Et de trois ! 5 ans après la surprise Get Out, le réalisateur Jordan Peele revient avec « Nope ». Un thriller fantastique où une famille de fermiers constatent des choses mystérieuses dans le ciel, comme une force surnaturelle qui affecte les comportements humains, animaux ou même électroniques.

© Nope de Jordan Peele

APRÈS LE RACISME, ET LE DOUBLE MALÉFIQUE, DE QUOI ALLAIT NOUS PARLER LE RÉALISATEUR CETTE FOIS-CI ?

Si ses influences sont claires, sitôt le visionnage terminé beaucoup de points d’interrogation surgissent dans notre esprit, jusqu’à maintenant Peele avait toujours su éclairer notre lanterne avec surprise et génie en fin de film, ses conclusions sont fluides et assez marquantes, avec Nope nous avons un sentiment d’inachevé, d’un manque d’une morale ou d’une explication, ou voulait t’il en venir ?

© Nope de Jordan Peele

S’il met en scène le divertissement américain ou le surnaturelle, ce nouveau long métrage ne possède hélas pas de propos solide en matière de scénario, c’est même plus maigre en termes d’écriture. Heureusement, le score, la mise en scène, et quelques effets horrifiques fonctionnent très bien, et on sait parfaitement que Jordan Peele est un grand admirateur de Steven Spielberg, et les similitudes entre Nope et Rencontres du Troisième Type ou encore La Guerre des Mondes sont nombreuses. On notera aussi des inspirations chez Shyamalan avec son Signes.

Mais la démarche de Peele est ambitieuse, on voit qu’il souhaite apporter quelque chose de nouveau au genre, hélas, il manque un scénario efficace, sans compter les fautes de rythme. Jordan Peele, est plus souvent occupé à faire dialoguer ses deux héros plutôt qu’à élaborer sa menace surnaturelle, il lui donne forme, sans vraiment approfondir le sujet, et pour vraiment comprendre l’intrigue et sa conclusion, c’est très problématique.

© Nope de Jordan Peele

On notera tout de même une séquence nocturne remarquable où la tension est à son paroxysme grâce à une BO exceptionnelle de Michael Abels qui permet vraiment une crédibilité à cette engin ressemblant à un vaisseau spatial, comment Peele filme les expressions horrifiées de Otis et Emerald (Daniel Kaluuya et Keke Palmer excellents), comme Spielberg en a si souvent l’habitude pour décrire le spectacle auquel ses personnages assistent. En règle générale Jordan Peele a toujours su s’inspirer des plus grands pour composer son cinéma (Spike Lee, John Carpenter, Wes Craven), et trouver son propre univers, avec Nope, il prouve qu’il progresse en tant que metteur en scène, qu’il peut innover le genre qu’il touche et renouveler son propre cinéma.

On constate également une symbiose avec celui qui devient son acteur fétiche et confirme un peu plus son talent, Daniel Kaluuya. Jouant un fils de fermier sur la paille, l’acteur était la révélation de Get Out, ici, il confirme que la grammaire et l’univers lui conviennent. Et on est enjoués par la prestation de Kéké Palmer, qui impose un dynamisme dès son entrée en scène, ce qui fait d’ailleurs un contraste marqué avec Kaluuya dont le personnage est plus en retenue. D’autant que les deux acteurs ont une alchimie évidente. Autre point négatif qui nous fait bloquer sur Nope, Peele s’encombre inutilement de lignes et de lignes de dialogues, oubliant sa thématique première, et ce qui nous intéresse le plus, parfois Peele filme le moins intéressant ce qui est frustrant en voyant la conclusion énigmatique qui nous laisse à nos interprétations.

Pour finir, une conclusion suivie d’une morale solide et compréhensible comme pour ses deux précédentes réussites, c’est à peu près tout ce qui manque à Nope, excepté tout ça, c’est un film réussi, remarquable dans sa technique comme dans son jeu d’acteur, et malgré des intrigues laissées en suspens et des dialogues longuets et pas forcément utiles, on n’oubliera pas le film de sitôt ! Le meilleur film de l’année selon certains spectateurs, peut-être pas, mais il ne sera pas dans les pires, c’est sûr ! Nous le recommandons vivement !

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