L’histoire du film d’animation, comme celle du cinéma, est jalonnée de progrès techniques qui l’ont parfois redéfini. Du technicolor de Blanche Neige à la 3D de Toy Story qui aura redéfini la manière de faire des films d’animation, nombreuses sont les œuvres qui ont marqué un point de rupture avec ce qu’il se faisait jusqu’alors. Spider-Man : Into the Spider-Verse fait partie de cette élite. Son mélange de styles a durablement marqué les esprits, au point que d’autres long-métrages acclamés par la critique s’en sont inspirés, comme Le Chat Potté : La Dernière Quête pour citer un exemple récent. Dire que Spider-Man : Across the Spider-Verse était attendu est donc au mieux un euphémisme. Pourtant, on le sait, faire suite à un chef-d’œuvre est une tâche périlleuse… Que cet opus réussit avec brio.

Spider-Man contre La Tâche
Spider-Man contre La Tâche © Sony Pictures Animation

"Every Frame a Painting"

Si vous pensiez que Into the Spider-Verse était visuellement impressionnant (et vous auriez raison), vous n’êtes pas prêt pour sa suite. Spider-Man : Across the Spider-Verse est un génialissime capharnaüm visuel où chaque séquence est un véritable tableau fourmillant de détails. C’est coloré, c’est somptueux, c’est bordélique, bref, c’est la quintessence du genre. Malgré le maëlstrom constant d’effets et de détails, toutes les scènes d’actions sont parfaitement lisibles ce qui est un miracle en soi. Et les plans mémorables s’enchaînent à une telle vitesse que notre cerveau ne sait plus où donner de la tête, même si certains resteront gravés dans notre cerveau de par leur inventivité ou leur simple beauté.

Miles Morales et Gwen Stacy
Miles Morales et Gwen Stacy © Sony Pictures Animation

Par ailleurs, si le premier film se permettait déjà de transgresser les règles en mélangeant plusieurs styles d’animation, ce deuxième opus fait encore plus fort en adaptant non seulement son style à chaque personnage comme le faisait son prédécesseur, mais également à ses situations. Les scènes intimistes entre Gwen et son père en sont de merveilleux exemples, s’affranchissant du style des comics pour proposer une sorte de tableau abstrait où les traits des personnages sont parfois difficilement distinguables pour mettre en avant les jeux de couleurs. Un exemple de mise en scène parmi une multitude d’idées innovantes qui prouvent que le film ne fait pas de son esthétique un simple argument de vente, mais bel et bien une manière de retranscrire les émotions des personnages.

"Un grand pouvoir ..."

Car oui, en plus de deux heures, Across the Spider-Verse s’est permis de prendre son temps. Le film introduit beaucoup de nouveaux personnages, comme Ben Reilley (étrangement narcissique), Spider-Punk aka Hobby, et bien sûr Spider-Man 2099, à savoir Miguel O’Hara, mais aucun n’est présenté de manière superficielle. Chaque personnage a le droit à sa backstory, et le scénario prend véritablement le temps de développer leur histoire et leur personnalité.

Spider-Man contre Spider-Man
Spider-Man contre Spider-Man ©Sony Pictures Animation

Ce qui est vrai pour les nouveaux arrivants l’est toutefois encore plus pour les personnages déjà présents dans Into The Spider-Verse, et notamment notre duo de héros : Gwen Stacy et Miles Morales. Il se passe environ 45 min à une heure avant que le film ne décolle véritablement car tout ce temps est dédié au développement des personnages. Gwen se voit obligée de révéler la vérité à son père, causant bien des problèmes et accentuant son isolement. Miles, quant à lui, est tiraillé entre son devoir de super-héros et sa vie de famille, ce qui le pousse également à se renfermer sur lui-même. Tous les personnages sont en errance à leur propre manière, ce qui accentue le thème de l’identité et de la famille qui est au cœur même de l’histoire de Spider-Man, tous univers confondus. C’est sincère et émouvant, et on n’en attendait pas moins.

Miles et Rio
Miles et Rio © Sony Pictures Animation

Parfait... Sur tous les points ?

Finalement, c’est le scénario qui empêche Across the Spider-Verse d’être parfait. Sans spoiler, l’histoire est dense et pleine de rebondissements mais toujours claire, ce qui la rend particulièrement plaisante à suivre. En revanche, on sent le scénario traîner en longueur à certains moments, à tel point que quand arrive la fin, on ne peut qu’être déçu : le film ne se conclut pas. Si un troisième chapitre est déjà sur les rails, il est dommage de voir que Across the Spider-Verse n’est au final que la première partie d’une longue histoire avant d’être un film. Un défaut flagrant qui n’empêche pas un équilibre parfait entre humour, action et émotion, mais qui laisse un goût amer.

Spider-Man : Across the Spider-Verse
© Sony Pictures Animation

Il serait possible de parler des heures et des heures de Spider-Man Across the Spider-Verse tant le film est riche, généreux et transpire l’amour de son matériau d’origine. Loin d’être un simple épisode deux, cette suite reprend le concept de l’original et le pousse encore plus loin, devenant sans conteste l’oeuvre d’animation la plus ambitieuse de l’histoire à ce jour. Il ne reste qu’à espérer que Beyond the Spider-Verse, prévu pour 2024, ratrappe le seul faux pas de ce film : son absence de fin.

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