Réalisateur: Juho Kuosmanen

Casting: Seidi Haarla, Yuriy Borisov, Dinara Drukarova

Genre: Drame

Sortie: 2021

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Synopsis : Une jeune Finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.

Visionner Compartiment N°6, c’est comme s’embarquer dans un long et lent voyage sans billet, en ayant sans cesse cette peur de quitter le train mais restant toutefois pour cette même excitation séduisant par ce je-ne-sais-quoi.

Le film débute tranquillement, chaleureusement pour ensuite devenir plus froid, pluvieux, enfermant. Comme Laura, on ne sait plus sur quel pied danser, on se perd dans le film sans décrocher pour autant de ce très beau personnage féminin. Les plans serrés collent le spectateur à son corps et ses émotions. De longs plans-séquence, caméra portée à l’épaule, suivent sa déambulation tantôt hésitante, tantôt assurée.

Le sentiment de solitude est ressentie par l’ambiance austère et froide des décors ainsi que l’absence d’échanges avec l’extérieur. Les personnages sont constamment enfermés dans leurs bulles jusqu’à la dernière partie du film, plus ouverte, plus respirable. On continue de regarder mais l’impression de ne plus être dans le même film s’accentue. La véritable force de Compartiment N°6, c’est de nous mener dans l’inconnu sans pour autant chercher à nous étonner.

Seidi Haarla en route pour un voyage innatendu

Sans être passionné, on finit finalement par apprécier cette étrange errance, amenant de véritables moments hors-du-temps, souvent musicaux. Ces instants nous happent pour mieux ramener cette histoire pouvant sembler banale à une quête d’identité, d’intériorité. Le rythme lent et contemplatif épouse donc ce personnage féminin en transition, aussi bien physique que mental. Le choix du train n’est lui aussi pas anodin, il ouvre à l’introspection avec ses différents wagons, véritables fenêtres sur le monde ou sur une rêverie. On pense à Bergman avec son film « Le Silence » ou à la scène d’ouverture de « Dead Man » réalisé par Jim Jarmusch.

Le long-métrage peut se résumer dans cet entre-deux où la vie surgit à l’intérieur là où on ne l’attend pas. Les dialogues semblent importants mais ne le sont que très peu face à ce que l’on retient à la fin du film. Un apaisement, doublé d’un sourire, devant cet ovni qui séduit par son étrangeté, par ses partis pris forts et risqués malgré une mise en scène pas toujours à la hauteur de la promesse.

Yuriy Borisov & Seidi Haarla

Enfin, revenons sur le mélange de genre que cultive le film, particulièrement bien équilibré et intelligent. Compartiment N°6 est à la fois un road-movie de par son caractère migratoire, ses personnages toujours en mouvement ainsi qu’à travers leur évolution psychologique au fil du voyage, mais également une vraie romance. Dans de nombreux films de ce genre, les rencontres dans les trains sont foisons. Que ce soit les premiers échanges sobres et tendres de Jesse et Céline dans Before Sunrise ou ceux plus pimentés de Joel et Clémentine dans Eternal Sunshine of The Spotless Mind, l’alchimie partagée par ces deux couples n’a jamais fait aucun doute. Par contre, ici, Laura et Lyokha viennent de deux mondes différents et ne semblent pas être faits pour survivre dans une même cabine.

On détourne les codes pour mieux les saisir, le spectateur n’est évidemment pas dupe mais le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen assume de ne rien miser sur le suspens. La tension dramatique vient en réalité des confrontations entre ces deux âmes en suspens complètement incompatibles qui s’attrapent et restent néanmoins accrochées l’une à l’autre.


Note

Note : 6 sur 10.

6/10


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