Priscilla, dernier long-métrage de Sofia Coppola, était l’un des films les plus attendus de ce début d’année. Le film raconte l’enfermement, l’ennui et la tristesse de la jeune femme avec la touche Sofia Coppola, pari réussi ?

Priscilla, c’est l’histoire d’une rencontre entre une star internationale et une jeune collégienne. Des premiers mots échangés à la naissance de leur fille, sa vie, qui sur le papier est idyllique, sera parsemée de faits qui la feront grandir.

L’enfermement et l’ennui

Priscilla avait 14 ans, Elvis en avait 24. La rencontre n’est pas soudaine, elle est construite et le malaise est palpable. Sofia Coppola raconte l’histoire de cette rencontre organisée en soulignant la différence d’âge. C’est certainement ce qui va faire imploser les sentiments de la jeune fille, quitte à la rendre dépendante. Est-ce de l’amour, de l’admiration, un besoin de quitter sa famille ? Priscilla tombera alors dans un enfermement à la fois volontaire et involontaire, jusqu’à être pratiquement assignée à résidence. Ainsi, Sofia Coppola étouffe son personnage interprété par la brillante Cailee Spaeny. Avec la réalisatrice américaine, elles parviennent à construire un personnage complexe, d’une grande humanité, à la recherche de liberté.

En effet, Priscilla a cherché une manière de grandir par le biais de son départ du foyer familial et de sa relation avec la star. L’ennui et la tristesse apparaîtront comme les éléments principaux de son environnement. Sa frustration et sa peine se partageront même lorsque son mari exprimera son goût pour le Chanel N°5 d’une fan, parfum que la principale intéressée porte quotidiennement. Tout au long du film, elle restera finalement cette enfant de 14 ans qui a rencontré l’une des plus grandes stars du XXe siècle au cours d’une soirée de 1959.

© A24
Cailee Spaeny dans Pricilla © A24

La Sofia Coppola touch

Le spectateur se retrouve dans la peau de Priscilla par le biais de la réalisation de Sofia Coppola. Tout comme elle, il ne sait rien de ce qui se passe autour du mari : ses relations, ses tournages, sa musique… Elle entrevoit, elle comprend. Elle se retrouve dans une position de spectatrice de la vie de la star, quasi auditrice de ses dires mais finalement très peu actrice de sa propre relation. Esthétiquement, visuellement, la patte de la réalisatrice est prégnante. Dans un environnement à la fois luxueux par sa décoration mais pauvre de sens pour Priscilla, la réalisatrice américaine étouffe son personnage. Une fois arrivée dans la propriété, la metteure en scène ne fera que très peu sortir Priscilla. Le domaine viendra presque se rétrécir autour d’elle. Tout comme dans Room de Lenny Abrahamson, la vie de Priscilla s’arrête quasiment aux délimitations du terrain. Par son jeu de mise en scène, Sofia Coppola rend esthétique chaque scène, chaque séquence. Malgré tout, le film finit par tourner en rond et à tirer en longueur.

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Cailee Spaeny dans Pricilla © A24

Le départ

Priscilla devient adulte quand d’autres entament leur adolescence. Sofia Coppola prend le parti de raconter Priscilla par le biais de sa douloureuse relation. Le spectateur ne sait que très peu de l’avant et de l’après. D’un côté c’est dommage… Il est observateur de ces 10 ans de vie commune, des attentions aux débordements, jusqu’aux nombreuses frayeurs de la part de la jeune femme. Il y a toujours ce « jeu » unilatéral de domination et de soumission dans la relation. Finalement, Priscilla s’émancipera de cette relation, de cette emprise, dans une scène finale bien composée.

Loin de la qualité intrinsèque de ses deux premiers longs-métrages, Priscilla se présente comme un bon biopic aux quelques longueurs mais intéressant dans sa forme.

Priscilla, en salles depuis le 2 janvier.  

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