Alors que sort bientôt Beau Is Afraid son prochain film événement, retour sur le premier choc inattendu de Ari Aster. Premier d’une belle et prometteuse filmographie (du moins tout porte à le croire), Hérédité (ou Hereditary en version originale) relève du grand cinéma d’horreur psychologique. Pas seulement effrayant, beaucoup d’éléments lui font prendre une mesure bien plus ample. De la première à la dernière seconde Ari Aster impose un important style qui rapidement condamne le spectateur à des images qui le marqueront pour un certain temps.

Paru sur nos écrans en 2018, Hérédité nous place dans la famille Graham tout juste endeuillée par le décès de la matriarche. Peu à peu les événements se succèdent pour laisser place à une atmosphère étouffante au sein de cette famille qui accuse très mal cette succession d’éléments perturbateurs. Le but d’Aster n’est pas seulement de nous faire peur, mais d’amener les personnages dans leurs retranchements. La mère (Toni Collette) est influencée par une rencontre qu’elle fait à un groupe d’aide aux personnes en difficulté et se lance dans des expériences spirituelles qui n’ont que des effets néfastes sur son mari et son fils. Aster rejette les habituels codes du cinéma d’horreur pour créer une sphère psychologique perturbante où les visions cauchemardesques des protagonistes s’enchainent. On nous laisse peu de répit pour digérer ces images perturbantes.

Hérédité 1

Hérédité ou la descente aux enfers d’une famille prise à un héritage troublant et en est impuissante. Soigneusement filmé, terriblement sinistre. Le bruit de bouche de la jeune Charlie (Milly Shapiro) suffit à hanter nos pires cauchemars, notre imagination nous joue des tours et Aster en a conscience et accentue les twists. Ce qui ce produit dans Hérédité n’est que le fruit d’une orchestration démentielle que ce soit dans l’écriture ou dans la mise en scène qui nous cueille sur les arrières plans et zones obscures, sans avoir recours aux bien connus jumpscares. Ici le futur réalisateur de Midsommar va beaucoup plus loin et nous laisse nous faire notre propre idée de ce qui rôde dans l’esprit de ses protagonistes et dans les recoins de la maison. On pourrait appeler ça une réalisation stratégique, mais c’est une façon de traiter le deuil de plusieurs façons différentes et d’imposer une patte. Comme ces miniatures que fait Annie qui représentent des moments qui se passent dans la maison et reflètent le fantôme qui pèse dessus, une astuce simple mais efficace.

Dans ce premier film, Ari Aster dissèque une famille sur le déclin et en fait un tombeau, un point de non retour où chacun va chavirer par anéantissement. Un huis clos des plus sombres, très généreux, qui joue sur le spectre et la génétique sans s’imposer de barrières. On ne ressort pas indifférent de ce type d’horreur là. Hérédité nous avait réservé une séance assez étouffante, si on adore les salles obscures pour profiter au mieux du film et de sa qualité on souhaitait revoir rapidement la lumière de l’extérieur. Mais le film est aussi un avertissement de ce qui nous attend pour les futurs projets du metteur en scène. On a désormais bien conscience que Ari Aster est un nom à ne pas prendre à la légère. Ce pressentiment s’est confirmé en 2019 lorsque le très solaire Midsommar nous as mis un méchant coup de soleil à la tête. En attendant on vous invite à revoir Hérédité.

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