Jackie retrace l’histoire de Jacqueline « Jackie » Kennedy, l’épouse de John F. Kennedy, 35ème président des Etats-Unis qui fut tragiquement assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Pablo Larraìn raconte son récit en s’appuyant sur une interview que Jackie a donnée au journaliste Theodore H. White pour le magazine Life une semaine après le drame, cet entretien est le squelette du long-métrage, il sert de base pour raconter cette histoire grâce à des flashbacks qui retracent les évènements. Il nous livre un film bouleversant et très touchant qui parle du deuil et des difficultés de surmonter un deuil de cette ampleur, de toutes les complications et obligations que cela renferme. Une mort qui touche tout le monde mais pas de manière égale, ce qui implique un détachement de certains et une profonde solitude ressentie par ce personnage principal qui nous apparaît fragile et vulnérable.

Solitude du personnage

Cette solitude est parfaitement montrée par la mise en scène qui détache complètement Jackie du reste du monde. Elle apparaît souvent en retrait des autres personnages, elle est complètement décrochée de l’image. Cette séparation est accentuée par le tailleur rose qu’elle porte qui est en contraste avec les costumes noirs qui l’entourent. Jackie est constamment en marge du milieu dans lequel elle se trouve, personne ne comprend ce qu’elle endure et elle est seule à traverser cette épreuve. Seuls deux personnages sont inclus dans cette bulle construite autour de Jackie. Tout d’abord Bobby (Peter Sarsgaard), le frère de John F. Kennedy, qui est le seul personnage à partager sa peine, à pouvoir la comprendre car il traverse la même épreuve. Il essaye de la soutenir et de respecter tous ses choix tout en essayant de faire les siens et de gérer, lui aussi, son propre deuil. Et Nancy (Greta Gerwig), amie de Jackie et secrétaire à la Maison-Blanche, qui est présente pour elle, proche d’elle et qui la soutient durant toute cette épreuve. Ces deux personnages sont filmés beaucoup plus proches de Jackie, ils sont en phase avec elle, contrairement au reste du monde. Le format 1.66:1 du film accentue également sa solitude. Il permet au spectateur d’être au plus proche de Jackie, et nous ne pouvons qu’ignorer le reste au vue de la proximité que nous avons avec le personnage.

Jackie

La verticalité du métrage

Le format d’image évoqué ci-dessus, n’est pas là uniquement pour favoriser la proximité avec Jackie. Il permet de développer une verticalité dans le film en resserrant l’image horizontalement. La composition de l’image insiste beaucoup sur cette idée de verticalité, elle est présente partout dans le film. Des couloirs de la Maison-Blanche jusqu’aux piliers, en passant par la posture très raide de Jackie, toutes les lignes qui composent l’image sont orientées pour appuyer cette notion. Cette verticalité vient renforcer l’idée que Jackie essaye de rester droite, de ne pas perdre pied après cet évènement dramatique. Elle doit rester forte pour elle, pour ses enfants et pour tout un pays. Le monde s’effondre sur elle et la verticalité des lignes directrices de l’image accentue le poids qu’elle reçoit sur les épaules.

Jackie
Jackie

L'accompagnement de la bande originale

Pour ce qui est de la musique elle est, je trouve, irréprochable. Elle accompagne parfaitement le récit de manière presque continue et cette quasi-constance marque une rupture beaucoup plus impactante quand celle-ci s’arrête. Mica Levi a réussi à faire une bande originale qui retranscrit parfaitement les émotions ressenties par Jackie durant l’entièreté du film. On ressent grâce à ces cordes tout le désespoir et la douleur qu’elle éprouve. La musique n’est pas seulement là pour accompagner les scènes mais elle apporte des éléments au film, elle lui ajoute une vraie profondeur. C’est ce qui fait de la bande originale de Mica Levi, une œuvre grandiose et profondément marquante.

Natalie Portman incarne parfaitement la première dame des Etats-Unis. Que ce soit dans son langage, sa manière de parler ou dans sa manière de bouger, de se déplacer, tout est travaillé minutieusement pour retranscrire fidèlement ce personnage à l’écran. Elle livre une performance grandiose tout en restant extrêmement naturelle et sobre, ce qui la rend d’autant plus marquante. Jackie est un film très mélancolique qui traite de la mort et de la gestion du deuil, de manière extrêmement juste et touchante.

Jackie

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