Il fait partie des nominés dans la catégorie meilleur premier film aux Césars 2023, et ce n’est pas pour rien ! Premier plan, un étang qui se dévoile, la forêt de chaque côté, le grain de l’image est assez terne, on se croirait dans Et au milieu coule une rivière de Robert Redford.

C’est donc avec ce cadre paisible que démarre Falcon Lake, la première proposition de Charlotte Le Bon qui s’est déjà fait remarquer sur grand écran à de nombreuses reprises notamment dans Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, The Walk de Robert Zemeckis et bien d’autres. Si son physique n’est pas familier du public français (voire américain), elle n’avait pas encore démontré ses talents derrière l’objectif, c’est chose faite !

Ce premier film se déroule le temps d’un été au Québec, au bord d’un étang où il se murmure qu’un corps noyé aurait été retrouvé dans les environs. C’est en tout cas ce que nous devrons croire, et c’est la légende que fait circuler la jeune Chloé tout au long de l’intrigue. Cette jeune adolescente de 16 ans qui s’est jetée corps et âme dans les tumultes de la jeunesse, sera confrontée à l’innocence du jeune Bastien, trop jeune et trop prude pour comprendre certains sous-entendus qu’on lui fera concernant ses rapports avec la jeune femme. Sara Montpetit et Joseph Engel jouent si bien ces différents axes de personnalités, tandis que Chloé côtoie déjà les problèmes de cœur en s’entourant de garçons bien plus âgés qu’elle, Bastien ose à peine ouvrir la bouche en leur présence, mais s’aventure malgré tout à certaines festivités.

Falcon Lake 1
Sarah Montpetit et Joseph Engel dans "Falcon Lake"

L’été est une période qui fût exploitée à moultes reprises sur nos écrans de Stand By Me de Rob Reiner en 1986, à Été 85 de François Ozon en 2021, le cinéma nous a beaucoup ému avec ces rencontres opportunes qui se transforment en histoire d’amour le temps de quelques semaines dans un contexte exotique. Très récemment encore, Éric Latignau s’emparait à son tour de cette période chaude et estivale pour Cet été-là.

Charlotte Le Bon ne raconte pas forcément une histoire d’amour de jeunesse, mais plutôt la construction d’un lien entre deux êtres à la fois opposés et semblables qui jouent avec l’inconnu. Comme Bastien qui va s’enfoncer un peu plus profondément dans l’eau alors qu’il en a peur, simplement pour espérer apercevoir la poitrine de son amie pour qui il a un faible. On se rappelle alors nos propres tentatives d’antan pour approcher une jeune fille alors que notre savoir dans ce domaine était encore trop maigre. Voilà un film qui vient nous rappeler nos souvenirs d’adolescents.

Entre sentiments et histoires de fantômes, Falcon Lake est un teen movie sur l’innocence et la jeunesse, le tout avec une grande ouverture d’esprit sur les sentiments et les émotions de nos deux héros très touchants, qui se révèlent peu à peu l’un à l’autre et au spectateur. Les propositions comme celle-ci se font trop rares, Le Bon propose une aventure mélancolique qui captive rapidement sans trop se précipiter pour mieux charmer son prochain en jouant volontairement sur une potentielle ambiguïté qui pourrait (ou non) s’installer entre Sarah et Bastien. La cinéaste fait planer le doute, joue avec nos interrogations, avec celles de nos personnages et constitue ainsi un sympathique teen movie qui s’inscrit parfaitement dans la lignée de tout ceux que nous avons déjà vus avec une image inédite qui sent bon les années 90.

Réponse le 24 février pour savoir si le film remportera le trophée du meilleur premier film.

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