Culte, c’est en effet un mot qui revient souvent pour décrire ce film. Un terme qui paradoxalement a été très vite utilisé pour cette œuvre au vu de l’attente qu’il engendrait. Bien que les deux adaptations de Tim Burton Batman (1989) et Batman Returns (1992) soient encourageantes mais largement perfectibles, très vite les films adaptés des comics DC ont dérapé pour devenir ce qui ressemble plus à des films de série Z, dérivant même vers le nanar. Alors lorsqu’une trilogie réalisée par Christopher Nolan a été annoncée, un espoir de voir enfin le justicier masqué retrouver sa dignité était permis.
Auréolé de son succès critique avec son film Memento, Nolan a pris en main cette trilogie avec Batman Begins qui met en place un Batman encore naissant, dans un univers réaliste, sombre et actuel. Quand la suite de ce film fut annoncée avec comme antagoniste le Joker, les attentes se sont avérées être encore plus grandes. Alors, film culte ? ou énième film de super-héros ?
Ce Joker, c’est sûrement la chose que vous retiendrez de The Dark Knight. Bien que ce soit le plus grand antagoniste de l’histoire des comics, il devient rapidement aussi un méchant culte du cinéma avec l’interprétation de Jack Nicholson en 1989, un personnage loufoque et extravagant. Mais en 2008, c’est un tout autre Joker que l’on voit à l’écran. Ici c’est un personnage sombre, violent, en proie à la folie et avide de longues tirades pleines de folie et de philosophie. Son interprète Heath Ledger est magistral, repoussant les limites de l’acting, un degré d’interprétation rarement vu et égalé sur grand écran. Bien sûr, les autres acteurs de ce film sont tout à fait à la hauteur, Gary Oldman joue juste, comme toujours, et Christian Bale campe un Batman/Bruce Wayne tout à fait convaincant, faisant de lui peut-être le meilleur Batman (le débat pour savoir qui est le meilleur Batman durera jusqu’à la fin des temps).
Alors qu’en 2023 nous sommes en surdose de film Marvel, il est bon de se rappeler du temps où chaque sortie de film de super-héros était un événement, un temps aussi où les films de super-héros n’étaient pas rempli d’humour aseptisé pour plaire à tous. C’est aussi pour cela que The Dark Knight tient aujourd’hui un statut de film culte. Il représente l’une des dernières œuvres avant les années 2010 et l’hégémonie Marvel/Disney.
Dans ce film, la violence est présente, bien que parfois mise hors-champ, ce qui renforce son intensité. Rajoutez-y une guerre de gang, le tout saupoudré par la magnifique bande-son orchestrée par le grand Hans Zimmer et vous obtenez un film de super-héros proche d’un polar où la tension ne fait que monter. On retrouve ici un Batman humain confronté à ses démons et à la complexité d’être un justicier. Une approche mythologique du héros déjà abordée dans quelques films comme Spider-Man de Sam Raimi ou encore Man of Steel, mais ici Christopher Nolan parvient à toucher du doigt la quasi-perfection du film de super-héros en intégrant action, divertissement et violence, le tout ramené à échelle humaine et vécu à travers les yeux de plusieurs personnages.
Si le film présente de nombreuses qualités, certains peuvent y voir des défauts tel que certaines longueurs dues aux dialogues : tout dépend de ce que l’on recherche dans un film de super-héros. Mais force est de constater que The Dark Knight offre diverses pistes de lecture, certaines personnes y verront juste un simple film de super-héros divertissant ou un énième film Batman. Mais d’autres y remarqueront un écho à la situation mondiale actuelle comme le terrorisme et les crises économiques.
Le fait que The Dark Knight soit plus qu’un simple film de super-héros présentant un Batman humain et un antagoniste jamais égalé a permis de faire de ce film une œuvre culte dès sa sortie en 2008. Ce statut se renforce de plus en plus chaque année au fil des sorties des films plus ou moins médiocres ou répétitifs des écuries DC Comics et Marvel.
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