Est-il possible d’aimer un film avec une narration classique mais solide, pleine de tropes déjà vus mais bien utilisés ? Oui c’est possible.

C’est le cas de ce mélange de quête identitaire, de thriller et de science-fiction, réalisé en 2005 par Michael Bay (Transformers, Armageddon) avec Ewan McGregor et Scarlett Johansson en têtes d’affiche.

Lui c’est Lincoln « 6 Écho », elle c’est Jordan « 2 Delta ». Tous deux font partie d’une « nouvelle humanité » toute de blanc vêtue, vivant dans une colonie souterraine post- apocalyptique, après qu’une maladie mortelle ait frappé la terre. Du moins c’est ce que leur ont toujours dit les dirigeants de cette société, qui en plus de leur imposer un règlement très strict (pas de contacts physiques trop proches entre hommes et femmes, pas de liberté individuelle), leur promet l’espoir d’aller vivre sur « l’ile » mystérieuse terre promise (qui donne son titre au film) sur laquelle l’humanité pourra commencer une nouvelle vie. Cependant notre petit blondinet (Ewan McGregor génial dans son rôle de « pure boy »), se pose tout un tas de questions. Pourquoi sont-ils habillés en blanc ? C’est quoi Dieu ? Pourquoi font-ils le travail qu’on leur impose ? L’île existe-t-elle ? Et surtout quelle est cette étrange attirance qu’il éprouve envers sa meilleur amie (Scarlett Johansson au top bien avant son rôle de Black Window) au point de désobéir aux distances établies ? Et tout bascule le jour où il découvre l’horrible vérité !

Les décors futuristes et les différents éclairages, tantôt froids, tantôt agressifs évoquent Minority Report. Les différentes machines et autres robots semblent tout droit sortis de Matrix. Le montage d’images et le cadrage sont très dynamiques et offrent des séquences assez spectaculaires, notamment durant la scène de la fuite de la colonie où on partage un peu la panique de nos deux héros traqués par des vigiles.

La musique composée par Steve Jablonsky accompagne parfaitement bien l’image que ce soit dans les moments d’action où les moments d’émotions.

The Island 1

Côté casting, le duo McGregor/Johansson fait des étincelles, dans leurs rôles de « pure boy » et « pure girl » avec des mentalités d’enfants de 15 ans qui ne comprennent pas grand-chose du monde extérieur. Comme le montre la séquence où Lincoln s’extasie devant une moto, ou encore le passage où Jordan s’éblouit en entendant son compagnon lui parler d’un insecte qu’il a découvert. Leurs différentes réactions faces aux diverses révélations sur leur société et le comportement humain font que l’on s’attache très vite à eux au point de vouloir les voir s’en sortir, ce qui cimente le récit à merveille.

Les autres rôles sont bien campés, Steve Buscemi fait sourire en tant que scientifique désabusé et sarcastique qui se voit obligé de « dire au enfants que le père Noël n’existe pas ». Djimon Hounsou nous offre une magnifique scène de remise en question sur le comportement parfois inhumain dont l’homme est capable. Il a une bonne présence dans les quelques scènes où il apparaît. Sean Bean, l’ancien Boromir du Seigneur des anneaux et Janus dans Goldeneye, interprète encore une fois l’antagoniste du film. Quand il apparaît à l’écran lors de son premier échange avec le héros on sent qu’il cache quelque chose et révèle une aura assez glaçante quand il sent que la situation lui échappe. Enfin, les autres membres de la colonie (Michael Clarke Duncan, Ethan Phillips, Brian Stepanek, Siobhan Flynn) apportent leurs pierres à l’édifice rendant l’univers et l’intrigue du film solides.

Le scénario, écrit par Alex Kurtzman, Roberto Orci et Caspian Tredwell-Owen, tient la route et enchaine sans problème les moments d’action trépidante et les passages plus calmes où les personnages se parlent. Les explications sur le fonctionnement de cet univers ne sont ni trop simples ni ridiculement compliquées car bien montrées visuellement en début de film, ce qui permet aux spectateurs de remarquer quelques indices sur les secrets qui entourent la colonie bien avant la révélation. Le suspens fonctionne de sorte que l’on s’inquiète pour nos héros quand ils ont des ennuis.

Bien-sûr, réalisation de Michael Bay oblige, le film a droit à sa grosse scène de destruction avec des explosions dans tous les sens et sa chute dans le vide du haut d’un immeuble mais ça ne plombe en rien le récit.

En somme The Island est un film d’aventure SF classique mais efficace dans sa narration, qui vaut le coup d’œil.

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