Après son excellent premier film, Saint Maud (2019), et dans un genre complètement différent, Rose Glass revient avec le tampon A24 dans un thriller noir porté par un trio d’acteurs exceptionnels dans leurs rôles respectifs : Kristen Stewart, Katy O’Brian et Ed Harris.

Lou, gérante d’un club de gym, tombe amoureuse de Kathy, nouvelle cliente culturiste. L’amour qu’elles se portent va les amener dans une tornade de violence qui ne les laissera pas indemnes.

L’explosion de l’enfermement

Lou (Kristen Stewart) est coincée dans une vie qu’elle hait. Son père (Ed Harris) d’abord, mafieux effrayant erre dans sa vie et l’empoisonne par sa présence et son passé. Sa sœur, Beth (Jena Malone) emprisonnée dans un syndrome de Stockholm par son mari JJ (Dave Franco), misogyne, violent et profondément idiot. Son travail enfin, une salle de sport qui la tue à petit feu. C’est alors que Jackie (Katy O’Brian) apparaît pour illuminer le destin de Lou. Les deux protagonistes tombent éperdument amoureuses mais le passé et les travers de chacune vont émerger au sein de leur relation. Lou apparaît comme la personne réfléchie, Jackie comme la force non tranquille. Ensemble, elles vont se compléter pour avancer dans une histoire qui deviendra de plus en plus violente, voire par moment presque rocambolesque.

Lou (Kristen Stewart) dans Love Lies Bleeding
Lou (Kristen Stewart) dans Love Lies Bleeding © Metropolitan FilmExport

La transformation jusqu’à la brûlure

Kathy, à la musculature et au charisme hypertrophiés, apparaît comme l’ange salvateur de Lou. Dans une pratique des entraînements et une prise de produits dopants exponentielles, Kathy comme Icare se brûlera les ailes et perdra toute maîtrise sur sa vie. À l’image de Lou, elle est broyée par sa vie passée, vaguement évoquée au cours d’un appel téléphonique. Leurs vies aujourd’hui impactées par ces passés vont prendre une tournure qui aurait pu leur être fatale. Dans une quête, celle de la masse et de la perfection culturiste, Kathy rappelle le personnage de Sara Goldfarb (Ellen Burstyn) dans Requiem for a Dream qui coûte que coûte souhaite participer à son émission de télévision. Moins dramatique, son parcours n’en est pas moins triste. Heureusement, Lou, par le biais de son père, est là pour la sauver. Kathy et Lou se sauveront tout au long du film de manière directe ou indirecte.

Lou (Kristen Stewart) et Jackie (Katy O'Brian)
Lou (Kristen Stewart) et Jackie (Katy O'Brian) © Metropolitan FilmExport

Une image stylisée et imaginée

Plongé dans un univers ultra réel des années 1980, le spectateur est complètement immergé dans la vie de Lou. Dans une composition esthétique, semblable dans l’histoire et le style à Iron Claw de Sean Durkin, la réalisatrice avance pas à pas dans des chapitres de plus en plus fantasmés. L’alternance du réel et de l’imaginaire rend le long-métrage addictif sur la suite des événements. Kathy qui se transforme, accompagne Lou, et vice-versa. Cette métamorphose bascule le film dans un univers qui oscille entre réalité et fiction. Pari risqué mais réussi ! 

Dans une histoire qui rappelle Tarantino sur certains traits et dans une photographie et mise en scène qui rappellent Iron Claw, Love Lies Bleeding se démarque par la patte artistique et imaginaire de Rose Glass. 

En salles depuis le 12 juin.

Voir la bande-annonce :

Auteur/Autrice

Partager l'article :