Il est temps de parler musique…mais sans oublier le cinéma bien-sûr ! Pour cela, on part sur la côte ouest des États-Unis, à Los Angeles. Là-bas, dans les années 1960, naît un groupe mythique du rock américain : The Doors. En 1991, Oliver Stone nous a fait découvrir son histoire dans un film culte sur lequel nous allons nous pencher aujourd’hui.

« If the doors of perception were cleansed, everything would appear to man as it is : infinite ». Ce vers du poète William Blake est tiré de son recueil intitulé The Marriage of Heaven and Hell. L’écrivain britannique Aldous Huxley s’est inspiré de cette phrase pour écrire The Doors of perception, un ouvrage paru en 1954. Jim Morrison s’en est à son tour inspiré pour créer The Doors, un groupe de musique dont le but est de mixer le rock et la poésie.

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Val Kilmer, interprète de Jim Morrisson, entouré des interprètes de Ray Manzarek, Robby Krieger et John Densmore. © Bill Graham Films

" Is Everybody in ? "

Le film s’ouvre le 8 décembre 1970, jour du 27ème anniversaire de Jim Morrison. Ce dernier enregistre alors ses poèmes, seul en studio. L’un d’entre eux commence par ce vers : « Is everybody in ? The ceremony is about to begin ». Puis, Oliver Stone rembobine le fil de l’histoire et nous transporte en 1949, où le petit Jim est témoin d’une scène qui le marquera toute sa vie. Nouveau voyage dans le temps, en 1965 cette fois-ci, pour assister à la naissance des Doors.

Le 8 juillet 1965, Jim Morrison flanait comme à son habitude sur une plage du quartier de Venice, à Los Angeles, lorsqu’il tomba sur Ray Mazarek. Les deux hommes avait été camarades de classe au cours de leurs études de cinéma à l’UCLA. À la fin du cursus, Jim avait décidé de partir sur la côte est du pays, à New York. Rien ne les destinait à se revoir un jour, et pourtant le hasard (vraiment ?) en a décidé autrement. Ils se sont ainsi lancés dans une longue conversation afin de savoir ce que chacun devenait. Jim vivait sur le toit d’un immeuble, passait son temps à écrire des poèmes et à arpenter la ville avec sa petite amie Pamela. Ray lui demanda alors d’en réciter un. Après quelques hésitations, le timide Morrison se lança a capella :

« Let’s swim to the moon
Let’s climb through the tide
Penetrate the evening that the
City sleeps to hide
Let’s swim out tonight, love
It’s our turn to try
Parked beside the ocean
On our moonlight drive »

Ray, qui était lui même musicien, fut si impressionné par les paroles de Jim qu’il lui proposa de créer un groupe de musique et « de se faire un million de dollars ». Morrison accepta et le nom du groupe fut immédiatement choisit : The Doors.

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"The Doors" revient aussi sur la relation tumultueuse qu'entretenait Jim Morrisson avec Pamela Courson. © Bill Graham Films

à l'aube du succès

Deux autres musiciens se sont ajouté à la formation : Robby Krieger à la guitare et John Densmore à la batterie. Jim s’occupait du chant et Ray de l’organ. Les premières répétitions ont eu lieu. Oliver Stone nous montre les membres du groupe en pleine recherche de mélodies et de paroles. On assiste ainsi à la création de futurs tubes tels que Break On Through (to the Other Side) ou Light My Fire. Puis est venu le temps pour les Doors de se produire dans les bars de Los Angeles et finalement, après avoir convaincu le producteur Paul A Rothchild, d’enregistrer un premier album.

Enregistré en seulement six jours, le premier album du groupe, sobrement intitulé The Doors est sorti en janvier 1967. Le succès a été total, notamment grâce au titre Light My Fire qui a atteint la première place du Billboard Hot 100 en juillet de la même année. Le groupe a ensuite enchaîné les concerts et les émissions télévisées comme le Ed Sullivan Show, tout en continuant de travailler sur leurs albums suivants, Strange Days (1967), Waiting For The Sun (1968), The Soft Parade (1969), Morrison Hotel (1970) et L.A. Woman (1971). Cependant, après six ans d’existence, les différentes addictions de Morrison ont eu raison de la poursuite des activités musicales du groupe.

En 1971, après l’enregistrement de L.A. Woman, Jim Morrison, alors fatigué et menacé de poursuites judiciaires pour un incident survenu lors d’un concert donné à Miami en août 1970, a décidé de s’expatrier à Paris pour se consacrer à la poésie. Seulement voilà, après quelques mois de tranquillité, Jim fut retrouvé mort le 3 juillet 1971 dans la baignoire de son appartement du IVème arrondissement. Ainsi s’est achevé le périple de Morrison et des Doors.

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Val Kilmer signe l'une de ses plus belles performances en incarnant The Lizard King (Jim Morrisson). © Bill Graham Films

une fiction avant tout

Sous ses airs de biopic, le film est en réalité largement romancé. Oliver Stone a pris de nombreuses libertés sur la chronologie des évènements, leur véracité, ou encore le caractère des personnages. Toutes ces incohérences ont d’ailleurs été répertoriées sur la page Wikipedia du film. De plus, le réalisateur américain a choisi de centrer son histoire sur Jim Morrison, quitte à le caricaturer et à délaisser les autres membres du groupe. L’évolution musicale des quatre musiciens aurait dû être plus visible à l’écran. Le travail effectué en studio lors de l’élaboration des différents albums aurait pû remplacer certaines scènes redondantes dans lesquelles on retrouve un Jim Morrison ivre et fou à lier. Or ce n’est pas le cas et c’est dommage.

Oliver Stone semble donc avoir parié sur le divertissement plutôt que sur la véracité des évènements. Finalement, ce n’est pas si grave car le film est bon, mais il faut être averti qu’il ne s’agit sûrement pas de la vraie histoire des Doors.

Le film est aussi l’occasion de découvrir l’une des plus grandes performances d’un Val Kilmer totalement mué en Jim Morrison. L’acteur a réussi a adopter à la perfection l’apparence, les mimiques et la voix du chanteur. Les membres du groupe ont d’ailleurs été très impressionnés par les prestations vocales de Kilmer, pratiquement identiques à celles de Morrison. Plusieurs caméos sont également à signaler, notamment celui d’Oliver Stone dans le rôle d’un professeur de cinéma ou encore celui du batteur John Densmore interprétant un ingénieur son et donnant la réplique à Val Kilmer, comme une façon de parler une dernière fois à son ami Jim.

En 2019, le film a été remasterisé en 4K. Il est disponible en VOD et sa bande originale est à écouter sur les plateformes de streaming.

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