Et oui, vous n’êtes pas sans savoir que le mythique Pinocchio en a bavé, tout étalé sur une fine pellicule, dont seule la superficialité transparaît de sa bobine. Depuis Disney en 1940, pas moins de 24 long-métrages ont repris sa figure ou son histoire encore et encore, du Bouratino de Léonide Netchaev jusqu’au remake insipide de l’année dernière. Il doit bien y avoir quelque chose d’unique à raconter ici, de puissant mais de bien caché, pour qu’autant de monde se prête au jeu.
Les thèmes, très forts, de Pinocchio sont assez connus, mais trop souvent survolés pour être évidents : le deuil d’un père, le créationnisme, la volonté insubmersible d’une jeune âme naïve, la lutte du miroir dressé avec l’enfant disparu, etc. Le récit se focalise sur la reconstruction et la revendication de l’individu aliéné, de sa relève allégorique, de son émancipation d’être non-humain puis sa reconnaissance. Récit initiatique assez magnifique aux tons sombres voire horrifiques, il se prête d’autant plus à l’animation, puisque le degré de lecture se multiplie : d’un être fabriqué de la main de l’homme, Pinocchio devient la création des animateurs qui à leur tour, l’utilisent à des fins de divertissement. Artisanal et manipulable. Un cycle assez ironique en fait.