Le cinéma a-t-il retrouvé le Christopher Nolan qui lui est cher, celui derrière les chefs-d’oeuvre The Dark Knight ou Dunkerque ? C’est ce que promettait son nouveau film, entouré d’une grande attente : Oppenheimer. Trois ans après le cas compliqué Tenet, le réalisateur de la trilogie The Dark Knight et Interstellar s’attaque au créateur de la bombe atomique, J. Robert Oppenheimer.

Le retour du grand Nolan ?

Il s’agit d’un autre drame historique après Dunkerque, dans lequel Nolan démontre une nouvelle fois qu’il détient la volonté et la capacité de repousser ses limites. Le cinéaste le prouve notamment en recréant la puissance d’une véritable explosion de bombe atomique sans CGI. Toutefois, cette énième démonstration de force de Christopher Nolan fait-il de Oppenheimer le grand film espéré ?

Si la forme est excellente, on regrette de constater que Nolan s’enferme à chaque fois un peu plus dans des films « savants ». À l’image de Tenet, celui-ci semble produire des films de moins en moins intelligibles, qui lessivent hélas son spectateur. En effet, le réalisateur a la fâcheuse habitude de ne pas se soucier de savoir si son public va comprendre le film. Ici, après deux ou trois films à la grammaire compliquée (c’est le cas de Interstellar), Nolan ne semble toujours pas vouloir ajuster ses scénarios à l’échelle des spectateurs. S’il reste irréprochable lorsqu’il s’agit de s’investir dans les sujets qu’il met en scène, la majorité des dialogues (qui gravitent autour de théories atomiques et de sciences) prennent vite la forme d’énigmes. Depuis Inception et son concept de rêves imbriqués, Nolan refuse de s’affranchir de ce cinéma verbal et technique, qu’il ne se fatigue pas à expliquer à son spectateur. Résultat : Oppenheimer fascine moins qu’il épuise.

Cillian Murphy dans Oppenheimer
Cillian Murphy dans Oppenheimer © Universal Pictures

Nolan, l'Histoire et la science

En dépit de l’envie maladive de Nolan d’exposer sa science, Oppenheimer se révèle démonstratif et impressionnant. Après Dunkerque, Oppenheimer réussit à parler d’Histoire, et à immerger le spectateur aux côtés de personnages historiques magistralement mis en scène. De Lewis Strauss (l’un des meilleurs rôles de Robert Downey Jr.) à Albert Einstein, Oppenheimer emmène son spectateur à la rencontre de grandes figures de la science. Ainsi, l’immersion dans ce monumental projet Manhattan est garantie. Pendant plus d’une heure, on passe d’universités en institutions à la recherche du savoir. L’Histoire se déroule sous nos yeux et c’est ce décryptage d’élaboration de projet qui passionne dans cet océan d’informations indigérables. Passé cette limite, Nolan risque d’en perdre plus d’un.

Pendant trois heures, cette nouvelle corde à l’arc de Christopher Nolan se balade à une époque clé de l’Histoire. Le film oscille entre séquences de procès en noir et blanc qui voient la déstabilisation de Oppenheimer, campé par un Cillian Murphy magnétique, et séquences en couleurs qui se concentrent sur l’ascension du physicien. Une fois de plus, l’auteur joue avec le temps. Quand le moment tant attendu arrive – le test de la première bombe atomique -, les effets sonores et visuels bluffent. Si l’on tenait là une des plus grandes séquences de la filmographie de Christopher Nolan ? Sur la forme, le réalisateur de Memento est toujours plus attentif et soucieux, ce qui rend le résultat à chaque fois plus étonnant malgré un fond toujours trop sophistiqué pour le grand public.

Matt Damon et Cillian Murphy dans Oppenheimer
Matt Damon et Cillian Murphy dans Oppenheimer © Universal Pictures

De la science, de la physique et de l'amour

Quand il s’agit de nous parler des femmes qui ont difficilement gravité autour de Oppenheimer, on trouve soudainement un point où s’accrocher. Bien qu’assez brève, l’idylle entre Jean Tatlockn incarnée par une étonnante Florence Pugh qui vole presque la vedette à Murphy, et Oppenheimer, dévoile une composante souvent absente du cinéma de Nolan : les histoires d’amour. De son côté, Emily Blunt est parfaite dans le rôle de la femme du physicien.

Oppenheimer se distingue des précédents travaux de Christopher Nolan, même si l’on y retrouve le cinéma qui a fait sa renommée et sa valeur. Le réalisateur reste fidèle à lui-même et confirme sa capacité à mettre en scène l’Histoire de façon spectaculaire, sans pour autant proposer un blockbuster plat, que Hollywood fabrique à foison. Heureusement, il reste en dehors de ce système avec des films solides qui s’ancrent dans le temps. Complexe mais efficace, c’est finalement la formule Nolan depuis plusieurs années désormais.

PelliCulte vous encourage à découvrir le film en salles qui fait face au très féerique Barbie depuis ce mercredi. Qui l’emportera au box-office ? Difficile de répondre, en tout cas ce face-à-face offrira assurément à l’Histoire du box-office l’une de ses plus belles pages.

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