Avec la sortie de Perfect Days, le réalisateur allemand Wim Wenders clôture une très belle année 2023 après l’obtention du Prix Lumière en octobre dernier et la sortie de son documentaire Anselm, sur son compatriote, l’artiste plasticien Anselm Kiefer.

Hirayama (Koji Yakusho), agent de propreté pour les toilettes publiques de la ville de Tokyo, mène une vie simple. Grand amateur de musique des années 70, de littérature en tout genre, il se plaît à sublimer par la photographie les choses simples de son quotidien.

Wim wenders e(s)t Hirayama

Wim Wenders, réalisateur, et Koji Yakusho, interprète du personnage de Hirayama développent, en binôme, l’histoire avec une vision similaire. Wim Wenders s’attache à démontrer la beauté du quotidien, le sublime de la routine. Il s’attarde sur des détails matériels et immatériels, très généralement volontairement masqués, pour en montrer leur utilité et leur aspect esthétique dans le quotidien d’un homme. La coupe de la moustache ou encore le café du matin sont des habitudes pour le protagoniste mais en deviennent également pour le spectateur. Chaque geste répété devient alors beau. Accompagné des chansons de Lou Reed, Patti Smith, The Kinks ou encore de Van Morrison, Hirayama, à l’image de son conteur, montre l’esthétisme de son monde, du regard qu’il porte sur le monde. Le soleil, les arbres ou encore les parcs deviennent des lieux de recueillement et de paix pour le personnage principal, le réalisateur et le spectateur.

Hirayama et sa nièce © Haut et Court
Hirayama et sa nièce © Haut et Court

Du rythme avec peu

Le film réussit l’exploit de captiver avec peu voire quasiment pas de rebondissement. La répétition des scènes et le renouvellement des gestes deviennent le cœur de l’intrigue sans à aucun moment éveiller une quelconque once d’ennui. Certaines séquences viennent lever le voile sur des mystères de l’histoire ou de la personnalité d’Hirayama mais l’essentiel réside dans la transposition de son mode de vie dans la construction du film. Perfect Days ne raconte pas l’histoire de son personnage principal, le film est à l’image d’Hirayama, comme si ce personnage fictif tenait lui-même la caméra de sa propre histoire.

L'antre de la musique © Haut et Court
L'antre de la musique © Haut et Court

Une beauté minimaliste

Hirayama vit avec peu mais vit comme il le souhaite. Sa volonté est de se contenter des choses qui le grandissent : sa musique, ses lectures, ses rencontres. Il arrive à trouver une certaine satisfaction dans son emploi qui est largement renié par ses proches et la société qui l’entoure. Une scène touchante met en lumière un enfant perdu raccompagné par Hirayama. La mère paniquée récupérera son fils, sans adresser ni un regard, ni une parole de politesse. Elle lui lavera les mains du fait de son contact avec l’agent d’entretien. Une scène à la fois triste et touchante mais qui illustre parfaitement le film : Hirayama gardera comme ultime souvenir de cette rencontre le geste d’aurevoir du jeune enfant. La gentillesse et la bonté constituent Hirayama.

Avec Perfect Days, Wim Wenders sublime la simplicité du quotidien. Véritable ode à la vie, le réalisateur souligne que la beauté est autour de toutes et tous, que le sublime est partout. Il suffit juste d’ouvrir les yeux et d’en prendre conscience.

En salles depuis le 28 novembre.

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