Jackie, biopic franco-américano-chilien réalisé Pablo Larraín avec Natalie Portman, Greta Gerwig et Peter Sarsgaard.
En novembre 1963, un journaliste interviewe Jacqueline Kennedy. Elle lui raconte les détails des jours qui ont suivi l’assassinat de son mari, John Fitzgerald Kennedy.

Une persistante tache rouge ocre imprimée au fond de la rétine. Rouge comme le sang de John Kennedy, qui pèse tout au long du film. Rouge comme le manteau de Natalie Portman, aka Jackie Kennedy, dans lequel elle parade et semble s’épanouir complètement. Le même manteau avec lequel elle oscille entre ses différentes expressions, navigue d’une manière fascinante de la peur à la tristesse ou l’anxiété. Le même manteau qu’elle retrouvera en rangeant la maison blanche avant de la quitter, cette fois-ci nostalgique et écoeurée de ces murs blancs, étouffants, désormais parfaitement dénués de toute vie, murs qui représentent un pays qui ne l’a jamais vraiment appréciée.

Natalie Portman, étonnante. Parfois, le regard vide, elle erre, inquiète, souvent le visage marqué de diverses mimiques, mais toujours juste. Étrange. Jackie ne l’est pas moins, en voulant à tout prix rendre hommage à feu son mari, à la manière de Lincoln, pour l’inscrire définitivement au rang des illustres. Pour que jamais personne n’oublie.
Justement, l’oubli. JACKIE raconte un après, une tentative de reconstruction, l’avenir de la famille Kennedy après la mort de John. JACKIE sublime, par sa photographie majestueuse, par son découpage, ses cadrages sensibles, par son aspect magnifiquement pellicule. Tout comme les manières des divers protagonistes, JACKIE est empli d’une grâce et d’une beauté sans égal. JACKIE conserve cependant une certaine distance avec son public, à l’exception de la scène de l’assassinat, particulièrement malsaine, distance que garde aussi Portman vis à vis de tout ce qui l’entoure. Curieux, d’ailleurs, cette impression de mise à distance, alors que le film n’est qu’une plongée dans l’intimité d’une femme détruite. Finalement, peut-être n’est-ce qu’un (mauvais) rêve ?

Loin des foules qu’ont pu attirer les divers LA LA LAND ou MOONLIGHT, salués par tous comme des oeuvres au gros bagage visuel et rempli d’acteurs « si bons », JACKIE surplombe, domine, et Pablo Larraín signe LE vrai chef-d’oeuvre de ce début d’année 2017. Le voyage onirique au pays du sang est marquant. L’illusion est parfaite et le regard de Natalie « Jackie » Portman nous plonge définitivement dans les abysses de sa splendeur.

Ma note pour ce film : 10/10
Moyenne IMDB : 7/10

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