« Hi Barbie ! » Cette phrase ne vous quittera plus. En effet, vous l’entendrez en boucle dans le nouveau long-métrage de Greta Gerwig (Lady Bird, Les Filles du Docteur March). Un film consacré à la fameuse poupée blonde vendue à travers le monde, avec Margot Robbie dans le rôle titre.

UN SCÉNARIO DÉJANTÉ

Barbie ne voit plus la vie en rose…le comble lorsque l’on vit dans un monde imprégné de toutes nuances de rose, dans lequel il fait toujours bon vivre ! Barbie stéréotypée et les autres barbies vivent toutes à Barbieland, une société matriarcale où les poupées s’acceptent et s’autosuffisent. Elles sont persuadées de rendre leur propriétaire humaine heureuse. Si leurs homologues Ken passent le clair de leur temps sur la plage, les Barbie, elles, occupent tous les postes de prestiges. En effet, certaines sont médecins, avocates, même présidente. En bref, un monde qui s’oppose au patriarcat et qui prône l’acceptation de soi.

 Lasse de cette vie haute en couleurs, Barbie est submergée par des pensées morbides au cours d’une soirée dansante. « Avez-vous déjà pensé à la mort ? » demande-t-elle aux autres barbies, secouées par cette référence osée au trépas. Le lendemain, elle constate qu’elle n’est plus apte à sa routine idyllique : ses talons touchent subitement le sol (ce n’est pas le cas de la poupée Mattel) et elle se découvre de la cellulite. Pour se familiariser avec ce dysfonctionnement physique et émotionnel, Barbie doit alors se rendre dans le « vrai monde » qu’est le nôtre, sous les conseils de Barbie-bizarre. Dans ce monde parallèle au sien, où rien ne ressemble à ce qu’elle imagine, elle doit retrouver l’enfant dont elle est le jouet.

Barbie est lasse de sa vie haute en couleur à Barbieland © Warner Bros
Barbie est lasse de sa vie haute en couleurs à Barbieland © Warner Bros

Ainsi, la réalisatrice et scénariste Greta Gerwig garantit à son public une comédie satirique et déjantée sur Barbie et son impact sur la société. Pour ce faire, le film multiplie d’abord les références aux différents jouets créés par Mattel. Effectivement, les différentes Barbies et Kens sont mis en scène, mais pas seulement. Greta Gerwig a choisi de dépeindre les personnages les moins connus de Mattel comme Sugar Daddy, Allan (l’ami de Ken), Skipper ado, et bien d’autres. À noter que le casting diversifié des Barbies et des Kens évoque la décision de Mattel de faire des poupées plus variées, s’éloignant de la Barbie classique, souvent considérée à tort comme synonyme de perfection féminine dans l’imaginaire collectif. Barbie est aussi un film qui traite des rapports complexes entre hommes et femmes dans la société, le tout avec un casting cinq étoiles ! Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera, Ariana Greenblat, Emma Mackay, Simu Liu, Will Ferrell, Kate McKinnon…Pour pimenter le tout, Barbie s’arme d’une bande-son assez entraînante, composée par Mark Ronson et Andrew Wyat.

Chaque scène cause les éclats de rire, ou provoque l’étonnement. Que ce soit à Barbieland ou dans le vrai monde, le film peut passer d’une blague salace à double sens (film interdit aux moins de 13 ans aux États-Unis !), à Ken disant chercher un sens à sa vie dans une séquence musicale parodiant Grease, et passer par une scène où des adolescentes rembarrent notre chère poupée en l’accusant d’être une source de sexisme et de consumérisme.

Le film se permet même de briser le quatrième mur, déjà durant l’introduction. La narratrice en voix off (Helen Mirren) et Lizzo, chanteuse de l’introduction, se disputent, l’une commentant l’action alors que l’autre n’a « pas fini de chanter « . On retrouve même de l’humour méta, avec la narratrice faisant une référence ouverte à la présence de Margot Robbie dans le rôle-titre.

Barbie et Ken © Warner Bros
Le tandem déjanté Margot Robbie et Ryan Gosling fonctionne à merveille © Warner Bros

DES ACTEURS EXCELLENTS

Une fois de plus, Margot Robbie, également productrice du projet, confirme son immense talent pour la comédie. Son grand sourire exagéré et sa panique face à des choses qu’elle ne comprend pas (ses pieds plats) participe à rendre cette comédie d’autant plus burlesque. Pourtant, Ryan Gosling parvient à plusieurs reprises à lui voler la vedette alors qu’il est… juste Ken ! Le voir menacé par un autre Ken (Simu Liu, tordant) de « le démonter » ou essayer de surfer sur une vague en plastique nous fait plier de rire. Après The Nice Guys, l’acteur continue de livrer des performances hilarantes. On en redemande.

Le duo mère-fille America Ferrera-Ariana Greenblat qui ont du mal à se comprendre, fait sourire. On s’amuse de voir la mère reconnaître les différentes poupées qu’elle collectionnait dans son enfance. Ce moment fait bien sûr écho aux spectateurs qui jouaient avec Barbie dans leur propre enfance. Kate McKinnon en Barbie-Bizzare tire son épingle du jeu avec son grand écart incroyable et ses réparties piquantes. Enfin, Will Ferrell dans le rôle du PDG de la société Mattel (baptisée « Mother ») débite des répliques hilarantes.

Aussi, les décors de Barbieland sont assez créatifs et colorés, totalement à la hauteur de la communication autour du film. Mention spéciale à la maison de Barbie-Bizzare ! Elle se démarque des autres maisons de rêves de cet univers entièrement rose bonbon ! Attention à l’overdose…

Satire, parcours initiatique, conte philosophique, comédie musicale et questionnement féministe. C’est là tout ce qui fait de Barbie un véritable film hybride qui fait du bien. Tout en nous faisant réfléchir sur l’idée d’une création qui finit toujours par dépasser les attentes de sa créatrice…

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