Else est le premier film de Damien Lagogué, producteur et donc aujourd’hui réalisateur français. Film de genre, entre fantastique et horreur, Else joue avec l’immontrable, l’inregardable jusqu’à confondre beauté et laideur. Un sacré pari.

Anx rencontre Cass. Une terrible épidémie arrive alors : les humains fusionnent avec les choses, avec la matière. L’appartement d’Anx devient alors le bunker de ce néo couple, mais jusqu’à quand ?

Else, un film pas comme les autres

Else se présente comme un véritable ovni cinématographique. Malgré des premières minutes abordables, avec des plans étudiés loin de plans conventionnels, Else démarre dans une ambiance quelque peu oppressante. Anx sait inconsciemment ce qu’il va se dérouler, le spectateur le comprend également. Au fur et à mesure, le film tombe dans l’épouvante/horreur avec des attributs plus que visibles du body horror. La matière s’intègre dans le corps pour devenir corps. Cette forme de body horror, rare à l’écran, flirte avec l’inregardable, avec l’insoutenable. Tout en douceur, et avec une certaine perversion, Damien Lagogué rend ce tout d’une beauté insupportable à regarder. La beauté devient laide, la laideur devient belle.

© UFO Distribution
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L'apocalypse en huis clos

Les films d’apocalypse se déroulent généralement en extérieur. Avec Else, l’apocalypse est à l’extérieur certes mais surtout à l’intérieur de l’appartement. Cet intérieur devient l’ennemi. Oppressant et surtout asphyxiant, cet intérieur prend vit jusqu’à les pourchasser dans ce modeste 40 mètres carré. Les murs se resserrent, l’ambiance également pour faire de ce lieu un véritable cauchemar éveillé. Le bunker devient alors cœur de l’épidémie. La photographie sublime le tout. Le passage en noir et blanc permet d’accentuer cette lente métamorphose.

© UFO Distribution
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Else et les autres

Else est un film bourré d’inspirations. Damien Lagogué puise dans l’univers de David Lynch d’abord. Le film fait la part belle aux monstres, des monstres qui rappellent les films du réalisateur américain. Sans l’exprimer explicitement, le jeu de rêve et de réalité imprègne également le film. Le réalisateur français fait également appel à David Cronenberg. Dans les transformations physiques à la limite du soutenable évidemment mais aussi dans cette crasse volontairement exacerbée. Il y a du Terry Gilliam dans le texte. Les voix présentes tout au long du film, entre conversations et guides, ces voix sont à la fois réelles et imaginées telles celles entendues par James Cole (joué par Bruce Willis) dans L’Armée des 12 singes. Else, c’est aussi Darren Aronofsky avec Pi, Requiem For A Dream ou plus récemment le huis clos The Whale : rendre esthétique l’inesthétique, rendre beau la laideur.

Else est un film osé, un film pari. La première partie est plutôt réussie jusqu’à malheureusement tirer les séquences en longueur. Hommages indéniables aux grands cinéastes : Lynch, Cronenberg et Gilliam et au cinéma en général, ce film est une véritable œuvre de cinéma. Une œuvre imparfaite, il est vrai, mais qui tente des choses. N’est-ce pas l’essence même de ce film ?

Else, en salles depuis le 28 mai.

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