On ressort presque catastrophé de Triangle Of Sadness (Sans filtre) la Palme D’or du Festival De Cannes 2022, et nouveau film de Ruben Östlund auteur de Snow Therapy (2014) et The Square (Palme D’or 2017), tant c’est lourdingue et long pour finalement arriver à une comédie écrite sans le moindre sérieux qui se moque à l’excès du public.

UNE OUVERTURE MALADROITE

Et pourtant, c’était pas trop mal parti (ou presque) ! On débute sur un casting de mannequins où corps musclés et expressions forcées envahissent l’écran, pour dériver ensuite sur la présentation d’un « couple » d’influenceurs nommés Carl et Yaya (Harris Dickinson & Chardbi Dean, récemment décédée), qui se chamaillent pendant près de 15 minutes pour une raison qui n’intéresse absolument personne, et se prolonge. On comprend que Östlund souhaite aborder la relation homme-femme et l’égalité financière entre les deux, mais c’est si maladroitement exposé que ça n’a aucun intérêt. Sans compter les dialogues répétitifs. 20 bonnes minutes se sont déjà écoulées sans qu’on comprenne où le metteur en scène veut en venir.

Chardbi Dean joue Yaya dans "Triangle Of Sadness -Sans Filtre"

DU CONFORT ET UN NAUFRAGE AU SENS PROPRE

Et ça ne fera qu’empirer ! Richesse, luxe, les différentes classes sociales, le patriarcat, et l’égalité pour tous ! On est à présent embarqués en croisière, et on comprend à présent dans quoi on s’engage, mais on préfère se tromper. Si Ruben Östlund rassemble plusieurs types de personnalités, et un énorme flux de fortunés, il s’égare rapidement sur les différents passagers ainsi que l’équipage de bord oubliant souvent notre couple d’influenceurs qui n’a d’ailleurs pas grand chose à faire durant toute cette partie sur le yacht, ce qui est dommage puisque nos deux jeunes représentent cette nouvelle génération en plein dans le système des réseaux sociaux et de l’influence que ça a. Un sujet que le metteur en scène n’aurais pas dû laisser de côté, hors il l’aborde brièvement lors d’un échange avec un riche homme d’affaires russe, tout ça manque beaucoup de pertinence. À la place le réalisateur préfère s’attarder sur des détails qui montrent qu’on se trouve en terrain fastueux, mais ça on l’avait compris.

Alors qu’on se demande encore dans quelle direction va l’intrigue, Sans Filtre prend une tournure comique voir parodique des plus surprenante, et Östlund se laisse aller à l’excès et à la dérision jusqu’à ne plus du tout maîtriser son scénario. Un semi naufrage au sens propre comme figuré, qui s’éternise sans rien raconter, un délire grotesque auquel participe Woody Harrelson (le malheureux) qu’on réduit à un rôle de commandant alcoolisé sans introduction ni conclusion propre. À ce moment là le film a atteint un tel niveau de n’importe quoi, qu’on se demande encore s’il est récupérable.

HÉLAS NON

On termine sur une île en mode Lost, et évidemment la métaphore est toute faite. La chute ! Le retour au point de départ des riches qui se retrouvent au même niveau que les classes en dessous, le message devient encore plus clair lorsque la femme de ménage du yacht prend la responsabilité des rescapés en revendiquant la fonction de commandant. Une révolte salariale donc ! Le message est bien passé, mais est-ce qu’on peut prendre ça au sérieux ? Il est hélas impossible de prendre quoi que ce soit au sérieux à ce moment là, c’est limite risible. Même les intentions de Ruben Östlund sont confuses, tout autant que le scénario qui n’a plus vraiment de sens.

IL EST TEMPS DE CONCLURE NON ?

On ne s’attardera pas sur la façon dont se conclu le long métrage, la plaisanterie atteint son paroxysme, on a même plus l’impression de regarder un divertissement (et encore moins une Palme d’or), mais un téléfilm d’aventure au twist ringard diffusé sur la TNT. La moquerie a assez duré !

Triangle Of Sadness : Sans Filtre est aux premiers abords un voyage confortable où la vanité et la haute société sont exposées, pour prendre une tournure narnardesque et inattendue, où le réalisateur ne prend plus rien au sérieux, et devient irrécupérable, même s’il tentera un retournement de situation qui inverse les rôles et établi des rapports de forces, en vain. Nous avons affaire à un échec scénaristique, et à un flop tout simplement. Quel dommage !

Le film est à découvrir en salles depuis ce Mercredi.

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