Life – Origine Inconnue, film américain de 2017 de Daniel Espinosa avec Ryan Reynolds, Jake Gyllenhall et Rebecca Ferguson.
Après le grandiose Premier Contact et peu de temps avant Alien : Covenanrt, la science-fiction remontre le bout de son nez avec un film au casting alléchant et à l’inspiration d’Alien très prononcée.
Autant être honnête tout de suite, le film est pour moi loin, très loin d’être une réussite. Non content de se poser comme un hommage à Alien, le film ne parvient pas à se libérer de ce carcan et tombe dans un abîme de clichés ubuesques. La tête brulée, le gars discret mais clairvoyant, la femme stricte…. Tous les personnages que vous pourrez voir dans ce film ont déjà été vus autre part, et il vous suffira de les voir une fois pour connaître le destin de la plupart d’entre eux. Seul Jake Gyllenhall parvient à tirer son épingle du jeu : incarnant un personnage discret et quasi nihiliste, sa performance fait toujours des merveilles. Mais il est bien le seul à se démarquer tant le reste du casting peine à se détacher des clichés de leur personnage.
On pourrait rétorquer que remplir le film de clichés est un parti-pris : mais d’une part, ces clichés ne sont jamais déconstruits, et d’autre part, cela réduit considérablement la tension du film, à tel point que l’on voit venir tous les retournements de situation. Si vous êtes un tant soit peu attentif, le film ne vous offrira aucun moment de tension véritables : les ficelles scénaristiques sont beaucoup trop évidentes et les retournements seront visibles à des kilomètres. Aux clichés des personnages s’ajoutent donc des clichés scénaristiques éculées, que le premier Alien utilisait déjà 39 ans en arrière. Même la fin, qui aurait pu être ultra intelligente et surprenante, est désamorcée car amenée de manière encore une fois beaucoup trop évidente et incompréhensible.
On peut cependant saluer un certain travail de mise en scène de Daniel Espinosa, qui a l’intelligence (à l’inverse d’un Seul sur Mars par exemple) de concentrer l’action à l’intérieur du vaisseau, en isolant les personnages, de manière ironique, en orbite autour de la Terre. La lumière, à la fois ouatée et froide, immerge le film dans un environnement amical de premier abord mais que l’on sent très vite devenir hostile. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un magnifique plan-séquence qui nous présente les personnages de manière classique, dans l’environnement spatial. Même si certaines décisions de réalisation pourront paraître assez incongrues (comme prendre le point de vue de la créature), le travail de mise en scène et de photographie aura donc le mérite de relever un peu le niveau. Le côté scientifique de l’histoire est également très réussi, ancrant l’histoire dans un environnement vraisemblable et montrant un quotidien spatial assez crédible.
Mais tout ce bon travail est donc malheureusement gâché par ce scénario sans queue ni tête. Si le design de la créature est correct, son traitement est totalement lambda : quasi-invincible, elle ne pose aucune question sur notre propre rapport à la survie (malgré ce que tente de nous faire croire le film à travers certains dialogues) ou sur la découverte d’une vie extraterrestre. C’est une créature tueuse, point. Et le point le plus dommageable, ce que j’appelle le « syndrome Prometheus » ou « le scénario n’avance que si les personnages sont débiles ». Vous passerez le film à vous demander pourquoi les personnages agissent ainsi, et vous trouverez bien vite des solutions auquel ces scientifiques n’ont manifestement pas la lucidité de penser. Les énumérer serait inutile, le film parle de lui-même.
Au bout du compte, il est clair que Daniel Espinosa est meilleur metteur en scène que scénariste. Si son travail de mise en scène permet d’offrir des moments de tension, le scénario complètement bâclé désamorce totalement tous ces effets et use d’effets de manches totalement éculés et qui ne surprendront plus personne. Un gâchis d’acteurs, de talent de mise en scène et de photographie. Si le film se laisse regarder et est divertissant, les plus attentifs d’entre vous auront du mal à rentrer dans un film aussi mal écrit, malgré une réalisation, qui, à mi-chemin entre Alien et Gravity, aura le mérite d’être efficace. Mais Life – Origine Inconnue ne mérite pas le détour.
Note : 6/10
Moyenne IMDb : 7/10
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