Ce samedi 27 mai, le jury de la 76ème édition du Festival de Cannes dévoilait son palmarès. Si la compétition était rude, Ruben Östlund et ses collègues ont choisi de décerner la Palme d’or à la française Justine Triet pour son très applaudi « Anatomie d’une chute ». 

« La projection d’Anatomie d’une chute a été très intense, et c’est ce que doit être le cinéma ». Ainsi se justifiait Ruben Östlund lors de la traditionnelle conférence de presse du jury, quant à la décision de décerner la Palme d’or à la réalisatrice Justine Triet pour Anatomie d’une chute. Après deux semaines intenses de compétition, le jury révélait son fameux palmarès dans le cadre de la cérémonie de clôture du 76ème Festival de Cannes. Une atmosphère presque trop sage ce soir-là que le discours transparent de la lauréate née est venu remuer.

Thriller haletant, Anatomie d’une chute met en scène les tourments d’une femme accusée aux assises du meurtre de son mari, trouvé mort un an plus tôt. Sous les yeux de son jeune fils malvoyant, le traditionnel couple de parents qu’ils formaient se dissèque. Est-elle victime ou coupable ? Est-ce un suicide ou un meurtre ? Les spéculations sont entre les mains du spectateur. 

Les femmes mises à l'honneur

Après Quentin Tarantino et Roger Corman pour le Grand Prix, c’était au tour de Jane Fonda, qui donnait rendez-vous aux festivaliers pour une discussion quelques jours plutôt, de restituer un prix. Dans un discours optimiste, l’actrice et productrice engagée s’est souvenue sa première venue au Festival de Cannes en 1963. À son grand regret, aucune femme n’était en compétition à l’époque « personne n’avait remarqué qu’il y avait quelque chose d’anormal », a-t-elle relevé. Cette année, sept réalisatrices étaient en lice pour la Palme d’or. Une première pour le festival le plus prestigieux du monde, de quoi faire jubiler Jane Fonda : « On a beaucoup progressé, même s’il reste du chemin à parcourir. Mais il faut célébrer le changement lorsqu’il se produit ».

Quelle autre suite logique que d’offrir la Palme d’or à une femme ? Ainsi, Jane Fonda s’est réjouie de remettre cette récompense de prestige de ses propres mains à la réalisatrice Justine Triet pour son thriller choc Anatomie d’une chute. Dépassée par l’émoi, Jane Fonda a même offert un moment cocasse en jetant spontanément le diplôme de la Palme d’or dans le dos de la réalisatrice, qui rendait grâce au jury. 

À l’origine des films Sibyl, Victoria ou La Bataille de Solférino, Justine Triet entrait donc dans l’histoire en devenant la troisième femme à recevoir la Palme d’or, après la néo-Zélandaise Jane Campion et sa compatriote Julia Ducournau. Lors de la conférence de presse du palmarès, la cinéaste de 44 ans s’est étonnée de n’être que la troisième dans cette position, avant de divulguer un message d’espoir « c’est encourageant pour l’avenir. Je pense qu’on est vraiment au début d’un changement profond » assure-t-elle en faisant référence à la lente affirmation des femmes dans une industrie largement dominée par les hommes. 

Justine Triet à la conférence de presse
Après son sacre, Justine Triet est venue répondre aux journalistes. © Louis Noury

La france a le vent en poupe

Ce sacre témoigne également de la puissance du cinéma tricolore, qui est le deuxième le plus récompensé de la Palme d’or derrière les États-Unis et devant l’Italie. Il faut dire que le pays triomphe dans les festivals internationaux. En seulement trois ans, Audrey Diwan a reçu le Lion d’or à Venise en 2021 pour L’Événement, tandis que l’Ours d’or a été remis en février dernier à Nicolas Philibert pour Sur l’adamant. Il y a deux ans, Julia Ducournau, qui siégeait au jury de cette édition, était palmée pour le choc Titane, bientôt suivie de Justine Triet cette année qui accorde à la France sa neuvième Palme d’or.

Palmarès de cette 76e édition du Festival de Cannes :

  • Palme du court-métrage : « 27 » de Flóra Anna BUDA
    (Mention spéciale : « FÁR » de Gunnur MARTINSDÓTTIR SCHLÜTER)
  • Caméra d’or : « L’Arbre aux papillons d’or » de THIEN AN PHAM
  • Prix d’interprétation masculine : Kōji YAKUSHO (Perfect Days de Wim Wenders)
  • Prix d’interprétation féminine : Merve DIZDAR (Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan)
  • Prix du scénario : Yuji SAKAMOTO (Monster de Hirokazu Kore-eda)
  • Prix du Jury : « Les Feuilles mortes » de Aki KAURISMAKI
  • Prix de la mise en scène : « La Passion de Dodin Bouffant » de Hung TRAN ANH
  • Grand Prix : « The Zone of Interest » de Jonathan GLAZER
  • Palme d’or : « Anatomie d’une chute » de Justine TRIET

Auteur/Autrice

Partager l'article :