Glaçant et angoissant, le nouveau film d’Alex Garland (Annihilation, Ex machina) dépeint une Amérique dystopique en proie aux instincts les plus sauvages de l’humanité.

Une équipe de quatre journalistes parcourt un pays qui sombre dans une guerre civile plus que réaliste. Avec comme seules armes leur appareil photo et leur insigne presse, les reporters capturent l’inregardable.

Une montée en puissance

Le film se construit par le voyage des quatre journalistes. Ils rencontrent des individus qui se fondent parfaitement dans l’environnement apocalyptique du long-métrage. La violence y est grandissante dans un univers où toutes règles et toutes lois ont été abolies. Jessie (Cailie Spaeny) croise alors le chemin de Lee (Kirsten Dunst) dans une scène d’ouverture qui donne le ton. Ainsi, elles formeront un quatuor avec Joel (Wagner Moura) et Sammy (Stephen McKinley Henderson) dans une quête où le témoignage photographique est au centre de l’histoire. Chaque étape permet de faire passer un nouveau pallier de violence, de brutalité. L’humain exacerbe sa sauvagerie. Le film grandit en même temps que le pays sombre dans le chaos total. Côté spectateur, le malaise est palpable du fait du réalisme de l’action.

Jessie (Cailie Spaeny) et Joel (Wagner Moura) © A24
Jessie (Cailie Spaeny) et Joel (Wagner Moura) © A24

Une Amérique fracturée

Alex Garland définit son film comme une “allégorie de science-fiction à notre situation difficile actuellement polarisée”. Garland imagine une apocalypse presque trop réelle. Trop réelle, car avec Civil War, il n’y a ni épidémie, ni catastrophe naturelle, ni vulgaires zombies synonymes de fin du monde, mais uniquement l’être humain, au centre de tout. Trop réelle également car le spectateur pourrait presque (trop) facilement s’identifier et imaginer ce genre de scénario dans un monde fracturé. L’humain devient alors de plus en plus inhumain à l’image d’une séquence angoissante avec un milicien nationaliste joué par le talentueux Jesse Plemons. Dans un monde en lambeaux, les quatre protagonistes tentent de survivre en faisant ce qui les rassemble.

Un milicien nationaliste pas comme les autres (Jesse Plemons) © A24
Un milicien nationaliste pas comme les autres (Jesse Plemons) © A24

Un film sur l’art photographique

L’appareil photo de Lee se présente d’abord comme une arme offensive mais également comme une arme défensive, jusqu’à une certaine limite. L’appareil, la photographie plus globalement, est également ce qui les lie. Jessie, bleue de la bande, grandit au cours du long-métrage jusqu’à se métamorphoser en Lee. La relation des deux femmes est travaillée à l’écran quitte à vouloir les confondre. Jessie est probablement le souvenir d’une Lee jeune, d’abord apeurée puis insouciante. Lee, journaliste impassible, est une quasi projection de la femme que Jessie va devenir. Elle transmet inconsciemment son savoir et son savoir-faire à la jeune reporter.

Civil War est loin d’être un film apocalyptique anodin. Il impulse quelque chose de nouveau dans la construction de son histoire. Road movie, il en devient effrayant par les multiples possibilités de sauvageries de l’être humain. En salles depuis le 17 avril.

Auteur/Autrice

Partager l'article :