Après 3 ans d’absence que ce soit pour raisons juridiques, ou sanitaires, il revient ! Woody Allen, l’auteur américain des acclamés Manhattan (1979), Annie Hall (1977), ou encore La Rose Pourpre du Caire (1985), est revenu cet été avec Rifkin’s Festival son 49e long-métrage. Un mélo-drame comique porté par Wallace Shawn un fidèle du réalisateur, qui joue ici un écrivain raté et cinéphile adoubé nommé Mort, qui accompagne sa femme Sue (Gina Gershon) au Festival du Film de Saint-Sébastien, cette dernière est l’attachée de presse de Philippe (Louis Garrell) le réalisateur en vogue du moment, mais tout du long du séjour le couple prendra des chemins différents.
Si on ne ressort pas déçu, il est inévitable de ne pas avoir une impression de déjà vu sur ce nouveau Allen, puisque l’auteur reste dans ses sempiternelles thématiques déjà travaillées un bon nombre de fois.
La vie conjugale, le couple, la mort, l’existence, la séparation, la philosophie, la religion, le coup de foudre pour autrui, Woody Allen remet une énième fois tout ça sur le tapis, comme s’il n’avait plus rien à raconter.
Rifkin’s Festival, c’est un redit très appréciable du cinéma de Woody Allen, aspergé de références au cinéma qu’il adore, on va apprécier la revisite d’Un Homme et une Femme de Claude Lelouch qui apporte une certaine émotion au film, ou encore celle d’À Bout de Souffle, le premier film de Jean Luc Godart, et ces multiples hommages sont magnifiques et formidablement intégrés à l’intrigue, Mort fantasmant des scénarios avec Joanna (Elena Anaya) le médecin pour lequel il a un faible irrémédiable.
On apprécie Woody Allen parce qu’il est le roi des dialogues sur la vie et son sens, on apprécie sa philosophie péjorative, on apprécie les intrigues sentimentales qu’il met en scène et dans lesquelles il s’est très souvent caricaturé avec un côté dérisoire.
Rifkin’s Festival est une énième confrontation du cinéaste avec la vie de couple (chose qu’il a si souvent mis en échec dans sa filmographie), comme si pour lui le bonheur marital ne pouvait avoir lieu. On perçoit un Allen frustré, défaitiste, en échec artistique qui replonge dans les méandres de sa vaste carrière pour y emprunter des lignes d’intrigues par-ci par-là.
Non pas que ça en résulte par un échec, mais plutôt d’une routine artistique, certes plaisante, mais l’impression de déjà vu est flagrante. Woody Allen s’essouffle, mais on peut tout de même se satisfaire avec quelques plans bien cadrés, ça n’atteint pas la maestria visuelle d’un Manhattan, et les décors ne sont pas aussi riches que dans un To Rome With Love, mais une certaine poésie s’échappe de quelques plans.
Allen avait autrefois la capacité de nous faire voyager, rêver, de Barcelone à Rome en passant par Paris, son amour pour le monde était connecté à son cinéma et à la richesse de ses scénarios. Ici sa caméra ne nous vend pas du rêve, il effleure la beauté des environnements qu’il filme sans toutefois y accorder un réel intérêt, même dans cette relation qui évolue petit à petit entre Mort et Joanna il n’y met pas le cœur d’antan et c’est dommage, et quand nous rencontrons Mort et Sue l’issue du couple est déjà écrite.
Nous avons beau ressortir positif de notre visionnage, le constat est amer, Woody Allen ne propose rien de nouveau, il n’innove pas comme on l’en sait capable, avec Rifkin’s Festival il ne fait que rabâcher et répéter, tout amateur ou fan de Woody Allen appréciera sûrement (comme c’est notre cas), mais dans sa filmographie, il passera inaperçu, et parmi les plus récents ce n’est certainement pas celui qu’on appréciera le plus (on restera sur Café Society, Minuit à Paris, ou encore L‘homme irrationnel).
Pour conclure un énième Woody mais pas le Allen le plus passionnant qui soit, un film qui signe en partie une fin de carrière imminente, un film plaisant, agréable, qu‘on apprécie pour ses multiples hommages et références, parce que Woody Allen adore jouer les cinéphiles, pour ses intrigues divertissantes même si déjà vues. Parce que oui Rifkin’s Festival est un divertissement, un divertissement avec beaucoup de philosophie et de questionnements, mais un divertissement propre à son auteur toujours fidèle à lui même, nous recommandons ce nouveau Allen pour passer un bon moment, pour les références multiples, et tout simplement parce que Woody Allen reste un auteur américain fascinant et que sa vision des choses est toujours aussi drôle et passionnante à écouter.
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