Comment ce blondinet aux yeux bleus issu d’un milieu sous-prolétaire picard est-il devenu un auteur à succès ? De son nom à son apparence physique, Eddy Bellegueule a tout changé pour échapper à son passé et se transformer en Édouard Louis. C’est le récit de cette métamorphose que nous livre François Caillat dans son documentaire Édouard Louis, ou la Transformation qui sortira en salles le 29 novembre.

Comment Eddy Bellegueule s’est-il transformé en Édouard Louis ? C’est ce processus qu’il raconte dans un pèlerinage sur les lieux de sa transformation à Amiens. François Caillat parvient à établir une proximité entre Édouard Louis et le spectateur. Le jeune transfuge de classe offre un récit sans détour, poignant de vérité. Au fur et à mesure du documentaire, une relation quasi intime se tisse avec le spectateur. Il lui raconte sans langue de bois à quel point il détestait son milieu d’origine et sa famille pendant son enfance (et à quel point il se détestait de le détester), la façon dont il est parvenu à s’en extraire. Là où François Caillat aurait pu tomber dans le pathétique, il se démarque par un montage épuré et élégant qui suggère la misère plus qu’il ne la montre.

Une démarche d’authenticité

Comme une version condensée du roman En finir avec Eddy Bellegueule (Éditions du Seuil, 2014), ce documentaire d’une durée de 1h12 évoque la haine mêlée de tendresse d’Edouard Louis pour son milieu social, pour sa famille. Dans une démarche d’authenticité, François Caillat ne le restreint pas et lui permet de raconter librement les souvenirs de cette période-charnière de sa vie. En le laissant improviser, le réalisateur lui offre un espace d’expression dans lequel il peut mener une vraie réflexion sur son histoire.

François Chaillat ramène l'écrivain sur les lieux de sa transformation. © Tempo films
François Chaillat ramène l'écrivain sur les lieux de sa transformation. © Tempo films

Une rencontre sous tous les angles

Aucun proche de l’écrivain n’intervient dans le documentaire. À la place, le spectateur le rencontre sous différentes formes, dans différents contextes. Il y a d’abord les comédiens qui jouent son rôle au théâtre. Le documentaire est rythmé par des extraits de captations de pièces. Amoureux du sixième art, Édouard Louis a laissé plusieurs metteurs en scène adapter son histoire pour le théâtre. La rencontre avec l’auteur se déroule également sur les plateaux télé : les extraits d’interviews se succèdent. Chacun à leur façon, les présentateurs introduisent et synthétisent son histoire. Enfin, ce sont les lectures – par Édouard Louis lui-même – d’extraits de ses romans qui habillent le documentaire.

Cette approche donne véritablement l’impression d’une rencontre avec l’écrivain, il prend le spectateur par la main et lui fait des confessions. Mais plus qu’un simple récit de sa métamorphose, Édouard Louis veut lui donner de la visibilité. Il souhaite inspirer le spectateur, lui faire comprendre la force d’une transformation qu’il voudrait rendre accessible à tous.

Pour finir, après le roman, le théâtre, le film documentaire, c’est sous la forme d’une série que l’histoire d’Édouard Louis sera bientôt racontée. James Ivory, le scénariste oscarisé de Call me by your name, travaille sur The end of Eddy, qui devrait paraître sur Netflix en 2024.

En attendant, le touchant documentaire Édouard Louis, ou la Transformation, est à découvrir en salles à partir du 29 novembre.

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