Wonder Woman, film américain de 2017 réalisé par Patty Jenkins avec Gal Gadot, Chris Pine, Robin Wright, David Thewlis, Saïd Taghmaoui…..

4ème film du DC Extended Universe après Man of Steel, Batman v Superman et Suicide Squad (qui, malgré des qualités certaines, traîne un peu la patte face à l’ogre Marvel), Wonder Woman devait s’efforcer de présenter plus en détail, après une apparition un peu maladroite dans Batman v Superman, un personnage mythique des comics, dont l’image à l’écran restait alors associée à la série des années 70 avec Lynda Carter.

Origin story oblige, le film consacre toute sa première partie à la jeunesse du personnage et à son évolution. Seule enfant de l’île, elle est surprotégée par sa mère qui sait ce qu’elle est et voit le danger qui pourrait la menacer plus tard. Se place alors un dilemme intéressant avec la générale incarnée par Robin Wright : se protéger passe-t-il par fuir l’adversité ou au contraire se préparer à la combattre ? Si beaucoup pourront trouver cette première partie d’exposition assez longue (d’autant qu’on n’y revient plus jamais ensuite), elle me semble en tout cas nécessaire pour installer un personnage dont, paradoxalement, le nom est connu du grand public mais dont peu connaissent réellement l’histoire. Ici, cela permet d’installer son tempérament guerrier, fière et impétueuse, pour ensuite l’opposer à notre monde, qui lui était jusqu’alors inconnu. On pourra cependant regretter qu’il ne soit plus fait allusion ensuite de cette île des Amazones,où elle semble n’avoir nulle envie de retourner par la suite (ceci s’expliquant peut-être par le fait que toute l’histoire soit un flashback). Si cette première partie du film pourra donc en agacer certains, le reste du film se déroule sans accrocs, très classique certes, mais très maîtrisé.

Concernant les personnages, c’est tout aussi réussi et maîtrisé. En premier lieu : Gal Gadot EST Wonder Woman. Oubliez la version kitsch de Lynda Carter (qui n’est pas mauvaise en soi) : Gal Gadot arrive parfaitement à donner à ce personnage ce mélange de grâce et de combativité, de beauté pure et de hargne, avec une pointe d’innonence envers notre monde qui ne tombe que très peu dans la naïveté.  En « simple humain », Chris Pine fait le job sans faire de grandes étincelles non plus. Son duo avec l’Amazone fonctionne à merveille et leur histoire d’amour a la grande qualité, si elle est présente, de ne pas être le centre d’intérêt envahissant. Patty Jenkins (réaisatrice de l’excellent Monster avec Charlize Theron) est consciente du cahier des charges qui lui est imposé par DC, mais elle ne dénature pas pour autant son film et offre juste ce qu’il faut, restant donc classique dans toute sa construction mais sachant suffisamment se démarquer pour garder ce côté frais. Elle se permet même quelques piques bien placées, notamment par l’intermédiaire du personnage incarné par le français Saïd Taghmaoui, qui dans le film est un acteur « pas de la bonne couleur de peau » selon le personnage lui-même.

Si l’histoire n’a donc elle non plus rien de bien inventif, elle a le mérite d’être maîtrisée et d’offrir un divertissement agréable pas dénué de contenu. Si le message est un peu bancal et vu et revu (le plus important, c’est l’amour, c’est d’y croire), il passe plutôt bien et n’est en soi pas très gênant. Le retournement final, même si prévisible, est assez bien trouvé. Le film se déroulant pendant la première Guerre mondiale, il propose une réécriture de l’histoire qui fonctionne sans devenir « insultante » au niveau historique, faisant d’Arès, le dieu grec de la guerre, le responsable des atrocités commises par les êtres humains durant cette guerre, poussant les humains dans leur côté le plus sombre. L’humour est la plupart du temps assez bien placé, résultant souvent du décalage entre Diana et notre monde, restant en-dehors des scènes d’actions ou dramatiques, ne devenant pas ainsi insupportable.

Patty Jenkins offre également une mise en scène lisible et agréable à l’oeil, en gardant une continuité visuelle avec les oeuvres précédentes du DCEU. A grand renforts de ralentis, la réalisatrice offre des images sublimes, et les scènes de combats sont très pêchues. L’iconisation du personnage de Wonder Woman est également très réussie, offrant au personnage une dynamique et une force pendant tout le film (la scène du clocher est d’une puissance symbolique incommensurable) sans pour autant en faire un objet de désir. Contrairement aux films Marvel, on a ici un vrai travail de mise en scène, Patty Jenkins parvenant aisément à alterner des phases plus calmes, filmées de manière plus « instimistes », et des scènes de combat dantesques et dynamiques, notamment celles se déroulant de nuit ou la scène du No Man’s Land. On pourra regretter cependant certains effets spéciaux et fonds verts, notamment dans la première partie, un peu trop visibles, sans que cela soit extrêmement dommageable.

 

Classique mais maîtrisé. Voilà comment on pourrait résumer le Wonder Woman de Patty Jenkins. Là où par un trop-plein d’ambition, le Batman v Superman de Zack Snyder pouvait frôler l’indigestion, celui-ci ne cherche pas à en faire trop et préfère poser une histoire classique mais plus facile à contrôler. Loin de devenir un classique du film de super-héros, Wonder Woman a au moins le mérite de relancer un peu la machine DC et d’offrir un film maîtrisé, ce qui, dans le DCEU, est déjà un sacré bon point. Gal Gadot s’impose comme la Wonder Woman de référence, et le film offfre un véritable bol d’air frais, au milieu d’un MCU fade et d’un univers X-Men de plus en plus chancelant. Une réussite sans trop peu de risques, mais une réussite quand même.

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