Le Duel est une rubrique en partenariat avec Le Drenche. Chaque vendredi chez eux, et chaque samedi ici, deux rédacteurs de Ciné Maccro confrontent leur avis, positif ou négatif, sur un film !


LE POUR

Ophelie D.

MCU : Monstre Cinématographique Universel

Le MCU (Marvel Cinematic Universe) appartient au monde du cinéma depuis plus d’une décennie et pourtant, sa présence dérange toujours autant qu’elle ne fascine.

Il est temps de (re)donner sa légitimité à ce monstre du cinéma.

Quand on parle de cinéma, on parle de quoi ? Il s’agit tout simplement de la projection d’un film devant un public. Le MCU projette ses films devant des spectateurs : il s’agit donc bel et bien de cinéma. Fin du débat. Trop facile ? Continuons donc l’argumentaire.

La légitimité du MCU dans l’industrie du cinéma réside surtout dans le besoin de rendre cet art élitiste, n’accordant que peu d’importance aux films de superhéros ou utilisant le CGI (Computer-Generated Imagery). Mais le MCU rassemble les meilleurs professionnels des effets spéciaux, des innovateurs dans le monde de la Motion Capture et du CGI sans oublier des spécialistes des costumes et des maquillages d’effets spéciaux. Les films Marvel sont les témoins des avancées technologiques qui s’offrent au cinéma, une ouverture vers un cinéma « moderne », en accord avec son temps et son rapport à la technologie, ancré dans le présent.

Il est avant tout important de souligner la technicité scénaristique et la longévité de MCU. Cette franchise est un cheminement scénaristique sur plus de dix ans, un univers qui ne cesse de s’accroître et d’inclure de plus en plus de genres, se détournant peu à peu de l’image clichée qu’on se fait du superhéros. On parle de plus de vingt-trois films, de quatre phases différentes et d’une quarantaine de protagonistes, dont les films sont liés, se croisent, se survolent, se rejoignent. Le MCU est riche de personnages éclectiques, d’atmosphères différentes et singulières, le tout suivant une ligne directive sans jamais fauter.

C’est également un univers musical impressionnant, créant une identité propre à chaque film et marquant l’esprit du spectateur comme le thème des Avengers.

Enfin, le MCU regroupe des générations et des générations de fans, une fidélité sans faille depuis ses débuts et rarement égalée dans le monde du cinéma, une des fanbases les plus importantes, prouvant sa très large et positive réception du public et son impact sur la société : il rassemble des familles, diffuse des valeurs et de l’inspiration aux petits comme aux grands, et ce peu importe le pays.

Ainsi, le Marvel Cinematic Universe fait partie intégrante du monde cinématographique et y tient même une place non négligeable.


LE CONTRE

THOMAS G.

Le MCU, ou l’éloge du vide

Dans la définition la plus simpliste du terme, le Marvel Cinematic Universe (nom donné à l’ensemble des 23 films, depuis Iron Man en 2008, évoluant dans le même espace-temps cinématographique) EST du cinéma. Composé de 24 images par seconde créant l’illusion du mouvement, il répond aisément à ces menus principes. Mais le cinéma peut-il être réduit à cela ? Au sein de celui qu’on nomme le “Septième Art”, le MCU peut-il s’enorgueillir d’une âme artistique ? A cette question, difficile de donner une réponse positive.

Devenu en quelques années la franchise la plus rentable de l’Histoire du cinéma, le MCU doit son succès avant tout à son modèle de production, les films n’étant plus pensés dans une logique filmique, mais sérielle. Avec, comme c’est de coutume dans les séries, des épisodes pivots, qui vont orienter le récit et employer les gros moyens, et des épisodes filler, rien de plus que du remplissage avant l’apothéose “finale”.

Combien de films du MCU retient-on réellement ? Ne salue-t-on pas plutôt l’aspect entrepreneurial, loin de toute considération artistique ?

Car hormis quelques exceptions (Avengers, Thor : Ragnarok, Black Panther…) où la patte d’un auteur se fait sentir, du MCU ne ressort que le sentiment d’une bouillie numérique, dénuée d’impact et de dramaturgie. Les films sont pensés en terme d’efficacité et non d’esthétisme : les environnements y sont fades, le montage est désordonné, les acteurs semblent en pilotage automatique, le tout filmé sur des fonds verts qui en retirent la palpabilité… Créant ainsi des oeuvres fantomatiques, efficaces, mais sans vision, donc sans vie.

Là où les Spider-Man de Sam Raimi, ou le Watchmen de Zack Snyder sont pensés avec des ambitions artistiques, les films du MCU sont réfléchis en terme de rentabilité, donnant le sentiment d’oeuvres désincarnés, vides d’âme, produites en série sans réel intérêt artistique.

Marvel, avec le MCU, a avili le cinéma de divertissement, le rendant vide de toute substance, certains en venant même à féliciter sa longévité qui n’est que le résultat d’une logique télévisuelle appliquée au cinéma.
Le cinéma est une industrie, mais c’est avant tout un Art, avec ce qu’elle exige de créativité et d’intérêt pour l’oeuvre cinématographique. Le MCU doit d’abord son succès au symbole, à une entreprise certes colossale mais qui a sacrifié l’Art et la prise de risques sur l’autel du box-office.

Le MCU restera dans l’Histoire du cinéma, c’est certain. Mais à terme, pas sûr que cela soit pour les bonnes raisons…

Auteur/Autrice

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