérimentations du réalisateur. S’inscrivant plus dans les dernières productions (Au revoir Là-haut et Adieu les cons), Albert Dupontel livre une œuvre cinématographique d’une grande maturité tant sur la forme que sur le fond. À l’image de ses dernières œuvres, les souvenirs des protagonistes sont sublimés par l’esthétique du réalisateur. L’ambiance générale plutôt sombre de ce conte moderne permet au spectateur de s’immiscer un peu plus en son sein.  

Mademoiselle Pove et le candidat. © Pathé
Mademoiselle Pove et le candidat. © Pathé

La force de la réalisation est de parler de politique en tournant un film anti-politique. Dupontel prône une prise de conscience écologique qu’il tente de sublimer par des plans et de belles idées de mise en scène. Le film dresse le portrait sur l’envers du décor d’une élection présidentielle avec bien évidemment un point de vue (bien) tranché. L’intensité du long-métrage réside, non pas sur l’intrigue qui est extrêmement bien ficelée, mais sur toutes les thématiques en toile de fond. L’écologie bien évidemment, le mépris de classe, la différence, l’identité sont autant de d’objets politiques mis en avant par le propos d’Albert Dupontel.

Le « problème », avec Albert Dupontel, est qu’à chaque film le spectateur se pose la question suivante : comment pourrait-il faire mieux ? Avec Second tour, Albert Dupontel ne fait probablement pas mieux que son chef-d’œuvre Au revoir Là-haut. Néanmoins, ce nouveau film le tutoie presque en nourrissant toute la pensée Dupontélienne et tout l’imaginaire qu’il arrive à retranscrire à l’écran. 

Second tour arrive dans les salles obscures le 25 octobre 2023.

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