Après dix années de silence, le réalisateur japonais Hayao Miyazaki prend une nouvelle fois le chemin des salles de cinéma, avec son nouveau film, Le Garçon et le Héron. Sorti incognito le 14 juillet 2023 au Japon, il est sûrement son dernier son film. Cet article n’en dévoile pas l’intrigue. 

Comment écrire un article sur un film que les spectateurs veulent découvrir à l’aveugle ? Sorti au Japon sans affiche, sans bande annonce, sans même une image de communication,  Le Garçon et le Héron, probablement la dernière œuvre de son créateur. Hayao Miyazaki, cinéaste qu’on ne présente plus, est une véritable tannée à analyser si l’on veut respecter la confidentialité qui plane autour de l’œuvre. Peut-être qu’il ne faut pas écrire d’articles, mais alors on est pas journaliste…

Le monde d'après

Le Garçon et le Héron est un dernier témoignage, peut être celui qu’on aurait préféré ne jamais voir, puisqu’il nous met face à la fin d’une ère, face à la possibilité d’un monde sans Hayao Miyazaki. C’est un film fantasmagorique, très vite incompréhensible, que le réalisateur avoue ne pas avoir compris lui-même. Le Garçon et le Héron c’est l’amour, puis la mort, puis la vie, puis l’amour, etc…Tout ça emmitouflé dans un manteau de personnages bizarres et exubérants, comme Miyazaki a l’habitude de les dessiner.

C’est une œuvre qui a été faite dans le seule but de palier cette peur innée : celle de ne rien laisser derrière, de disparaitre et puis c’est tout. On ne peut pas dire que Hayao Miyazaki ne nous aurait rien laissé s’il n’avait pas fait ce film (son catalogue de chefs-d’œuvre à l’appui). Mais Le Garçon et le Héron nous montre bien que personne ne peut échapper à cette envie de lègue, pas même les génies les plus éminents.

Le Garçon et le Héron
Le Héron, guide fantasmagorique. © Studio Ghibli

Par le prisme du contexte actuel, on voit dans ce film la possibilité de faire mieux. Ou en tout cas, la possibilité de reprendre les reines, d’accepter les responsabilités que l’on se voit offrir, ou de réclamer ces responsabilités auprès de ceux qui ne veulent pas les partager, d’ajouter « autant de bon ou de mauvais qu’il [nous] semblera » au monde. C’est peut-être la leçon d’Hayao Miyazaki la plus impactante, que l’on soit familier ou non avec son art. Il nous parle avec son cœur de vieux monsieur, de celui qui nous attend déjà de l’autre côté, qui sait les secrets de la vie et de la mort, nous mettant à la place même d’un petit fils recevant l’enseignement de son grand père. Le Garçon et le Héron est une adaptation du roman de Genzaburō Yoshino intitulé « Et vous, comment vivrez-vous ? », une question qui résumerait tout. Et c’est un peu ce qu’on se demande en sortant de la salle. Le Garçon et le Héron, au cinéma le 1er novembre.

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