Prequel de la trilogie phénomène Hunger Games, La Balade du serpent et de l’oiseau moqueur est toujours réalisé par Francis Lawrence et est sorti sur nos écrans le 15 novembre. Malgré les craintes, ce nouveau opus s’en tire avec tous honneurs.

Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des dixième Hunger Games, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem.

La naissance du mal

Les jeux semblaient faits pour ce nouvel opus Hunger Games. Un budget raboté (100 millions seulement), des bandes annonces moisies, une campagne promo discrète ; tout laissait augurer le prequel inutile usiné pour oxygéner artificiellement une saga qui n’avait plus rien à dire. Petit miracle, pourtant. Le film est excellent.

Première bonne idée : aller chercher pour faire l’origine story le bad guy Président Snow, possiblement le personnage le plus fascinant de la première trilogie. Jeune prince désargenté du Capitole en quête de redressement social via une mission impossible (faire gagner les Jeux à une fille du 12), Snow est présenté au départ comme le négatif inversé du tyran de la trilogie originale. Homme bon, aimant de sa famille et victime d’un establishment qui le méprise. La grande opération du film sera de montrer son ascension vers les sphères du pouvoir et de le convertir en ministre du Mal que l’on connait.

Un tel choix recèle deux atouts précieux. D’abord, donner à voir le contre-champ de la trilogie, et ainsi ajourner l’ennui d’un prequel façon redite. En se situant seulement dix ans après la fin de la guerre, à un moment où les Jeux sont encore balbutiants, le film expose la fabrique d’une dictature depuis les entrailles, et le regard des despotes.

Lucy Gray et Coriolanus Snow
Lucy Gray et Coriolanus Snow © Metropolitan FilmExport

Un casting District 1

Surtout, il permet d’éviter tout traitement manichéen des personnages, pour se concentrer sur un système d’ambivalence et de mystère flottant sur tous, à commencer par le jeune couple principal. Du duo Coryolanus – Lucy Gray promis archétypalement à s’aimer dès le premier regard, le film tisse une relation constamment ambivalente, où la manipulation n’est jamais à exclure. Le jeu de Rachel Zegler, volontairement niais et vigoureux, entretient une savante duplicité, quand son partenaire (Tom Blyth, presque inconnu au bataillon) est admirable de justesse de bout en bout, rendant crédible une évolution vers le Mal pas évidente.

Cette ambiguïté bienvenue infuse aussi tous les personnages secondaires. Ils se révèlent tous in fine un double fond plus profond que le trait de portrait initial. Le casting se révèle à cet égard d’une précision royale : Jason Swchartzmann façon présentateur narcissique, Peter Dinklage (Tyrion dans Game of Thrones), ou encore l’oscarisée Viola Davis en scientifique amatrice d’expérimentations animales. Ils sont tous parfaits.

Casca Highbottom, le doyen de l'Académie du Capitole
Casca Highbottom, le doyen de l'Académie du Capitole © Metropolitan FilmExport

Francis Lawrence, l'homme à tout – bien – faire

À la barre, le vieux briscard F. Lawrence, déjà auteur des trois derniers volets, ne fait pas de miracles mais tient sa ligne de route habituelle. Une narration claire et ordonnée (même si le film accélère un peu trop le cardio dans son dernier tiers) et une réalisation propre, à la fois élégante et impersonnelle.

Parmi ses qualités : une gestion ingénieuse de l’action, ressort minimale ici contractée en quelques flèches de violences brutes qui parviennent adroitement à contourner les limitations sanguines inhérentes à une saga Young-adult. La direction artistique surprend aussi, se situant à mi-chemin entre une esthétique rétro-futuriste pour figurer un Panem en reconstruction et une imagerie pastorale ondulante dans la dernière partie.

Finalement, en sortant de la salle, qu’une seule envie, devenue sentiment rare à Hollywood, que Suzanne Collins se dépêche d’écrire le second volet de l’histoire de Snow pour rapidement avoir une suite à l’écran.

En salles depuis le 15 novembre.

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