Dumbo, film fantastique américain de 2019, réalisé par Tim Burton, avec Colin Farrell, Danny DeVito, Eva Green & Michael Keaton

Synopsis : Holt Farrier est veuf, père de deux enfants et ancienne vedette de cirque. Il est engagé par Max Medici, propriétaire d’un cirque itinérant en grande difficulté, pour s’occuper d’un petit éléphant prénommé Baby Jumbo. Mais les choses tournent mal lors de la présentation au public du nouveau-né. L’éléphanteau est séparé brusquement de sa mère, la célèbre Madame Jumbo. Racheté par le propriétaire du Dreamland Circus de New York, il se retrouve pris au piège et obligé de voler aux côtés de la trapéziste française Collette Marchant.

Dans sa politique de manque d’originalité chronique, après Le Retour de Mary Poppins désastreux, Disney a désormais choisi de s’attaquer à son oscarisé Dumbo, qui semblait pourtant encore bien actuel, 78 ans après sa sortie. Pour cela, le studio aux grands oreilles est allé chercher un Tim Burton en perte de vitesse depuis une bonne dizaine d’années, refaisant venir au bercail un réalisateur de renom. Mais est-ce que la popularité fait le succès ? Tentative de réponse en quelques points.

Dumbo, comme d’autres classiques Disney, thématise l’idée que la différence peut être une force, et que la singularité peut nous emmener bien plus haut que la masse. Ces idées sont bien évidemment aussi au coeur du cinéma de Burton, de telle sorte que la rencontre semblait inévitablement propice à la réussite. Lorsque l’on voit le résultat final, on peut se dire que le pari est de prime abord réussi, même si cela laisse un petit goût d’inachevé. En cherchant à dénoncer la certaine oppression du spectacle à outrance, notamment dans son dernier acte, Burton vient célébrer la différence et l’ouverture d’esprit de manière noble. Pourtant, on a comme l’impression que Tim en garde sous la pédale par rapport à ces heures de gloire, sûrement car son film est ici produit par le summum dudit spectacle à outrance. On assiste ainsi à une version édulcorée des idées de Burton, où beaucoup de choses se mettent en place mais semblent être stopper dans leurs progressions par un cahier des charges trop restrictif. Malgré tout, force est de constater que le réalisateur américain semble avoir repris du poil de la bête, guider par son éventail thématique, pour offrir un remake aux émotions propres et nouvelles, évitant de tomber dans l’écueil du remake plan/plan pour offrir une nouvelle histoire et ainsi proposer de nouvelles réflexions autour de l’histoire du plus célèbre des éléphants du Septième Art.

En effet, Burton ne se contente pas de simplement bercer notre nostalgie en nous recyclant dans le dos le film original (prends ça, Rob Marshall) ; il essaie de s’approprier le matériel d’origine pour le passer à la moulinette de son esprit et en faire un récit réactualisé. En donnant une saveur étonnement plus moderne, notamment en démultipliant le gigantisme, Ehren Kruger signe un scénario qui, s’il n’est pas dépourvu de faiblesses (signalons quand même un premier acte particulièrement bancal qui n’inaugure pas grand chose de bon), arrive à offrir une histoire prenante et cohérente, malgré tout handicapé par une grande majorité de personnages bien trop superficiels dans leurs développements. Heureusement pour pallier à ce déficit scriptural, Dumbo profite d’un casting plutôt convaincant, avec en tête Colin Farrell et Eva Green qui semblent profiter ici de rôles taillés sur mesure pour eux, et qui, dans une certaine sobriété, excelle à donner ce petit plus qui marque la rétine. On pourrait également citer Nico Parker et Finley Hobbins, qui joue les deux enfants du film ; malgré des personnages monocordes dans l’écriture, les deux enfants arrivent à produire une performance honorable qui peut les promettre à un bel avenir. Si on regrettera le cabotinage de Danny DeVito, Alan Arkin et surtout Michael Keaton, qui signe là une pitoyable performance, il faut tout de même signaler que la vraie réussite du film, devant l’histoire et le casting, c’est la qualité visuelle d’une oeuvre aux effets spéciaux dantesques, où beaucoup de plans accrochent la rétine de par leur légèreté et un travail sur les couleurs, les costumes et les textures phénoménal.

Ainsi, si Dumbo n’est pas le chef d’oeuvre de l’année, il n’en reste pas moins un film très agréable au visionnage, sans véritable trou d’air et assez divertissant, nous apportant une double preuve : celle que Burton, même s’il n’est plus au niveau de l’apogée, semble reprendre du poil de la bête, mais également celle que Disney est encore capable, dans sa stratégie non-créative, de livrer des belles oeuvres de cinéma. De quoi peut-être espérer pour l’avenir, qui va s’écrire à court terme en juillet pour la redite du Roi Lion…


Note

7,5/10

Visuellement sublime, globalement cohérent et prenant, Dumbo est un divertissement sympathique, prouvant que Burton semble sur le retour, n’allant malheureusement que rarement au bout des ses idées.


Bande-annonce

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