Librement adapté du livre éponyme de Sylvain Tesson, ce film raconte l’histoire de Pierre (Jean Dujardin), qui chute d’un balcon après une soirée trop arrosée. Plongé dans le coma, puis revenu à lui, il se fait la promesse de traverser la France à pied si, un jour, il peut se remettre à marcher. Bien qu’apparaissant sous un autre nom au sein du film, ce dernier raconte bel et bien l’histoire de Sylvain Tesson lui-même, et sa traversée de la France à travers ces fameux « chemins noirs ». Chemins négligés par l’homme et comme situés hors du temps et de la réalité elle-même. Le film est librement inspiré du livre dans le sens où Jean Dujardin, bien qu’ayant rencontré et échangé avec Sylvain Tesson en amont du film, a préféré suivre la direction du réalisateur, Denis Imbert.

Sur les chemins noirs 1

UNE DÉCLARATION D’AMOUR À LA NATURE

Visuellement, le film est à couper le souffle. Les paysages sont extrêmement bien mis en avant et permettent au spectateur de constater la domination de la nature sur l’homme, et le statut infime de ce dernier. Nous ne sommes rien à côté de ces étendues de plaines et de montagnes à perte de vue, et le film est là pour nous le rappeler, avec une photographie absolument sublime.

Néanmoins, le discours du personnage de Pierre sur son rapport à l’humain et à la modernité adopte un ton très manichéen, plaçant le progrès au statut d’abomination. Bien que n’étant pas infondé, ce point de vue très tranché et à la limite de la diabolisation m’a un peu perdue en tant que jeune spectatrice aimant la nature, mais vivant entourée d’un monde à la pointe du progrès. Cette position rappelle beaucoup de discours « boomer » et m’a parfois fait ricaner de par son côté très cliché et caricatural.

Malgré ceci, le film porte également un très beau message d’espoir, en montrant au spectateur que rien n’est ancré dans la pierre et que même les situations les plus désespérées sont sujettes à changement. Bien qu’ayant subit un accident grave qui lui laissait peu de chance de pouvoir retrouver complètement l’usage de ses jambes, Pierre arrive quand même à réaliser sa promesse de traverser le France à pied.

Sur les chemins noirs 2

UN ACCIDENT EN ARRIÈRE-PLAN

La narration du film n’est absolument pas linéaire, et ne prend pas l’accident de Pierre comme point de départ de l’histoire. C’est un choix intéressant qui permet de ne pas tomber dans le sentimentalisme. On sait dès le début que Pierre s’en est sorti et qu’il est en train de réaliser sa marche à travers la France. C’est au long du film, à travers des flashbacks très bien amenés, que le passé du personnage se dévoile petit à petit au spectateur. Les transitions entre le passé et le présent sont très propres et permettent un visionnage fluide de l’histoire, tout en rendant clairs les événements présents et passés.

L’intérêt du spectateur n’est donc pas de savoir si Pierre va complètement guérir, mais simplement de le suivre au travers de son long périple. L’intérêt n’est pas porté sur la guérison somatique du personnage, mais plutôt sur sa guérison psychique et sentimentale. En effet, cette dernière est bien plus longue et sinueuse que la guérison physique, et peut facilement être mise en parallèle avec la longue route que parcourt Pierre à travers la France, seul avec ses pensées, face à lui-même. L’introspection est poussée encore plus loin avec de longs monologues internes du personnage, qui font état de ses ressentis et du bouillonnement d’émotions qui se passe à l’intérieur de lui. Ces discours internes sont tous très poétiques, rappelant au spectateur qu’il est bel et bien en face d’une œuvre adaptée d’un roman, dont certains discours ont certainement été transposés tels quels à l’écran.

Sur les chemins noirs 3

UNE JOLIE DÉCOUVERTE

Sur les chemins noirs est une bouffée d’air frais au sein du cinéma français, qui donne envie de découvrir de grands espaces et partir en randonnée. Malgré quelques longueurs, le film gère bien son rythme, et la performance de Jean Dujardin est à souligner. Le spectateur peut facilement ressentir qu’il a pris beaucoup de temps à étudier le vécu de Sylvain Tesson, et a bien réussi à l’assimiler dans son jeu d’acteur. Je questionne juste le choix du personnage de Pierre de décider de parcourir la France entière vêtu d’une chemise, mais ce n’est qu’une réflexion personnelle…

À découvrir en salles dès le 22 mars 2023.

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