Présenté dans la section un Certain regard du Festival de Cannes 2023, Simple comme Sylvain de la réalisatrice et actrice Monia Chokri éblouit à l’écran. Véritable tumulte d’émotions, ce long-métrage raconte une histoire d’amour sincère entre deux opposés que tout attire.

Sophia (Magalie Lépine-Blondeau), professeure à l’université, mène une vie stable avec son compagnon Xavier (Francis-William Rhéaume). Sylvain (Pierre-Yves Cardinal), engagé pour rénover le chalet du couple, apparait alors dans la vie de Sophia.

La passion par sophia et sylvain

Tout commence par un regard, une chanson, une passion qui semble au premier abord éphémère et qui va finalement durer. Mais jusqu’à quand ? Les deux protagonistes sont heureux, du moins en apparence, mais le deviennent davantage en se rencontrant. Une véritable passion naît alors. Leur rencontre vient dynamiter leurs existences. Monia Chokri filme la naissance d’un amour, la naissance d’un couple avec vérité. La beauté de la relation réside dans la sincérité (dans leur naïveté concernant la suite) des deux personnages et dans une histoire sans détour et sans mensonge. La réalisatrice expose cette sincérité mais aussi l’ensemble des dysfonctionnements de chacun dès le début. Sophia, Sylvain (et le spectateur) savent à quoi s’attendre tant les différences sont palpables mais y croient tous. L’amour triomphera-t-il ?

Sylvain et Sophia © Memento Distribution
Sylvain et Sophia © Memento Distribution

Du rire aux larmes

Simple comme Sylvain rappelle Xavier Dolan par cette caméra qui filme tout. Monia Chokri, qui a tourné pour le réalisateur dans Les Amours Imaginaires notamment, et Magalie Lépine-Blondeau qui a tourné dans la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, infuse Simple comme Sylvain de la patte de Dolan. Néanmoins, Monia Chokri arrive surtout à s’en détacher en apportant son rythme. Elle dévoile délicatement l’histoire des deux amants en y ajoutant brusquement des importants déséquilibres. Elle emporte alors ses spectateurs du rire aux larmes dans un véritable tourbillon d’émotions.

« J’avais, dans ma tête, cette idée de déséquilibre, explique-t-elle. En couple, soit tu es dans la soumission, soit tu es dans la domination. Ce déséquilibre-là, les femmes en parlent beaucoup. » – Monia Chokri

Sophia et Sylvain sont beaux, s’entendent merveilleusement bien mais sont différents sur plusieurs aspects (trop ?). Suivant les scènes, la soumission est autant d’un côté que de l’autre, tout comme la domination. Le constat se dresse au fur et à mesure par les détails disséminés. L’un comme l’autre prend conscience du fossé qui les sépare. C’est par ailleurs ce fossé qui les attire une grande partie du film et qui fait espérer.

Une demande particulière © Memento Distribution
Une demande particulière. © Memento Distribution

Une lutte des classes

Monia Chokri, avec ses personnages de Sophia et Sylvain, construit une histoire d’amour mais aussi une histoire de classes. Sophia cite Platon et Spinoza, Sylvain fait des erreurs de langage et croit aux OVNI. Pourtant, les deux personnages se complètent. Elle le corrige sur sa grammaire et il lui apporte son savoir-faire, « son intelligence manuelle » comme le souligne Françoise (Monia Chokri). Sophia tente de s’adapter, Sylvain également. Hélas, aucun ne se trouve à sa place lorsqu’il est immergé dans l’environnement de l’autre. Sophia découvre un univers sincère aux discussions parfois lunaires dans la famille de son conjoint, tandis que Sylvain se retrouve face à des tableaux de Caravage et se confronte au mépris de l’entourage de Sophia. Ces deux personnages sont face à deux mondes qui les séparent, mais ce quelque chose qui les rassemble.

Simple comme Sylvain est un film sincère sur une contradiction, sur un amour à la fois possible et impossible.

En salles depuis le 8 novembre.

Voir la bande-annonce :

Auteur/Autrice

Partager l'article :