Il s’apprête à dévoiler au monde la suite du plus gros succès mondial de tous les temps, c’est le roi du box-office, James Cameron bien sûr ! Il est attendu au tournant avec Avatar : The Way Of Water, 13 ans après le premier volet, une suite avec laquelle il a pris d’énormes risques financiers.

AVANT LA VOIE DE L’EAU, LE NAUFRAGE DU PLUS CÉLÈBRE PAQUEBOT !

Mais bien avant Avatar, il y avait un autre mastodonte cinématographique qui avait submergé les salles du monde entier. Un film voué à l’échec à l’époque, qui a battu tous les records pour s’inscrire parmi les plus gros succès de tous les temps, mais également dans l’esprit du public. Titanic bien sûr ! Sorti en 1997, l’intrigue démarre la même année, une équipe de chercheurs dirigée par Brock Lovett (Bill Paxton) explore l’épave du paquebot à la recherche d’un diamant d’une grande valeur normalement enfoui sous l’océan depuis 84 ans. Cette quête les mène à Rose, une vieille femme et ancienne passagère du Titanic qui a survécu la nuit où le bateau a sombré. Interrogée sur ce qu’elle a vécu à bord, Rose nous ramène en 1912 alors qu’elle était une femme fiancée, mais prisonnière d’un lourd fardeau familial, qui embarquait maussade pour le voyage inaugural du navire sans se douter qu’un jeune artiste sans un sou allait croiser son chemin.

UNE ROMANCE AU COEUR DE TOUT

La romance entre Jack (Leonardo DiCaprio) et Rose (Kate Winslet) est l’une des histoires d’amour les plus appréciées et populaires de l’histoire du cinéma. Elle continue même de conquérir les nouvelles générations qui découvrent le film aujourd’hui tout en amadouant les spectateurs de la première heure. Bien sûr, cette romance repose sur un dessein bien classique. Deux personnes opposées par leurs différences sociales et peu destinées à se rencontrer, vont tomber amoureuses et vivre une aventure ô combien romantique et euphorique qui donneront lieu à quelques-uns des plus beaux moments de l’histoire du cinéma.

Bonjour Jack, j’ai changé d’avis
Une image ancrée dans l'histoire du cinéma

L’image des deux amants sur la proue du bateau, face à l’océan à perte de vue, doucement éclairés par le coucher de soleil, accompagné par la sublime chanson de Céline Dion « My Heart Will Go On » reste le moment le plus iconique du très long métrage de James Cameron.

PLUS SYMBOLIQUE QU’ON NE LE PENSE ?

On remarque, même si ce n’est peut-être pas fait exprès par l’auteur des deux premiers Terminator, que les deux proues du Titanic sont le théâtre de plusieurs moments primordiaux. Comme l’exaltation de Jack et Fabrizio juste après leur embarcation, la première rencontre entre Jack et Rose, leur premier baiser, et hélas l’endroit où ils se retrouvent au moment où le Titanic sombre définitivement. Et pour boucler la boucle, c’est à la proue du bateau qu’une Rose plus âgée jette dans l’océan le fameux bijou « Le Cœur de l’océan » qu’elle possédait secrètement depuis que son ancien compagnon Cal le lui avait offert au moment de la croisière. Un film bien plus symbolique qu’il n’y paraît ! Et si on veut vraiment aller plus loin il est important de mentionner que c’est le dessin de Jack (avec Rose nue portant le collier), qui déclenche toute l’histoire. Rien n’est laissé au hasard donc.

Pour anecdote, dans la fameuse scène où Jack dessine Rose sur le canapé, ce ne sont pas les mains de Leonardo DiCaprio qui œuvrent, mais celles du réalisateur en personne.

