Terreur sur la ville #1

? Réalisateur : Charles B. Pierce

? Casting : Ben Johnson, Andrew Prine, Dawn Wells, Jimmy Clem

? Genre : drame, épouvante-horreur, policier

? Sortie : 24 décembre 1976 (Etats-Unis)

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Synopsis : Un film basé sur une histoire vraie s’étant déroulée à Texarkana, au Texas, où en 1946 un tueur surnommé « The Phantom Killer » s’en est pris à plusieurs résidents. Pendant des mois, le mystérieux individu a semé la terreur dans cette paisible communauté.

Nous sommes en 1976.

Hollywood, toujours marqué par les événements traumatiques du Vietnam ou l’assassinat de Kennedy, pour résumer grossièrement, continue d’être envahi par des œuvres contestataires, dans une industrie pronant l’émergence de jeunes auteurs. Même si certains auteurs du Nouvel Hollywood, tels que Polanski, Friedkin ou De Palma, s’essayent à l’horreur, le genre est tout de même plutôt sous-représenté dans les grandes sphères et reste un prétexte pour servir des récits allégoriques sur la paranoïa ambiante.

Pourtant, en parallèle de ces grandes œuvres, ces années sont également le terreau de tout un pan du cinéma de genre à moindre budget. Aujourd’hui oubliées pour la plupart, ces séries B réservent tout de même leur lot de surprises. En cette année 76, alors que le Nouvel Hollywood s’apprête à s’essouffler face à l’arrivée de grands blockbusters populaires, un réalisateur méconnu comme Charles B. Pierce fait son bonhomme de chemin. Après avoir fait son entrée sur les terres de l’horreur avec The Legend of Bobby Creek, il décide de revenir à ses premiers amours, avec Terreur sur la ville,long-métrage contant la traque du « Phantom Killer », tueur en série ayant semé la terreur à Texarcana en 1946, avant de disparaître mystérieusement.

Terreur sur la ville #2

Mais de son pitch horrifique, Pierce n’en garde que le strict minimum. Simple point de départ du récit, le tueur en série n’est jamais vraiment le point central et reste la moelle épinière d’une intrigue, qui préférera plus se faire témoin social d’une époque que le théâtre de quelques actes inhumains. Ainsi, en prenant place à l’Après-guerre, Terreur sur la ville choisit de poser son regard sur tous les habitants de cette Amérique profonde, tentant d’oublier les séquelles laissées par la guerre

. Aveugles et anciens soldats y semblent seulement faire partie du décor, comme des simples figurants que tous cherchent à ignorer poliment. À l’inverse de Rosemary’s Baby, L’exorciste ou Carrie, le long-métrage dénote et choisit constamment une approche à contre-courant de son temps. Face à l’atmosphère morbide qui s’annonce, Pierce choisit un étrange mélange des tons, n’hésitant pas à faire le grand bond entre des scènes de meurtre dérangeantes et une morale résolument nihiliste et des séquences burlesques au commissariat, qui rappellent inévitablement les futurs Memories of Murder ou Zodiac.

Terreur sur la ville #3

Seulement, de cette approche hybride, il en résulte certes un portrait assez rare de l’Americana, mais aussi une œuvre profondément inégale, dont les bonnes intentions tombent souvent à plat. Pierce peine à donner corps à la petite ville de Texicarna et à sa paranoïa, sur laquelle le narrateur insiste pourtant, autrement que par une galerie de personnages extrêmement pauvres et une gestion hasardeuse de l’espace.

Le film semble finalement manquer d’un cinéaste à la barre, venant affirmer un point de vue sur son sujet. Sans jamais savoir s’il doit se plus se tourner vers le polar ou l’horreur, Pierce aboutit sur une proposition bancale, incertaine de son propre potentiel. Sa mise en scène en pâtit constamment. Même s’il se réveille lors de quelques scènes de meurtre, profitant d’un découpage crue et sans détours, Terreur sur la ville donne tout de même l’impression d’assister à une série B filmée sans envergures, dont les simples effets mémorables se situent dans un usage énigmatique de la slow-motion, donnant plus l’impression d’assister à un ersatz hors-propos de Peckinpah qu’à une vraie proposition esthétique pensée. Il n’en reste pas moins que Pierce contribuera avec ce film inégal à poser une des premières marches d’un sous-genre en devenir : le slasher.

Note

4/10

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