Il est le nouveau visage du cinéma français dans le monde entier, Gaetano Naccarato, réalisateur multi-primé, scénariste et producteur, s’est aujourd’hui imposé comme l’un des cinéastes les plus talentueux de sa génération.

Nous l’avons rencontré à Aix-les-Bains, lors de la deuxième édition du Festival du Cinéma Français et de la Gastronomie, pour parler de son amour envers le cinéma, de son parcours et de son prochain long-métrage, qui sera en grande partie tourné en Savoie.

  • D’où vous vient cet amour pour le cinéma et cette envie de créer votre propre univers ?

Je suis un passionné de cinéma depuis que je suis tout petit, depuis que j’ai l’âge de 5 ans, j’ai commencé par regarder les Tarzan de Johnny Weissmuller en boucle sur les VHS. J’ai continué par enchaîner beaucoup de films, j’avais déjà une certaine approche sur le cinéma, j’aimais regarder comment se fabriquait un film depuis petit et peut-être que je les visualisais d’une autre manière.

 

J’avais vraiment envie de comprendre comment les films étaient faits, j’essayais de les déconstruire pour les comprendre. Je regardais tous les genres de films, qu’ils soient français ou américains. L’amour du cinéma m’est venu comme ça. Dès qu’une histoire me fait voyager, me donne envie de me transporter avec des personnages, cela me parle.

  • Pour vous c’est donc avant tout une histoire de passion ?

Oui la passion en tant que spectateur, la passion de voyager à travers un film et que cela m’emmène ailleurs pendant un laps de temps et me fasse rêver car le cinéma est aussi là pour faire rêver, pour donner des émotions et c’est cela que je recherchais et que je recherche toujours à travers les films.

Pour connaître l’échec, il faut essayer et essayer c’est pratiquer

  • Lors de votre Masterclass à Chambéry le 27 avril dernier, vous avez évoqué votre parcours en tant qu’autodidacte et vous avez dit avoir eu la possibilité d’intégrer de grandes écoles de cinéma en France et aux Etats-Unis. Pourquoi avez-vous fait le choix de vous former seul ?

Chaque parcours est différent, chacun fait les choses différemment et me concernant, je savais que j’avais besoin de ne pas être formaté et de me faire ma propre expérience et c’est ce que j’ai fait.

 

J’ai donc choisi de ne pas intégrer d’école et pour avoir enseigné aussi à l’université, j’ai découvert que l’école avait ses avantages mais aussi ses inconvénients, et par rapport à mon parcours, je suis content d’avoir vite connu l’échec car pour connaître l’échec, il faut essayer et essayer c’est pratiquer. Et la pratique ne se fait pas forcément tout de suite dans l’école ou elle se fait dans un cadre précis que l’on nous définit et j’avais envie d’apprendre à faire des films d’action, à faire des films que j’aimais.

 

Je n’avais pas forcément envie de faire comme les autres ou d’apprendre de la même manière que tout le monde. Est-ce que cela était une erreur ? Et est-ce qu’aujourd’hui cela aurait fait de moi un meilleur réalisateur ? Je ne sais pas, mais je ne regrette pas d’avoir choisi ce parcours.

Gaetano Naccarato
© Patrick Koyounian
  • Pour les futurs cinéastes, vous leur diriez donc de faire comme ils le souhaitent et de ne pas se sentir obligés d’intégrer ou non une école de cinéma.

L’école est là avant tout comme un soutien, une structure qui nous accompagne mais elle n’est pas là pour remplacer notre envie. Quelques fois, certains essayent de se découvrir, c’est comme repousser l’échéance car ils ont peur de découvrir qu’ils vont être perdus tout seul dans la vie professionnelle du cinéma ou de l’audiovisuel, et je pense, qu’à un moment, il faut se confronter à ça.

 

L’école n’est pas représentative du milieu professionnel. L’école structure, donne une théorie mais la pratique s’acquière en faisant des films. Et je pense que le plus important c’est de suivre ce que l’on a envie de faire et accepter de commettre des erreurs. Je ne craignais pas de commettre des erreurs mais j’avais peur de perdre mon temps.

  • Votre court-métrage Farmer, a way of life est allé jusqu’à la qualification aux Oscars et j’imagine que vous avez d’aussi grandes espérances concernant votre prochain long-métrage UNICARE.

J’ai toujours envie de pousser mes films le plus loin possible. Quand nous fabriquons un film, que celui-ci soit un court ou un long-métrage, le procédé reste le même et l’on pense souvent qu’un court-métrage est plus simple à réaliser, mais c’est totalement faux. Nous n’avons souvent pas l’argent de nos ambitions donc il faut essayer de faire preuve d’ingéniosité. Farmer, a way of life a été fabriqué d’une façon assez atypique et dans sa conception, ce n’était pas un documentaire classique.

 

Ce que j’espérais pour ce court-métrage, c’est que celui-ci aille jusqu’à un festival de qualification pour les Oscars. Il y est arrivé et a gagné. Finalement, je suis allé bien plus loin que ce que j’espérais. Je veux donner à UNICARE les meilleures armes et toutes les chances d’aller le plus loin possible. Si mon film est apprécié par le public et qu’il perdure dans le temps, alors ce sera déjà une belle victoire.

  • Votre prochain long-métrage sera intégralement tourné en anglais, pourquoi ce choix de langue ?

J’ai choisi de tourner UNICARE en anglais, non pas parce que je n’aime pas la langue française, bien au contraire, j’en suis très fier, mais je veux que ce film soit universel et parle à tout le monde. Réaliser un film pour les territoires francophones c’est bien, mais le tourner en anglais, c’est s’ouvrir à quasiment deux cents territoires.

 

En France, je pense que les gens apprécieront le fait que le film soit tourné sur leur territoire, par une équipe française avec une partie du casting qui sera français car ils reconnaîtront des choses qui leur sont propres. Mais en même temps, que les personnes venant des pays anglophones apprécieront découvrir, grâce à l’originalité de ce film d’action avec des paysages qu’ils n’ont pas l’habitude de voir et c’est cela qui fait notre richesse.

  • D’où vous est venue l’inspiration pour l’écriture de votre film ?

La vie m’inspire en général. Je suis partie d’une idée originale et de l’amour que je porte au cinéma. UNICARE est un film mené depuis longtemps et qui n’aura pas le défaut de mes premiers films. Beaucoup disent que sur un long-métrage, nous commettons les erreurs de nos débuts à mettre tout ce que l’on veut dedans. Mais comme ce n’est pas le premier que je réalise, je pense que je n’aurais pas ce défaut à m’inspirer de personnes qui ne peuvent pas être imitées.

 

Dans ce film, je vais faire comme ce que j’ai fait pour Farmer, a way of life et comme ce qui a plu jusqu’à maintenant au public, c’est-à-dire faire quelque chose qui me ressemble, qui soit authentique et singulier sans pour autant être différent à tout prix.

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