UN REGARD MOQUEUR SUR LES RANGS SOCIALES

Bien sûr, il y a une critique assez évidente sur les classes sociales, on voit que Cameron prend cela à revers tout du long en mélangeant les pauvres et les riches malgré les niveaux qui les séparent. Au début, notamment, on y voit Rose, Cal et compagnie, recevoir des œuvres d’art de Picasso dans une suite luxueuse (œuvres critiquées par Cal et appréciées par Jack), tandis que Jack et son ami se contentent de simples couchettes. Par la suite il y a bien entendu la magnifique séquence du dîner où Jack, convié, aborde un smoking sur mesure et fera connaissance avec toute la belle population du paquebot, pour se retrouver ensuite à une bonne table. Le jeune artiste préfère un morceau de pain au caviar qui lui est servi, et se lance ensuite dans un discours philosophique sur ce qu’est la vie pour lui.

Pour que ce jour compte – déclare t-il à une table qui l’accompagne en cœur.

Et Cameron ne va pas s’arrêter là. Sitôt le dîner fini, Jack entraîne Rose dans une fête entraînante où cette dernière s’amuse bien plus qu’en classe supérieure. Une façon toujours plus subtile de dire que les pauvres n’ont rien à envier aux riches.

D’une manière générale, il n’aura pas fallu bien longtemps à Cameron pour prendre ces clichés et s’en moquer.

UN TOURNAGE PHARAONIQUE POUR UN FILM MONSTRUEUX

Un classique, qui on le rappelle a nécessité la construction d’une quasi-réplique du véritable paquebot, ainsi que de plusieurs bassins, parce qu’on est chez James Cameron et que le réalisateur de Aliens Le Retour et Abyss repousse toujours les limites de la technologie avec des tournages pharaoniques. Le budget de Titanic s’élève à 200 millions de dollars, mais il en a rapporté plus de 2 milliards. Cameron sait toujours ce qu’il fait visiblement. Bien sûr, quand on voit le résultat, c’est justifié. Chaque scène qui voit le navire (apparemment impossible à couler) s’enfoncer dans l’Atlantique est un spectacle à couper le souffle. Rarement, le cinéma n’avait pas été le témoin d’une telle prouesse.

Les 1h30 de naufrage qui voit les passagers essayer de survivre par tous les moyens, et en parallèle nos deux héros bloqués dans les bas-fonds déjà submergés sont d’une maîtrise grandiose. Et bien sûr Cameron ne s’arrête pas là ! Il s’arme de plans divins pour capturer au mieux chaque moment chaotique où sont impliqués Jack et Rose – et les autres passagers et membres de l’équipage. Notamment un, où ils sont poursuivis par une grosse vague qui menace de les noyer, un plan qui les filme de loin et de face en jouant avec les lumières défectueuses. Un moment surréaliste.

La plus grande force de cette seconde partie est d’avoir plusieurs points de vue sur les victimes de ce terrible naufrage. Cameron adopte un point de vue d’ensemble sur l’ampleur que représente cette tragédie. Sur les ponts avec les musiciens qui essaient tant bien que mal de calmer la panique qui règne, dans les canots de sauvetage où le mot d’ordre « les femmes et les enfants d’abord » n’est guère respecté, dans le grand escalier, chez la troisième classe etc.

Cameron est aux quatre coins du navire pour nous montrer de la meilleure façon ce qu’a été le naufrage du plus grand paquebot du monde.

À tous les niveaux, Titanic est doté d’une puissance émotionnelle rarement vue, et d’une maîtrise de mise en scène jamais atteinte. Du grandiloquent à toutes les sauces, beaucoup de larmes pour le dernier quart d’heure, un duo qui fait toujours autant d’étincelles, et le baiser final nous laisse essuyer nos dernières larmes après avoir vu Jack périr au bord de ce radeau. Un sort qui n’a jamais cessé de déplaire même 24 ans après. Parce que oui, il y avait de la place sur ce radeau ! Mais Jack devait mourir, James Cameron en avait décidé ainsi. Ce n’est pas pour autant que le film ne reste pas un incontournable générationnel, un bijou. Le cœur de l’océan, pardon le cœur du cinéma.

Voir la bande-annonce :

Auteur/Autrice

Partager l'article :